Les chroniques à Dudu
les arbres et nous
Le sport
Si je ne parle pas du sport en cette année olympique qui se déroule en France pour la troisième fois depuis sa création, je n’en parlerai jamais.
La Faculté de Médecine s’y intéresse depuis quelques années en lui trouvant des vertus qu’elle avait jusqu’ici négligées. En plus d’un régime alimentaire équilibré, elle préconise de « bouger » !
Cela contribue à prévenir des pathologies chroniques et de traiter un grand nombre d’affections de longue durée comme le cancer, le diabète ou l’obésité, mais également des maladies neurovégétatives et psychiatriques.
La rhumatologie a également fait sa reconversion en recommandant aux patients lombalgiques et autres souffreteux, de solliciter leur corps par le mouvement, « 30 minutes d’activité physique », le meilleur et plus simple moyen de le faire, étant de marcher.
L’activité physique permet de sécréter des hormones telles que l’endorphine, la dopamine ou l’adrénaline autant de substances qui sont susceptibles de réduire le stress, d’améliorer la qualité du sommeil, de diminuer les douleurs et d’agir comme antidépresseur et par conséquent d’être une source de plaisir.
Certains sports comme le cyclisme, la gymnastique, le marathon, les sports de combat et certains autres, demandent des efforts proches de la douleur. Leurs adeptes (un peu shootés à l’endorphine !) parlent au contraire d’euphorie, de plénitude et de bien-être !
Les médailles, quelque soit leur couleur, or, argent ou bronze, ont leur revers. La plupart des athlètes de haut niveau ont vu leur jeunesse spoliée, dévastée par des contraintes d’entrainement intense, à la limite du supportable, martyrisés qu’ils étaient par des coachs impitoyables pour obtenir leur meilleures performances. Après de longues années « d’omerta », de nombreux procès pour maltraitance sont en cours.
Mais le sport a des origines lointaines qui n’avaient à l’époque rien de thérapeutique.
Il fallait entrainer son corps en force et endurance pour pouvoir être un bon guerrier. Les faibles n’avaient aucune chance de survivre durant toutes ces périodes où l’homme ne pouvait se soustraire à des conflits permanents entre états, ethnies ou religions. L’histoire du monde c’est une histoire de guerre permanente, qui perdure de nos jours.
Dans l’antiquité, chez les Grecs et les Romains, le sport était intimement lié aux Jeux et au spectacle. Les combats de gladiateurs en sont une des sinistres et sanglantes manifestations.
L’empereur romain, Auguste, a organisé des concours athlétiques qui se renouvelaient tous les quatre ans (déjà !). Ils incluaient la course à pied, la lutte, la boxe, le pancrace et le pentathlon aussi bien que les concours pour les hérauts, les musiciens et les poètes. Les jeux actiens qui se sont tenus à Nicropolis près d’Actium, furent fondés en 25 avant Jésus-Christ.
Avec les Jeux comme spectacle, venait la notion de compétition et les courses de chars, les concours de tir à l’arc, lancer de javelot ou du disque, la course, la lutte et même la natation enthousiasmaient les foules à Olympie, lieu de fondation des olympiades.
Mais dans l’activité physique il y avait également un but utilitaire, un entrainement aux métiers comme fermier, artisan, chasseur ou… guerrier.
Le sport, c’est également un moyen d’interaction sociale, mais c’est aussi un enjeu politique.
Juan Antonio Samaranch, président du Comité international olympique déclare le 25 novembre 1975 : « Nul doute que les compétitions sportives, et en particulier les Jeux Olympiques, reflètent la réalité du monde et constituent un microcosme des relations internationales. »
On se souvient de la « diplomatie du ping-pong » qui permit, avec la rencontre de leurs équipes en 1971, de renouer des relations tendues entre les États-Unis et la Chine.
Le sport est un moyen de forger un sentiment national, mais les grandes compétitions internationales peuvent être au service des régimes totalitaires et impérialistes. On se souvient des Jeux Olympiques de Berlin en 1936 dont Hitler se servit pour sa propagande. L’URSS et la RDA ont longtemps utilisé le sport comme vitrine de leur supposée supériorité civilisationnelle, à travers les performances de leurs athlètes qu’elles n’hésitèrent pas à doper sans pudeur.
Pierre de Coubertin, réputé misogyne pourtant en excluant les femmes des compétitions, se réjouissait de ce que les membres d’une équipe, vêtus de manière uniforme, oublient leurs origines pour former un groupe homogène. Il escomptait que le sport devienne un antidote contre les révolutions.
On constate, hélas, à notre époque, que certains « supporters » de sports collectifs, le football en particulier, prennent prétexte de ces rassemblements de masse, pour exprimer violemment et vulgairement leur incivisme, voire leur racisme à l’égard des joueurs nationaux de couleur. De plus, les athlètes qui se livrent à des manifestations religieuses à l’issue d’une victoire, portent au demeurant atteinte aux principes de laïcité, garantie d’une cohabitation sereine de tous.
Enfin, les représentations de corps saisis en plein effort physique existent depuis les origines de l’art. Nombre de représentations d’athlètes en pleine action sont représentés dès la période antique dans la statuaire, sur les vases, les mosaïques ou encore les fresques murales. La géométrie des corps, les muscles saillants, la beauté du geste rappellent la nécessité d’une harmonie parfaite entre le corps et l’esprit.
« Mens sana in corpore sano », est l’expression qui rappelle la théorie selon laquelle l’exercice physique est un élément essentiel du bien-être mental et psychologique.
Est-ce que Socrate a raison quand il dit : « Que de fautes l’intelligence commet parce que le corps n’est pas bien dressé » ?
Dudu
La douleur
La longue marche
La midinette
Pour ne pas ressasser toujours la même idée du déclin, de la montée de l’obscurantisme et de la violence qui fait l’objet récurrent de mes obsessions dans mes précédentes rubriques, je propose un regard plus optimiste sur l’histoire de France et du monde.
« Midinette », que voici un terme obsolète qui fleure bon un passé joyeux, insouciant d’avant la première guerre mondiale, que l’on a appelé la Belle Epoque, où le mot « midinette » désignait des ouvrières (autrefois appelées « cousettes »), qui travaillaient dans les grands ateliers de confection de haute couture avec des salaires plus élevés que la moyenne. Les midinettes étaient réputées pour avoir des goûts simples, se pâmer devant les histoires « d’amourettes », être très romantiques et sentimentales, les faisant qualifier de « fleurs bleues ».
Elles ont été précédées par les « Grisettes » qui étaient des jeunes femmes vivant en ville avec, par contre, de faibles revenus, ouvrières dans la confection, dentelières employées de commerce réputées sexuellement accessibles. La Grisette est un type féminin dans la chanson populaire, le vaudeville et le roman au XIXe siècle. Jolie, soignée de sa personne, la grisette hérite de traits de la soubrette de comédie. Active, gaie, impertinente, débrouillarde, naïve, d'« esprit sémillant et goguenard», elle partage beaucoup de traits avec Gavroche.. Alfred de Musset en fait une héroïne dans son roman « Mimi Pinson », comme « Fantine » dans le roman « Les Misérables » de Victor Hugo. Une statue de « La Grisette de 1830 » se dresse Square Jules Ferry, le long du canal Saint Martin à Paris.
Le terme « midinette » vient de la contraction des mots « midi » et « dînette », celles qui font « la dînette à midi », autrement dit qui mangent à l’extérieur de leur foyer. À l’époque cela est assez mal vu, car sous entendant, pour les femmes, des tentations d’émancipation pouvant, dans l’optique du moment, conduire à la débauche. Du coup le terme devient assez péjoratif et désigne des femmes « libérées » qui fréquentent des lieux de plaisirs. Elles font naître un cortège d’images de bien-être et d’insouciance fantasmées de la Belle Époque avec les danseuses du « Moulin Rouge » immortalisées par Toulouse Lautrec, et avec la « La belle Otero », comédienne emblématique du moment.
Après la Grande Dépression des années 1873 à 1896, la France connaît comme d’autres pays industrialisés une période de croissance. On croit au progrès et à la modernité de certaines industries de pointe, comme l’automobile, l’aviation et le cinéma. C’est le triomphe des grandes dynasties de l’industrie métallurgique où elles font fortune. Au tournant du siècle, la bourgeoisie incarne la « classe de loisirs » par excellence, mais il marque aussi l’essor de la classe moyenne composée essentiellement d’employés du privé, de petits commerçants et d’artisans, mais également de fonctionnaires, en particulier dans l’instruction publique et les PTT.
Les découvertes de la radioactivité par Henri Becquerel en 1896 puis du radium par Pierre et Marie Curie en 1898 entraînent une révolution dans les domaines de la physique, de la médecine et de la chimie :
La culture, d'abord réservée à l'élite, se démocratise largement. De nombreuses formes de spectacle connaissent le succès à la Belle Époque, comme le music-hall et le café-concert, le cirque, mais également les célèbres revues des Folies Bergères et du Moulin Rouge
L'Exposition universelle de 1900 est organisée à Paris onze ans seulement après celle de 1889, marquée par l'inauguration de la Tour Eiffel.
Pour briller avec tant d’éclat, la “Belle Époque” n’en a pas moins ses ombres. Celle de la Tour Eiffel masque les “zoos humains” du tournant du XXème siècle, atroces exhibitions récurrentes des Expositions universelles qui vantaient sans fard un Empire colonial français alors à son apogée. Car la “Belle” Époque ne l’était pas pour tout le monde. La Belle Époque, c’est aussi le boulangisme, ce mouvement populiste qui fit vaciller la IIIème République de 1885 à 1889. On déplore également des troubles occasionnés par de grands bandits, « les Apaches », dont le plus célèbre est Bonnot et sa bande d’anarchistes.
C’est ensuite le premier assassinat d’un président de la République française, Sadi Carnot, poignardé à Lyon par un anarchiste en 1894. Puis quelques mois plus tard, l’éclatement de l’affaire Dreyfus, conflit social et politique majeur autour de l’accusation de trahison faite au capitaine Alfred Dreyfus, juif d’origine alsacienne. Erreur judiciaire, voire complot, sur fond d’antisémitisme, l’Affaire scinde durablement la société française pendant 12 ans, et a encore des relents nauséabonds de nos jours.
C’est aussi l’époque d’une lutte pour l’émancipation des femmes, et les « midinettes » sont au premier rang. En mai 1917, elles sont à l’origine d’une grève pour des augmentations de salaire qui sera suivie par des féministes, des pacifistes et des syndicalistes qui obtiendront gain de cause après des semaines de lutte.
Mais on gardera d’elles cette impression réconfortante d’un moment de l’histoire où la France est conquérante, apaisée et joyeuse.
Elles sont en majesté dans les tableaux de Renoir « Le déjeuner des canotiers », « Un dimanche après-midi à l’île de la Grande Jatte », de Seurat », les « Baigneurs à Asnières », de Rae Sloan Bredin « Picnic »…
Cette ambiance de repos et de fête se retrouve dans des chansons comme « C’est un petit bal Musette » chantée par Fréhel, « Quand on S’promène au bord de l’eau » par Jean Gabin, « Midinette de Paris » par Tino Rossi, « Le P’tit bal du samedi soir » de Renaud ...
Puisse revenir le temps béni des Midinettes, et celui du Chant des cerises où «nous serons tous en fête»
Mais pourtant c’est le son du canon qui sera perçu.
Dudu (et Wikipedia)
La force sombre
Depuis que le monde est monde, il est tiraillé entre deux forces contradictoires qui s’en disputent la prédominance. Comme dans le cosmos où les « trous noirs » empêchent toute forme de matière, le côté obscur des hommes empêche ceux-ci de vivre sereinement dans la paix et le bonheur pour les plonger dans l’univers noir des atrocités et du crime.
On aimerait croire Rousseau et son « homme bon » naturellement, ou le Pangloss de Voltaire dans « le meilleur des mondes possibles », mais il n’y a qu’à voir autour de nous pour constater le chaos, la misère, la violence omniprésente qui inquiètent et perturbent nos vies, nous autres, pauvres terriens.
Les religions, grandes pourvoyeuses de conflits, tentent d’expliquer le phénomène en invoquant un monde manichéen divisé entre « le Bien » et « le Mal » que l’humain aurait le libre arbitre de choisir.
La force sombre évoquée qui semble engendrer la malédiction de l’homme depuis qu’il est sur la terre, est sa propension à vouloir posséder plus, toujours plus. Un certain vocabulaire religieux appelle ça, « l’envie », et les chrétiens la stigmatisent comme l’un des sept « péchés capitaux» qui sont autant d’actes répréhensibles, négatifs et fauteurs de trouble. Le péché pourrait représenter ce côté sombre, et qui serait une malédiction éternelle sur les humains, avec le mythe du « péché originel » engendré par la désobéissance d’Eve qui aurait cueilli « le fruit défendu » dans l’Arbre de la Connaissance du bien et du mal.
Cette curiosité aurait dû amener le progrès, mais curieusement, si l’on en croit la Genèse, elle serait à l’origine de tous nos maux.
Selon les époques, cette lutte entre le bien et le mal pourrait trouver son origine dans la croyance en l’existence des Dieux de l’Olympe de la mythologie, dont les pouvoirs étaient contestés par des divinités dissidentes, rebelles, comme Sysiphe, Prométhée, etc . , entrainant la rébellion, la contradiction, la violence. Chez les Chrétiens monothéistes, la foi en un « Créateur », contesté par un ange déchu, Satan, des « Démons » et autres « Succubes », se rebellant face à l’autorité divine souveraine, pourrait créer par comparaison, une dichotomie des comportements humains, entre croyants et athées, soumis ou insoumis, les hommes de bonne volonté et les crapules.
Nous savons que Islam veut dire « soumission » et que les préceptes du Coran, livre sacré, dictent aux musulmans des lignes de conduite partagées entre le « halâl », ce qui est licite, autorisé, et le « haram » désignant ce qui est interdit, illicite, soit deux agissements opposés qui peuvent innocenter ou condamner les croyants. L’interprétation déviante de ces préceptes, qui sont pourtant dictés à des fins de bonne conduite, amène certains adeptes fanatisés, à répandre la terreur et la mort., le « côté obscur de la force ».
Il est à l’œuvre dans toute l’histoire de l’humanité qui n’est faite que de guerres, de conflits ethniques, voire de génocides.
Comment expliquer autrement la sauvagerie conquérante de tyrans comme Gengis Khan, Tamerlan, Mao, Staline, Hitler, Pol Pot…, les guerres de conquêtes des rois et empereurs occidentaux et asiatiques, ou les orgies de sang commises par des peuples entiers comme les Yammanyas , 3000 ans av JC, conquérants de l’Europe Occidentale en exterminant la population locale, les Espagnols et les Portugais chassant les Amérindiens d’Amérique, les Musulmans s’emparant de l’Afghanistan et de l’Inde, les Hutus exécutant un million de Tutsis, sans oublier les massacres entre croyants, des Chrétiens contre les Protestants à la Saint Barthélemy, les Sunnites contre les Chiites, etc …
L’actualité nous prouve que l’attirance de l’homme pour le crime et la violence est toujours présente, et que l’industrie militaire l’emporte sur celle de l’agro-alimentaire, laissant craindre qu’une troisième guerre mondiale qui anéantirait la planète, ne soit plus une hypothèse invraisemblable.
Peut-on espérer qu’un Luke Skywalker puisse nous tirer d’affaire ? Souhaitons-le !
Jean-Guy
La routine
Peut-on considérer la routine comme une attitude positive ou au contraire une suite d’actions mécaniques irréfléchies et sclérosées peu valorisantes ?
Si l’on en croit le philosophe Alain, il nous dit qu’il « aime mieux une pensée fausse qu’une routine vraie».
Deux autres penseurs et économistes renchérissent dans le négatif en écrivant : « Si l’erreur a une mère, cette mère est la routine ». (Zamakhschari), ou encore « L’ignorance est attachée à la routine, ennemie de tout perfectionnement ». (Jean-Baptiste Say)
Dire que la routine engendre l’erreur est vérifié dans certains domaines comme en médecine où les soignants, par fatigue, paresse ou incompétence se laissent aller à des gestes répétitifs, machinaux, non réfléchis, inadaptés et donc dangereux pour la santé des malades. Pendant des siècles les « Diafoirus », masqués et chapeautés avaient pour routines celles que Molière raillait dans son « Malade Imaginaire », « saignare, purgare et clysterium donare ! »
Dans le domaine auquel les hommes sont les plus constants depuis des siècles, c’est à dire les conflits armés, la routine est la plus sûre méthode pour perdre une bataille. La lutte, comme le disait Danton, demande « de l’audace, toujours de l’audace !
Elle peut être dangereuse lorsqu’on est au volant lorsqu’elle remplace la vigilance sur des trajets familiers.
Elle est également comme un « tue l’amour » lorsqu’elle s’installe dans un couple, ce qui est hélas et pourtant le plus fréquent
Dans celui de la technologie et de la recherche scientifique, elle peut aboutir à des catastrophes comme celles du naufrage du Titanic, les accidents de Bhopal, de Tchernobyl, de Fukushima, des marées noires, des ruptures de barrages, la fuite d’un virus hors d’un laboratoire, etc… qui sont dues à des manques de rigueur, et sans doute à des négligences routinières criminelles. En revanche, et par sérendipité, elle peut aboutir à des résultats positifs inattendus comme celui de la découverte de la loi de l’attraction universelle, de la dynamite, de l’aspartame, de la pénicilline ou du stéthoscope… voire de la tarte Tatin !
Certes, si les hommes sur terre s’étaient contentés de répéter les gestes et les pensées de leurs géniteurs et de leurs prédécesseurs, ils n’auraient pas découvert le feu, les métaux, la roue, le moteur à explosion, la pénicilline et … la guerre atomique !
Si s’en tenir à la notion d’habitude ou de « train-train » quotidien, imperméable à toutes innovations permet d’adhérer à ces critiques, le fait de se faciliter la vie avec des actions qui s’enchaînent de manière ordonnée, répétées chaque jour, peut être considéré comme positif.
Il semblerait que la routine soit nécessaire pour accomplir par exemple, un travail à la chaine, peu valorisant certes, mais imposé par l’industrie ou le commerce, et qui demande une succession de gestes habituels maitrisés et répétitifs pour une certaine sécurité.
Chez les sportifs la notion de routine est essentielle, tant dans les cycles rituels des entraînements que dans la recherche de la performance. Le déroulé d’un saut à la perche demande une succession de positionnements corporels extrêmement élaborés qui ne s’acquiert que par la répétition. Elle est nécessaire pour la précision dans les sports d’adresse comme le tir à l’arc, au pistolet, au fusil de biathlon, la pétanque, sans parler du golf où la « routine » est une institution de préparation aux différents gestes qu’il demande d’accomplir.
En pédiatrie, il semble que la mise en place d’une routine soit très importante pour les bébés qui ont besoin d’un cadre bien établi, où s’enchaînent de manière ordonnée des actions répétées quotidiennement.
Avec l’âge, on pourrait parler d’économie d’une énergie chaque jour déclinante, que la routine permettrait de faire, avec un minimum de gestes résumés aux plus utiles et rodés par l’habitude. L’organisation, l’ordre et le rangement facilitent la vie quotidienne des personnes âgées. Le manque de réflexion qui en découle devrait être compensé par des activités intellectuelles, qui elles, par contre, peuvent être routinières, comme la lecture, les mots croisés ou les jeux de société.
On voit qu’il est difficile de se passer de la routine, et que les automatismes personnels mis en place protègent des incertitudes menaçantes et évitent la prise de décisions permanentes, pouvant libérer une certaine énergie vitale et une possible créativité.
Dans la routine, on cherche une zone de confort et de sécurité qui ne sera effective que dans la mesure où on reste vigilant et actif et toujours dans la recherche d’un dépassement de soi.
En cette période de fêtes, il ne faut pas confondre routine et tradition, et les enfants ne se plaindront pas de celle qui consiste à découvrir tous les ans les cadeaux du Père Noël au pied du sapin, et à s’en émerveiller, quant aux adultes ils ne boudent pas le plaisir de se retrouver entre amis pour fêter le traditionnel Nouvel An.
Jean-Guy
La colère
En cette période troublée, oh combien ! il semble que la colère soit le sentiment qui prédomine dans le monde entier, envahi par une fureur malsaine faisant s’entretuer ses occupants dans des combats atroces, barbares et sanglants, sans autres motifs que la haine et la détestation de l’autre dont l’exacerbation peut engendrer le terrorisme.
Je ne veux pas m’appesantir sur l’actualité dont les médias font leurs choux gras, mettant en relief l’impuissance et les contradictions des politiques de tous bords. Je vais en rester à des généralités permettant d’observer certains aspects de ce sentiment universellement ressenti par poussées individuelles ou collectives.
Un adage populaire nous dit que la colère est mauvaise conseillère, mais d’autre part des neurologues affirment que celle-ci « décuple les forces et anesthésie la douleur ». Serait-ce donc une bonne chose ?
Je ferai encore référence à La Bruyère pour en parler en une phrase : « Dire d'un homme colère, inégal, querelleux, chagrin, pointilleux, capricieux : «c'est son humeur» n'est pas l'excuser, comme on le croit, mais avouer sans y penser que de si grands défauts sont irrémédiables ».
Alors, que penser de cette animosité plus ou moins passagère qui semble gagner nos esprits contemporains confrontés de jour en jour à des événements susceptibles de l’engendrer ?
Est-ce un défaut (irrémédiable) comme le suggère La Bruyère, ou bien lié à un trait de caractère spécifique, une réaction naturelle de défoulement salutaire, une attitude artificiellement adoptée pour déstabiliser un interlocuteur pugnace ?
Être irritable, ne veut pas nécessairement dire colérique. Le coléreux peut devenir agressif, belliqueux, ce qui le rend momentanément infréquentable et dangereux. Selon sa définition, la colère est état passager qui peut être contrôlé, bien que la « colère rentrée » puisse être néfaste à l’équilibre psychique.
En dehors d’une colère froide, silencieuse et immobile, une colère spontanée est une éruption qui s’éteint en général aussi vite qu’elle a débuté, à la manière d’une fusée d’artifice.
L'injustice est un des mobiles de la colère.
Tant que la recherche de la justice mobilise un individu, il trouve une justification à sa colère et veut la partager avec autrui. S’il l’intériorise il est en danger.
Elle n’est pas uniquement localisée dans le cerveau, elle provoque des modifications physiologiques et mentales préparant le corps au mouvement et à l’action le plus souvent maladroite.
La colère, lorsqu’elle est aveugle et dévastatrice devient de la fureur et engendre la peur.
Comme je l’ai dit en préambule, nous voyons de nos jours, avec l’actualité qui nous abreuve de nouvelles révoltantes concernant la marche du monde, une montée d’indignation des peuples qui ne supportent plus ces images de violence, d’injustice et d’inhumanité généralisées, et comme nous l’avons vu, ce dégout peut à son tour engendrer une violence qui se croit légitime, exacerbation d’une trop grande colère, comme nous l’avons vécu en France, avec l’épisode des « gilets jaunes ».
L’histoire est pleine de ces révoltes citoyennes, manifestations affectives de désagrément et de frustration collective qui va se traduire par des actions brutales, comme évoquées plus haut, allant jusqu’à la l’insurrection, voire la révolution. La colère constitue un formidable contre-pouvoir face aux idéologies de toutes sortes.
Mais sous l’emprise de la colère, il y a peu de place à la raison, seule capable de résoudre momentanément ou durablement les problèmes qui ont suscité cette colère. La psychologie comportementale propose des programmes de gestion de la colère pour en réduire le stress.
Comme la plupart des comportements humains que j’aborde dans mes rubriques, la colère peut être une source d’inspiration dans les arts.
Dans la peinture, Jérôme Bosch la représente dans son tableau « Les sept péchés capitaux ». Dosso Dossi dans une composition justement appelée « la Colère ».
En littérature, les premiers mots de l’Illiade d’Homère : « Chante, déesse, la colère d’Achille… » qui le poussera à accomplir ses exploits. John Steinbeck écrira « Les Raisins de la colère » se déroulant durant la Grande Dépression de 1929 aux Etats-Unis ; et plus récemment un thriller palpitant de S.A. Cosby intitulé simplement « la Colère » …
Au cinéma, « Douze hommes en colère » de Sydney Lumet ; « Aguirre ou la colère de Dieu » de Werner Herzog, « Star Wars » de Georges Lucas où la colère est une composante du chemin vers le « côté obscur de la Force » ; ou encore avec le super héros, « Hulk », l’homme vert (de rage !).
Pour ma part, je croyais trouver le calme en vieillissant, or je me réveille en maugréant et me couche en râlant. L’époque et ses régressions dans tous les domaines, éthiques, moraux, civilisationnels, artistique, comportementaux, mettant en grave péril l’avenir de notre planète, me tapent sur les nerfs. L’écrire me calme un peu ! Trop peu sans doute aux yeux de mon épouse !
Jean-Guy
Le « Sans Gêne »
On peut se demander si le malaise sociétal dont souffre notre époque, et dont la violence en est le paroxysme, n’a pas pour origine, le « sans gêne » ?
Le « sans gêne » est un monsieur (ou plus rarement une dame), qui se croit tout permis, sans s’occuper de ses voisins et des désagréments qu’il provoque par cette attitude égocentrée, insupportable socialement.
La Bruyère dans son ouvrage « Les Caractères » avait déjà esquissé le portrait de cet être, parangon de l’égoïsme, dans ce qu’il a de plus régressif et antisocial.« Gnathon ne vit que pour soi, et tous les hommes ensemble sont à son égard comme s'ils n'étaient point ».
L’histoire, puis la littérature, le théâtre et le cinéma ont immortalisé une « Madame Sans gêne », Catherine Hubscher, qui fut en réalité une femme bonne et généreuse, épouse d’un maréchal d’Empire qui n’oubliera jamais ses origines modestes, et qui pour avoir tenu tête à Napoléon et à Talleyrand avec son franc parler, lui valut ce patronyme. Quand on sait que c’est Sophia Loren qui l’incarna à l’écran, on ne peut que l’admirer…
Il ne s’agit donc pas de ce sans gêne là, mais de celui qui rend la vie communautaire pénible, voire insupportable, allant jusqu’à générer des conflits.
Pour redonner la parole à La Bruyère, son Gnaton : « ... embarrasse tout le monde, ne se contraint pour personne, ne plaint personne, ne connaît de maux que les siens, que sa réplétion et sa bile, ne pleure point la mort des autres, n'appréhende que la sienne, qu'il rachèterait volontiers de l'extinction du genre humain ».
Ne voit-on pas chez nos contemporains ce comportement égoïste qui ne fait que s’accentuer de nos jours, conforté par un manque d’éducation, l’abandon de toute morale ou de croyances transcendantales, la course au profit et le recours au mensonge et fausses nouvelles, facilité par les fameux « réseaux sociaux ».
La technologie permet de substituer au monde réel un monde virtuel comme ce « metaverse » où les êtres humains sont remplacés par des avatars volumétriques, des doubles digitaux, voire de hologrammes. Elle permet également de répandre des « fakes news » à travers le monde médiatique et de falsifier des images avec le Deep Fakes, pour la plus grande confusion des lecteurs et spectateurs asservis.
C’est aussi, pouvoir se procurer par internet toutes sortes de produits illicites, allant de la drogue à des armes de guerre, des objets en ivoire prohibés à des animaux exotiques rares ou dangereux, des bijoux ou des œuvres d’art volés, des films gores ou des femmes faciles d’un soir, d’envoyer des insultes et des menaces de mort anonymement, sans parler du Dark web où tous les vices et les dévoiements possibles et inimaginables sont disponibles en un clic de souris, et cela en toute liberté sans autre contrainte que sa propre irresponsabilité.
Quand on ajoute à cela, les performances de l’Intelligence Artificielle en particulier sous une de ses formes interfaces appelée ChatGPT, on atteint un degré de deshumanisation vertigineux qui permet l’indifférence sociétale généralisée.
Cette agitation qui s’apparente à un mouvement brownien, devient incontrôlable, et déboussole tellement nos contemporains qu’il les pousse à se croire autorisés à toutes les dérives dictées par la satisfaction exclusive du moi.
Le « ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse » n’a plus cours, pour être remplacé par « je fais ce que je veux et je t’em...».
J’ai pris conscience il y a peu de ce « j’m’enfoutisme » lorsque j’ai vu un quidam près d’une poubelle, jeter négligemment un paquet d’ordures au pied d’un balayeur qui avait tout d’un immigré. Ce manque de respect, peut-être aggravé par un racisme latent, m’a révulsé et conforté dans mon pessimisme sur la nature humaine.
Aussi je me pose la question, quel monde laisse-t-on aux générations futures ? Pollué, brutal, impitoyable, où il ne fera pas bon vivre, comme dans une jungle où régnera « la loi du plus fort » ?
Espérons que parmi ces jeunes, se concrétisera une prise de conscience, et qu’un vent de révolte salutaire, non violente, qui n’aura rien à voir avec les « Black Block », leur permettra d’inventer un monde nouveau d’où les « sans gênes », tous ces tenants d’un « après–moi, le déluge », seront exclus
Dudu
La Fiteco
Le golf est une activité sportive que l’on peut pratiquer à tous les âges et souvent très longtemps dans une vie. La Golf Garden Party de Fiteco en est une illustration exemplaire.
À l’exception des plus jeunes, les âges étaient représentés par tranches.
Les plus chenus, même chauves, constituaient un bon pourcentage d’invités en ce dimanche 10 septembre. J’ai admiré certains de leurs accoutrements voyants, voire excentriques, qui donnaient un air de fête à cette multitude rassemblée sur la terrasse ensoleillée du restaurant.
Les épouses, et autres dames de la catégorie, faisaient également preuve de distinction dans des tenues plus ou moins élégantes, allant du short, bermuda ou jupe qui mettaient en valeur leurs jambes bronzées par des jours de plein-air sur des fair-way, sur des plages et plus rarement avec des siestes sur le pont d’un yacht. Certaines étaient sans doute fières d’exhiber leur « patine antiquaire » qui, à leurs yeux, devait leur donner de la valeur.
Comme l’adolescence précède la maturité, il y a à mes yeux un âge que j’appellerais « présénescence » qui précède le grand âge. Ce sont de jeunes retraités, encore émerveillés par tout ce temps de loisir qui leur est soudain permis. Parmi ceux-ci, le golf est une découverte un peu tardive, mais qui va occuper une bonne partie de leur temps. Se retrouvant devant un verre au 19 ème trou, ils ne parlent plus boulot, mais commentent à l’infini leur dernière partie.
Et puis il y a ces jeunes gens encore en activité, anciens sportifs dans d’autres sports, qui se sont essayés à taper dans la balle et ont montré des qualités qui les ont fait rapidement progresser, au point d’être parmi les meilleurs de leurs clubs, et de rafler les lots en compétition.
Avec 154 joueurs, cette compétition est la plus prestigieuse du Golf du Perche, et les nouveaux dirigeants de la Fiteco en sont bien conscients en assurant les convives rassemblés dans l’attente de la lecture du palmarès, de la pérennité de l’épreuve, avec le dévouement et la complicité de Matthieu, parfait organisateur aidé de quelques bénévoles de son bureau.
La journée fut chaude, mais supportable car un peu ventée, et le parcours de la Vallée des Aulnes offre de nombreuses places d’ombre en raison de sa végétation. C’est l’occasion de féliciter les green keepers pour le travail qu’ils font pour maintenir ce golf comme l’un des plus beaux et attractifs de la région.
Les conversations post épreuves, laissaient entendre une satisfaction générale de tous les compétiteurs. J’y ai trouvé une certaine hypocrisie, car se dire satisfait d’avoir fait un score minable, ayant passé « une excellente journée en compagnie de gens agréables » ne m’apparaît pas entièrement sincère, comme de dire que cumuler les « grattes » et les « tops », « leur en touchait une sans faire bouger l’autre » selon une célèbre expression présidentielle.
Il est vrai que cette euphorie, est préférable à une jérémiade qui est une spécificité bien française en ces temps d’incertitude générale.
Alors, encore merci Matthieu et la Fiteco, et à l’année prochaine ! Inch Allah !
Dudu
Le soulagement
À défaut de l’être moralement, c’est sans doute l’une des satisfactions corporelles la plus accessible et courante qui nous est donnée d’avoir à peu de frais.
L’illustration la plus parlante et drôle qui me vient à l’esprit c’est cette scène dans le film « Mon nom est personne », où le conducteur du train que va dérober Terence Hill qui l’assiste avec malice dans les urinoirs, arrive, après de multiples efforts et avec des mimiques significatives inoubliables qui marquent un immense soulagement, à vider sa vessie. Il serait hypocrite de dire que nous ne connaissons pas tous ce petit plaisir quotidien qui s’accompagne d’un relâchement musculaire apportant un bien–être passager mais bien réel, surtout quand il a été retardé pour divers raisons.
Dans le domaine physique le soulagement peut provenir du déchargement d’un poids trop lourd et qui peut sans doute être ressenti par les humains comme chez l’âne ou la mule dont on a surchargé le bat.
Il ne faudrait pas qu’Atlas soit soulagé du poids du monde bien que l’envie pourrait lui pendre à la vue de ses dérives.
Mais la sédation d’une douleur par la prise d’un antalgique peut également apporter un véritable soulagement, comme peut l’être l’extraction par un praticien habile, d’une dent gâtée, celle d’une épine dans le pied ou encore de chausser enfin une chaussure à sa pointure ou de retirer le caillou qui s’y trouvait.
Dans les moments de crise morale, lorsque tout va de travers et que le découragement, voire la dépression vous guette, le soulagement peut être obtenu, soit par la pharmacopée, soit par la psychothérapie. La morosité ambiante actuelle voit l’éclosion de multiples cabinets de médiums et autres magnétiseurs qui se targuent d’apaiser vos inquiétudes et vos angoisses. Il y a un « marché » du soulagement… L’environnement familial ou amical est très important, à l’écoute du désarroi du sujet en mal-être. La parole permet d’analyser les causes de celui-ci, d’en soupeser la gravité, de partager sa douleur et en fin de compte, de se « soulager ».
La peur, l’anxiété, l’incertitude entrainent avec elles un état de stress et une impression de danger propre à vous déstabiliser. Il n’y a pas de plus grand soulagement que lorsque l’on réalise que toutes ces menaces sont vaines et écartées.
C’est un soulagement pour moi de constater que les derniers résultats de mes analyses sanguines et de ma coloscopie ne montrent rien d’anormal.
Pour une parturiente on parle plutôt de délivrance que de soulagement lorsqu’après les affres de l’accouchement elle expulse enfin son bébé.
Les parents sont soulagés de voir leur progéniture grandir harmonieusement et avoir des succès dans leurs études. Ils sont également soulagés de ne plus les avoir à leur charge quelques années plus tard.
n politique, les dirigeants sont soulagés de constater que les manifestations populaires ne se sont pas transformées en révolution ou émeutes sanglantes, et que la répression policière n’a pas fait de victimes. Les jours de vote, de bons scores les rassurent.
Mais soulager peut aussi signifier délester. C’est ainsi qu’un malfrat peut vous délester de votre portefeuille ou de votre sac en bandoulière.
Chez le médecin, on blague en disant que s’il ne nous a pas soulagé de notre douleur, il nous a soulagé de 50 €.
Lorsqu’on est soulagé on peut être apaisé et détendu, un état perçu comme une sorte de quiétude bienfaisante qui peut se manifester par un soupir.
Enfin un écrivain, longtemps angoissé par les pages blanches, se sent soulagé quand il écrit le mot « fin » à son ouvrage.
Sans me prendre pour tel, c’est ce que je ressens !
Dudu
La sieste
En cette période troublée où les médias ne nous servent qu’une messe où l’on ne chante que le « Dies Ire », j’ai trouvé bon de vous parler de la sieste, cet instant reposant qui permet un lâcher prise nécessaire pour retrouver des forces et peut-être un meilleur moral.
Qui mieux que Van Gogh dans son tableau « La méridienne », qui peint deux personnages allongés et dormant au pied d’une meule de paille, leurs sabots et leurs outils aratoires à leurs côtés, aurait pu mieux illustrer cet éphémère et bienfaisant abandon d’un labeur harassant quotidien
On parle souvent de sieste « post prandiale », cette somnolence qui nous gagne après le repas, et qui correspond à un signal de notre horloge biologique.
Elle est plus ou moins culturelle, et varie selon les régions. Dans le midi et dans certains pays tropicaux elle semble obligatoire compte tenu de la chaleur des débuts d’après-midi qui dissuade de toute activité. Sa durée est variable, entre la micro-sieste de certains qui y puisent un regain d’énergie en quelques minutes, le « petit péné » occitan, et celle plus courante de 10 à 20 mn, jusqu’à la sieste « à l’espagnole » ou celle permise pendant les vacances qui peut durer jusqu’à 2 heures voire davantage, alanguie et bercée par le doux balancement d’un hamac sur la plage d’une île paradisiaque.
Les bébés et les jeunes enfants ont besoin de faire la sieste, car l’agitation débordante de ces derniers le reste du temps, nécessite d’être compensée par ce moment de tranquillité temporaire.
Les effets bénéfiques de la sieste, comme coupure antistress, ne sont plus à démontrer
Elle favoriserait la mémorisation et permettrait d’assimiler de nouvelles données, comme si le cerveau se remettait à neuf.
Il semblerait d’autre part que ceux qui la pratiquent sont moins sujets aux accidents vasculaires.
De plus, celle-ci augmenterait les performances intellectuelles et libérerait la créativité à l’instar de génies comme Archimède, Newton, Einstein, Hugo ou encore JFK…
Selon une enquête récente il semblerait que dans l’Hexagone ses habitants dorment moins de 7 heures par nuit, qui ne seraient pas compensées par une sieste que seulement un Français sur cinq pratiquerait. Serait-ce en corrélation avec ce pessimisme et ce moral en berne dont ils seraient de plus en plus coutumiers ?
En Chine la sieste est quasiment obligatoire et c’est un droit constitutionnel. De là à vouloir partager la vie des Chinois !
Bien que dans les deux cas il y ait une perte momentanée de conscience, il ne faut pas confondre sieste et sommeil, cet assoupissement diurne et ce repos nocturne. Si la sieste est commandée par notre horloge biologique, nous nous réveillerons automatiquement après un temps de repos réparateur suffisant, et curieusement la caféine ne nous empêchera pas de dormir, mais nous permettra d’ouvrir les yeux plus facilement.
La sieste demande une routine, d’horaire rituel, de confort en position allongée, au chaud, mais pas trop, en évitant le lit. Une isolation sensorielle, déconnection visuelle et auditive est nécessaire, et des techniques respiratoires, le yoga ou la méditation permettent un endormissement plus rapide.
Enfin, si le nourrisson a besoin de faire la sieste chez lui ou à la crèche, les personnes âgées, dont le nombre d’heures de sommeil tend à diminuer, ont également besoin de cette pose dans le canapé de leur salon ou dans les fauteuils ou chaises roulantes de leur maison de retraite.
Mais hélas ! dans bien des cas de sénilité, il ne s’agit plus de sieste, mais bien d’une certaine fatigue de vivre, d’un désintérêt social isolant, qui les extraient de leur environnement et les poussent à se réfugier dans un semi coma oublieux à longueur de journée
Avant ce « naufrage », profitons de ce réflexe bienfaisant réparateur, et visitons dans nos rêves des contrées apaisantes et heureuses, où « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté ».
Dudu
L’empathie
L’empathie est-elle une réaction bienveillante naturelle, c’est à dire ancrée dans la nature de l’homme, à la manière dont Rousseau imaginait « un homme bon » à la naissance, et que « la société » viendrait «à dépraver et à pervertir » ?
Or qu’est-ce que l’empathie ?
C’est tout simplement la capacité de se mettre à la place des autres. Ce n’est ni de la compassion ni de la sympathie, elle autorise l’harmonisation de nos relations sociales.
Dans sa version la plus optimiste elle permettrait :
- de comprendre l’autre afin de le connaître davantage et de se connaître de la même façon grâce à nos différences, qui excluent une identification mutuelle,
- de favoriser l’acceptation de chacun, ce qui ne semble pas évident de nos jours où règne un individualisme affirmé,
- d’augmenter l’absence de jugement (c’est automatique au fur et à mesure qu’on ressent de l’empathie vis-à-vis des autres),
- d’encourager la compréhension réciproque (ce dont nos politiques auraient grand besoin !)
- de promouvoir une entraide sans position de sauveur du monde comme dans les « heroic fantasy ».
C’est une disposition d’esprit qui demande sans doute une éducation où le respect d’autrui est une valeur primordiale, à l’instar de ce qu’enseigne une éducation religieuse qui fait dogme « d’aimer son prochain ».
Et pourtant, paradoxalement, les plus grands conflits qui ont ensanglanté, et ensanglantent encore le monde, sont menés en se réclamant des principales religions monothéistes. Il a fallu attendre le Siècle des Lumières avec certaines affaires d’intolérance absolue (Cals, La Barre) pour qu’un Voltaire, avant quelques autres, se révolte et crie « Écrasons l’infâme !».
Mais le fanatisme ou le sectarisme, ne sont pas les seuls à pousser les exaltés, dépourvus d’empathie, à la violence. L’histoire est jalonnée par l’apparition périodique de « bourreaux » de l’humanité dont les ambitions d’hégémonie, de conquête et de pouvoir personnel, font des ravages dans un monde en perpétuel chaos.
La présence épisodique de ces « méchants » qui asservissent leurs peuples, n’incitent pas en général les hommes de bonne volonté à montrer de l’empathie envers ceux-ci qui souffrent, et sont confrontés, comme le sont en ce moment les innombrables victimes d’un séisme historique, à une aide spontanée. Et pourtant elle a lieu ( Dieu merci ???) en dépit des imprécateurs rétrogrades qui sévissent encore de nos jours pour émettre cette idée stupide que ces cataclysmes sont le fruit de l’inconséquence de nos mœurs !!!
Dans une de ses formes extrêmes de compréhension mutuelle, l’empathie va jusqu’à engendrer ce qu’on appelle « le syndrome de Stockholm », où la victime en vient à tisser des liens d’attachement, voire d’amour, vis-à-vis de son agresseur. Son opposé est le « syndrome de Lima », où les rôles sont inversés, mais toujours du domaine de l’empathie.
Rousseau aurait-il raison en attribuant à l’homme une bonté naturelle innée, face à Hobbes pour qui l’état de nature est « un état de guerre de chacun contre chacun » ?
Dudu
La Convivia 23
Les bornes électriques ayant progressivement remplacé les stations de carburants fossiles destinés aux véhicules à moteur thermique, la production électrique nationale ne pouvait plus alimenter les motrices du réseau ferroviaire de l’Hexagone. Les TER, les TGV et les grandes lignes internationales devaient de nouveau faire appel au charbon pour réhabiliter les locomotives à vapeur. Comment en était-on arrivé à ce qu’un prétendu progrès écologique soit à l’origine d’une régression historique, en particulier dans les transports en commun ? Les restrictions de pétrole et de gaz engendrées par une guerre interminable entre l’Otan et la Russie, obligeaient les usines et grandes industries à alimenter des générateurs avec du bio carburant encore assez artisanal et des granulés de bois qui devenaient de plus en plus rares et chers. Pour protéger l’environnement, il fallait protéger la forêt et replanter des arbres au lieu de les abattre. Les COP de tous numéros se succédaient avec de belles promesses non suivies d’effets, et en particulier celle de la protection de milieux naturels terrestres et maritimes qui était assez modeste, et arrivait bien tard pour avoir une efficacité substantielle.
La surexploitation des ressources de la mer et sa pollution par les rejets chimiques et le plastic qui formaient un sixième continent infect et mortifère, le réchauffement de celle-ci faisant fondre les calottes glacières au point d’inverser les courants marins garant d’un équilibre du climat, la raréfaction du plancton diffuseur d’oxygène, constituaient autant d’atteintes morbides dans ce milieu indispensable à la vie sur terre.
Les éoliennes, sujettes à polémiques sur leur utilisation de métaux rares, avaient, de plus, du mal à s’implanter dans les paysages ruraux et maritimes. Le solaire et ses panneaux, étaient toujours soumis aux importations chinoises fluctuantes selon les humeurs politiques du moment. De son côté, le nucléaire tellement vanté pour une expansion prometteuse, était en grande partiedépendant de l’uranium enrichi venant de Russie. Ainsi, notre pays, assez donneur de leçons en matière de liberté et de droits de l’homme, était certes encore libéral et démocratique, mais paradoxalement grandement tributaire de pays autocratiques, voire dictatoriaux dans l’importation ou la fabrications de produits manufacturés ou de médicaments. On pouvait craindre que l’issue des conflits en cours construirait l’avenir de la France et du monde.
Il était déplorable de voir l’idéologie écologique contrecarrée par un individualisme forcené qui privilégiait un fallacieux confort personnel en matière de dépense d’énergie et de transport. L’expression « après moi le déluge » n’avait jamais été autant d’actualité.
Pour compléter le désarroi de l’humanité terrestre, la pandémie de la Covid démontra qu’un microscopique organisme vivant et autonome, capable de se transformer pour survivre indéfiniment, avait été capable d’envahir, de polluer et de transformer la vie de la planète entière en quelques heures. Aucune puissance au monde n’avait réussi ce prodige.
Et puis un jour, ce qu’un virus malfaisant avait pu accomplir pour déstabiliser les humains, un virus bienfaisant, la Convivia 23 capable de mobiliser intellectuellement ce qu’il y avait d’altruisme, d’ingéniosité constructive et de bienveillance chez l’homme, vint miraculeusement à son tour le « contaminer » pour donner de l’espoir afin de construire un monde meilleur, libéré de l’égoïsme, la rancœur et la violence de ses habitants pour laisser place à l’amour, la paix et la prospérité. Amen !
Bonne année à tous !
Dudu
Petit conte de Noël
Rosalie a 14 ans. Elle habite à Vaupillon dans la ferme de ses parents, les Boussard, fermiers de père en fils depuis 120 ans. Elle est en 3e au collège Jean Monet à La Loupe, et est une bonne élève.
Pour Noël elle compte bien avoir le cadeau dont elle a parlé à sa maman, un téléphone portable comme en ont pratiquement toutes ses copines. Sa meilleure amie s’appelle Coralie. Elle habite également Vaupillon, mais ses parents, les Duroy, ne s’entendent pas avec ceux de Rosalie. Cela remonte à une vielle histoire de champs mitoyens dont ils se disputaient la limite. Il avait fallu que la justice s’en mêle pour mettre fin à leur querelle, et depuis chacun faisait très attention à ne pas donner un trait de charrue au delà de la limite que le cadastre avait arrêtée. Cette querelle laissait une rancœur qui les empêchait de se fréquenter et par là même, empêchait leurs deux filles de se recevoir dans leur maison.Elles en souffraient beaucoup, et pour se rencontrer en dehors de l’école, elle devaient se faire inviter chez des copines qui n’habitaient pas forcément près de chez elles, et leurs parents n’aimaient pas beaucoup les voir prendre leur vélo, craignant un accident provoqué par des conducteurs trop pressés, ou même un enlèvement crapuleux comme on en déplore régulièrement dans le pays.
Vraiment ennuyées par cette situation qui gâchait leur plaisir de se retrouver plus souvent, elles imaginèrent que ce Noël était peut-être l’occasion de créer un événement capable de réconcilier leurs parents. Oui, mais lequel ?
Les Boussard avait un vieux chien, Médor, auquel ils tenaient beaucoup, mais qui était usé par l’âge et dont les jours étaient comptés. Les Duroy avait une chienne, Diane, à peu près dans le même état.
Les filles avaient alors suggéré à leur maman respective, au caractère plus souple et à l’humeur moins revendicativeque leur mari, d’acheter et d’offrir respectivement, un chiot pour les Boussard et une petite chienne pour les Duroy.D ‘abord un peu réticentes, les mamans se laissèrent convaincre.
C’est ainsi qu’à Noël Rosalie trouva son i phone au pied du sapin, Coralie le jean au genou déchiré que ses parents lui avaient toujours refusé d’acheter, et qu’un jeune chiot et une jeune chienne furent offerts aux Boussard et Duroy qui apprécièrent ce cadeau au point de se réconcilier, et de s’inviter les uns chez les autres pour fêter le Nouvel An.
Ce fut un beau Noël pour les deux amies qui purent dès ce moment se voir autant de fois qu’elle le voulaient à condition de rester en contact avec leurs parents au moyen du téléphone portable de Rosalie. Coralie n’eut aucun mal à convaincre ses parents de lui en acheter un à elle aussi.
Souhaitons, sans trop se faire d’illusions, que l’année 2023 puisse nous permettre, grâce à une jeunesse intelligente et responsable, de vivre ce genre d’histoire heureuse et réconfortante dans la marche d’un monde qui pour l’instant nous inquiète.
Bonne année à tous !
Dudu
Pourquoi préférer le juste à l’utile
Avant de se prononcer sur la pertinence d’une préférence, essayons de définir ce qu’on entend par juste et utile.
Qui décide de ce qui est juste ? La plupart des religions veulent toujours faire un distinguo entre « justice des hommes » et « justice divine », laquelle s’apparente à ce qu’on appelle « une justice immanente » qui punirait le pécheur d’une action réputée mauvaise.
Les Etats dans le monde entier, établissent des lois qui varient selon les cultures et les traditions, et que des « magistrats de justice » sont chargés de faire respecter. Un même fait peut être différemment apprécié selon les lois en vigueur dans des pays différents et à différentes époques. Souvenons-nous de « l’affaire Callas » défendue par Voltaire qui écrivait « écrasons l’infâme » en parlant des lois religieuses qui régissaient les comportements de l’époque. Dans les pays musulmans, une justice qui se réfère à « la charia » entraîne des châtiments peu admis en Occident.
Alors qu’est-ce qui est juste dans ces attitudes variées ? Et quelle est la légitimité de ceux qui les appliquent puisqu’ils se réclament tous, soit d’une administration où la séparation des pouvoirs est gage d’impartialité, soit d’une mission divine indémontrable ?
Un exemple d’actualité douloureux pour illustrer la réflexion : l’incendie de Notre Dame de Paris.
L’émotion ressentie peut avoir deux causes, l’une esthétique et l’autre relative à la foi.
L’esthétique fera référence au « nombre d’or » qui donne cette impression de grâce et d’harmonie que l’on retrouve dans toutes œuvres d’art où il est respecté. Ce confort de l’œil ressentit pendant des siècles à la contemplation des chefs d’œuvres classiques, picturaux et architecturaux, a été mis à mal avec l’art contemporain qui a bousculé tous les codes. Il a fallu une certaine curiosité artistique pour admettre la disparition de la perspective et la vision pluri dimensionnelle d’un Picasso pour donner tant de force à un tableau comme Guernica. Il ne s’en dégage pas moins une spiritualité et un sentiment de transcendance que l’on peut ressentir devant une cathédrale.
Quant à la foi, elle ne s’embarrasse pas d’esthétisme à priori et peut être contradictoire dans ses jugements selon les religions.
Chez les catholiques elle a besoin de symboles forts qu’au cours de l’histoire les religieux ont vénérés et bâtis. Les édifices religieux en sont les plus représentatifs, et font parti d’un patrimoine culturel précieux. Une catastrophe comme celle évoquée plus haut ne peut qu’attrister et choquer les croyants.
Chez certains musulmans dont la foi s’est pervertie en fanatisme, qui voient dans toute représentation artistique une offense à leur Dieu, ils verront sans doute dans l’incendie de Notre Dame un juste châtiment.
Pour prendre un autre exemple, est-il juste dans un pays démocratique où l’enceinte judiciaire est l’endroit où se rend la justice, remplaçant « la vox populi » expéditive, de vouloir opposer ce principe sacré en droit qu’est la présomption d’innocence », à cette nouvelle notion issue d’un certain « féminisme » militant, de « présomption de crédibilité » ?
Et l’utile ?
Le dictionnaire le définit comme « ce qui rend service ».
Service à qui ?
L’utile pourrait rejoindre le juste si l’on admet qu’il est profitable au plus grand nombre. C’est le pragmatisme des gouvernants qui se veulent efficaces dans la conduite d’une politique orientée vers la sécurité, l’équité et le bien être de tous. L’utile est alors avantageux et profitable dans une société moderne, efficace et innovante.
Mais l’utile peut être détourné et être au service du profit de quelques uns qui y voient le moyen de s’enrichir d’une façon opportune. Deux des devises de la République française sont alors bafouées en niant l’égalité et la fraternité.
C’est alors l’aspiration des peuples à plus de justice sociale, qui leur fera préférer le juste à l’utile.
« Rien n'est juste que ce qui est honnête ; rien n'est utile que ce qui est juste. » nous dit Maximilien de Robespierre
Dudu
sourire
Question : quand avez-vous vu pour la dernière fois quelqu’un sourire en marchant dans la rue?
Je mettrais la main au feu que c’était quelqu’un avec un téléphone portable à l’oreille dont l’interlocuteur ne pouvait en aucun cas l’apprécier.
Ce pourrait être anodin et réjouissant sauf lorsque cetinsupportable soliloque béat se produit dans les transports en commun où certains passagers se croient obligés de nous faire partager à haute voix les misérables épisodes de leur vie.
Pour les autres passants que vous avez croisés, il y a de fortes chances pour qu’ils marchent d’un pas pressé vers des obligations de la vie quotidienne ou des rendez-vous plus ou moins agréables, en ayant une mine soucieuse ou renfrognée.
Notre époque tourmentée ne facilite pas le sourire. On dit même que les Français sont dans le monde un des peuples les plus angoissés et pessimistes. Les plus gros consommateurs d’anxiolytiques ! Je ne suis pas sûr que les gens du midi, pourtant réputés pour leur bonne humeur sous un ciel plus clément, adeptes de la « galéjade », ne soient pas contaminés à leur tour par cette morosité ambiante qui a été accentuée ces dernières années par cette épidémie du Covid qui a fait disparaître encore davantage les sourires derrière des masques.
Qu’est-ce que sourire ?
C’est, d’après une définition classique, le fait de « prendre une expression légèrement rieuse, en esquissant un mouvement particulier des lèvres et des yeux ».
Il n’y a pas de plus beau sourire que celui de l’enfant qui, vers deux mois, est capable de manifester sa satisfaction, sa joie aux yeux émerveillés de ses parents.
Mais il existe plusieurs façons de sourire exprimant des sentiments différents :
Je répète que ce comportement jovial et rassurant nous manque toujours un peu plus pour bien « vivre ensemble », mais peut-on avoir le sourire devant les catastrophes annoncées comme le réchauffement climatique, la faim dans le monde ou les récentes déclarations de menace nucléaire proférées par un autocrate dément qui veut se maintenir au pouvoir à tout prix, devant l’intimidation terroriste, la montée des extrémistes, en particulier de droite, dans des pays démocratiques ou la possibilité de mourir pour une mèche de cheveuxdans un pays où l’obscurantisme sévit toujours ?
La convivialité qui est nécessaire pour vivre en société, ne peut se passer du sourire, et son absence en dit long sur le mal–être de notre époque où les gens ne se saluent plus.
À défaut de rire, la camaraderie, l’amitié, la vie de couple sontgrandement facilitées par l’apparition d’un sourire sur les visages de ses acteurs, qui, au sein de la vie privée, peuvent oublier un instant tous les malheurs du monde.
Une citation pour clore momentanément cette rubrique : « Les rides devraient simplement être l’empreinte des sourires ». Mark Twain
Dudu
Dégoût et des couleurs
Vous connaissez sans doute cette pièce de Yasmina Reza, « Art », jouée dans le monde entier, et qui met en scène trois amis qui arrivent à se déchirer en contemplant un tableauentièrement blanc acheté à grands frais par l’un d’entre eux.
C’est une œuvre qui mêle le comique et le tragique en révélant le caractère profond des protagonistes, où l’amitié n’est jamais exempte de rapports de force, de mensonges, de bassesses… C’est ce qui caractérise les rapports humains.
L’art permet à chacun d’exprimer ses goûts qui, comme dans l’expression « des goûts et des couleurs » ne se discutent pas, sous peine d’entraîner des chamailleries comme dans la pièce ci-dessus mentionnée.
L’histoire de l’art est pleine de scandales célèbres à propos d’œuvres incomprises par le public de toutes les époques.
En 1546 par exemple, la fresque « Le Jugement dernier » de Michel-Ange qui orne le mur de l’autel de la chapelle Sixtine, offusqua les autorités ecclésiastiques qui se donnèrent le ridicule de « saloper » ce chef-d’œuvre en faisant recouvrirles nus de voiles pudiques qui ne furent retirés qu’en 1994.
« Le déjeuner sur l’herbe » de Manet ne fut reconnu comme œuvre majeure qu’au salon des refusés.
Il a fallu 30 ans avant que « Impression, soleil levant » de Monet soit distinguée comme la première œuvre impressionniste.
Le « Nu couché » de Modigliani ameuta les visiteurs qui firent fermer la galerie pour obscénité provocatrice, et que dire de « L’origine du monde » de Courbet.
« La nuit étoilée » de Van Gogh fut également éreintéepar des critiques d’art ayant perdu leurs repères picturaux habituels, incapables de capter l’évidente angoisse du peintre, transposée par la violence des traits et des couleurs rageusement jetés sur la toile.
La musique n’échappe pas à ces incompréhensions premières.
En 1912, Arnold Schönberg fit scandale avec son « Pierrot lunaire » précurseur de la musique atonale dodécaphonique qui sera adoptée par de nombreux compositeurs modernes comme Alban Berg, Anton Webern, Olivier Messiaen ou encore Pierre Boulez.
Le chahut qui accueilli la première du « Sacre du Printemps » d’Igor Stravinsky est resté célèbre, ses détracteurs de l’époque ayant rebaptisé l’œuvre de « massacre du printemps » !
Les musiques d’Eric Satie, Béla Bartok, Edgard Varèse et bien d’autres, provoquèrent également des rejets passagers avant d’être rangées parmi les classiques incontournables.
En architecture les innovateurs provoquent des réticences, voire des quolibets comme Le Corbusier à Marseille avec sa Cité radieuse appelée « La maison du fada », Gaudi à Barcelone et la Sagrada Familia ou les réalisateurs du Centre Pompidou à Paris. Les tours de Jean Nouvel, un « starchitecte » mondialement connu, construites à l’est de Paris ne font pas l’unanimité. Mais certains ont sciemment déliré avec humour dans leurs réalisations oniriques comme le Facteur Cheval avec son Palais Idéal ou Raymond Isidore avec sa « maison Picassiette ».
Les monuments alimentent, ou ont alimenté, également bien des débats, à commencer par la tour Eiffel dressée en1889 pour l’Exposition universelle et qui devait être démontée avant qu’on ne l’utilise pour servir d’émetteur radio et télé. Pour rester dans la capitale, les colonnes de Buren et la Pyramide du Louvre, la Grande bibliothèque François Mitterrand, firent l’objet de beaucoup de polémiques.
Le théâtre est aussi victime de la censure politique ou religieuse, par intolérance ou fanatisme. Ainsi le « Tartuffe » de Molière fut longtemps interdit avant l’intervention de Louis XIV, ainsi que « Le malade imaginaire ». Des classiquescomme « Le mariage de Figaro » de Beaumarchais, « RuyBlas » de Hugo, « La Dame aux camélias » de A. Dumas (fils)furent longtemps considérés comme « sulfureux ».
Avec ce qu’on a appelé « le 7e Art » les querelles se sont déchainées, et certains films ont fait l’objet soit de censure,comme « Nuit et Brouillard », « Les sentiers de la Gloire », « Afrique 50 », ou stigmatisés comme trop violents ou immoraux comme « Orange Mécanique », « La Religieuse », « La grande Bouffe », « Et… Dieu créa la femme », « La passion du Christ », « Pulp Fiction », « l’Exorciste », « FunnyGames », « L’Empire des sens » ou « Lolita » pour n’en citer que quelques uns.
La littérature est sans doute le domaine artistique le plus sujet à controverse. La critique littéraire est à la fois indispensable, mais aussi la plus sujette à la subjectivité de leurs auteurs. Parmi les chefs d’œuvre les plus controversés on peut citer les œuvres de Sade, « les Liaisons dangereuses » de Choderlos de Laclos, mais aussi plus près de nous : « L’Amant de Lady Chatterley » de D.H. Lawrence, « Madame Bovary » de G. Flaubert, « Lolita » de V. Nabokov, « Ulysse » de J. Joyce, « Tropique du Cancer » d’Henry Miller ou « J’irai cracher sur vos tombes », son pendant européen, de Boris Vian.
Certains écrivains ou poètes ont été considérés comme « maudits », à l’instar de Baudelaire et ses « Fleurs du mal », Verlaine, Rimbaud, Gérard de Nerval, Eugène Sue, , Jean Cocteau …
Enfin de nouvelles formes d’art populaire se sont fait jour, dont l’un des précurseurs est Andy Warhol, comme le « Street art » ou « Graffiti », le Rap dans la chanson et le hip hop ou la breakdanse, qui ont eu du mal à se faire reconnaître comme arts à part entière.
Pour une conclusion provisoire, je laisserai la parole à André Gide qui en 1946 disait : « Pour moi, je veux une œuvre d’art où rien ne soit accordé par avance ; devant laquelle chacun reste libre de protester »
Dudu
La
La colère
La colère décuple les forces et annihile la douleur. Ce phénomène est mainte fois décrit par d’éminents neurophysiologistes, et a sans doute été constaté chez vous lorsqu’il vous arrive de « péter les plombs ».
La colère a l’instar d’autres sentiments peut avoir une couleur ; elle est le plus souvent noire et fait voir rouge, mais elle rend la peau verte chez un personnage de fiction comme l’est Hulk. Celui-ci peut engendrer chez ses adversaires une peur bleue !
Notre époque favorise plus que jamais cet état affectif violent, tant sont nombreux les sujets de mécontentement, de désagrément et de frustration.
Mon cheval de bataille en l’occurrence est toujours cette dénonciation de cette peste contemporaine que constitue la falsification de l’information qui annihile le jugement et pervertie le sens des mots comme on peut en trouver sur des réseaux sociaux spécialisés dans les « fakes news » et la divulgation des obsessions maladives des adeptes d’un « complotisme » mondial. On en vient à inverser les responsabilités, et à accuser les victimes à la place des bourreaux, ce qui ne peut que susciter l’incompréhension et la juste colère des honnêtes citoyens.
En cette période électorale, l’outrance, l’invective, la malhonnêteté intellectuelle sont les ingrédients d’une rhétorique emphatique assez peu convaincante aux yeux des électeurs qui répriment leur colère devant tant de médiocrité et qui se réfugient dans l’abstention.
Lorsqu’elle est collective elle peut prendre la forme d’une grève qui traduit un profond sentiment d’injustice et d’ignorance de la part des responsables qu’ils soient politiques ou patronaux. Elle peut également engendrer des manifestations publiques, liées à des mouvements de masse plus ou moins organisées par des associations ou des syndicats, mais aussi qui peuvent être spontanés. Les manifestations de mai 68 en sont une illustration historique. Cette colère peut aller jusqu’à l’insurrection contre l’autorité, entraîner des violences incontrôlées et provoquer des changements de régime.
Dans la tradition catholique, la colère fait partie des sept péchés capitaux. La perte de contrôle qu’elle entraîne favoriserait d’autres dérives coupables à ses yeux comme la paresse, l’orgueil, la gourmandise, l’avarice, l’envie et la luxure, autant de comportements déviants qui sont diversement appréciés selon les convictions de chacun.
S’acharner à résoudre des difficultés tant morales que matérielles, sordides ou récalcitrantes sous l’empire de la colère est rarement suivies d’effet positif, et la maladresse qu’elle entraîne occasionne des accidents plus ou moins graves, comme se taper sur les doigts avec un marteau.
Justement les objets sont souvent rebelles et semblent s’ingénier à vous compliquer la vie comme une vis qui résiste à nos efforts, une serrure qui ne trouve plus sa clé, des cartes qui ne vous donnent jamais la main, la tartine qui tombe toujours du coté de la confiture ou une balle de golf qui ne franchit jamais un obstacle d’eau.
Le numérique constitue un bon vecteur de frustration avec ses identifiants erronés, ses mots de passe oubliés, ses interfaces toujours modifiées alors qu’on était content d’avoir enfin maîtrisé la version précédente, ses incessantes publicités qui perturbent votre programme, sa communication « digitale » à travers le web, les médias sociaux ou les terminaux mobiles incontrôlables. Chaque « erreur » entraîne une explosion de colère instantanée qui fait perdre le sens de la mesure, rejetant sur le logiciel ce qui n’est que la conséquence d’une incompétence crasse de l’utilisateur, lequel n’hésite pas à se morigéner avec fureur dans des termes quelquefois les plus grivois.
On dit traditionnellement que la colère est mauvaise conseillère, mais la colère ne devient mauvaise conseillère que lorsque celle-ci est étouffée, ravalée, refoulée. Quand il n'est pas possible de discuter calmement, montrer que l'on est en colère peut amener les autres à vous écouter enfin.
Mais il ne faut pas que la colère soit confondue avec la haine qui semblerait en être une sublimation, mais qui est d’une autre nature. C’est un sentiment destructeur, négatif, et qui n’engendre qu’agressivité, obsession morbide et désir de vengeance.
Positive, la colère désabusée de Céline comme « mauvaise humeur chronique» serait pour certains le « carburant de l’artiste ».
Enfin, l’adrénaline est une hormone du plaisir sécrétée lors d'une dépense d'énergie comme dans le rire et le sport, mais également lors de la colère. Grâce à elle le corps reste en bonne santé plus longtemps.
Alors se défouler sans contrainte par des explosions sonores ou gestuelles évite les tensions et la macération intellectuelle, évitant la mélancolie et le stress.
Rugissez sans vergogne, nom de Dieu !
DUDU
L’ultracrépidarianisme
Désigné en Belgique comme le mot de l’année 2021, ce néologisme vient de l’expression latine « Ne, sutor, ultra crepidam » qui veut dire « cordonnier pas plus haut que la chaussure », phrase prononcée selon Pline l’ancien, par un peintre qui demandait un avis technique à un savetier sur le dessin d’une chaussure, lequel s’avisa de donner son avis sur l’ensemble de l’œuvre picturale.
Cette attitude a vu son illustration exacerbée par l’épisode de la Covid qui a permis à tout un chacun de donner son avis sur cette épidémie d’un nouveau genre, qui dérouta jusqu’à des professeurs de médecine chevronnés. Elle fut, et est encore, commentée avec assurance par nombre de non-spécialistes, prodigues en opinions et injonctions. C’est unetendance naturelle, accrue dans le contexte sanitaire, que de parler de choses qu’on ne connaît pas plutôt que de reconnaître son ignorance devant les médias, souvent en introduisant le propos par la formule ; « Je ne suis pas médecin, mais je pense que… »
À en croire Wikipédia, « la couverture médiatique de cette pandémie a en effet amplifié ce phénomène pourtant ancien qui touche même la communauté scientifique puisque de nombreux titulaires du prix Nobel se sont déjà distingués d’ultracrépidarianisme (prenant alors le nom de « nobélite » dans ce cas précis). Au premier rang desquels Kary Mullis, biochimiste américain disparu l’été dernier, ( …) qui a par ailleurs affirmé que l’astrologie fonctionne et devrait être enseignée, que le VIH ne causerait pas le sida, que le réchauffement climatique n’existait pas, etc . »
Les médias favorisent en effet ce travers de diverses manières :
Au comptoir, entre deux tiercés et trois lotos, les amoureux du ballon rond sont prêts à remplacer le sélectionneur de l’équipe de France, et en cette période électorale, ils sont plusieurs millions de conseillers du futur président de la République.
L’autre vecteur, objet de mes abjections préférées, est celui de ce que l’on nomme les « réseaux sociaux ». Sur ceux-ci circulent les idées les plus farfelues, les plus invraisemblables ou alarmistes, sans aucunes références crédibles à moins qu’elles ne soient expressément fabriquées. À l’inverse du Ahmed de Coluche qui « avait des idées sur tout, mais surtout des idées », le « savant » 2.0 n’a pas d’idées mais des « opinions » qui sont le plus souvent indémontrables.
La mauvaise foi le dispute à l’ignorance, et toutes les occasions sont bonnes pour faire valoir un soit disant esprit d’indépendance et de révolte envers une société du profit, dirigée par des prévaricateurs accusés de malversation. Ces « éveillés » sont les ennemis de la « bienpensance », se déclarant vigiles d’un monde plus juste, plus responsable et apaisé. Si l’intention est louable, la démarche est contestable, car elle peut aboutir jusqu’à la résurgence de croyances abjectes qui accusent et fustigent de paisibles citoyens exposés régulièrement dans l'histoire à la vindicte populaire. On a pu lire récemment un « Qui ?» comme un slogan sur les panneaux des manifestants anti-pass sanitaire.
Ce sont ces mêmes éternels insatisfaits de l’ordre établi qui répandent avec aplomb des contre-vérités sur les drames que suscite la guerre en Ukraine, en se ralliant aux versions mensongères de la propagande officielle russe.
Ne cautionnons pas Mr Prudhomme, archétype de la sottise satisfaite,à qui Henry Monnier fait dire : « C’est mon avis et je le partage » !
Dudu
Le bruit
Le bruit a le plus souvent une connotation péjorative, et lorsqu’il est associé à la notion de fureur, il provoque un sentiment d’angoisse engendré par l’évocation d’un climat de violence, de destruction et de désespoir, à l’image des personnages du roman éponyme de William Faulkner.
Il faut distinguer le bruit du son qui en est cependant le constituant dans son ensemble.
Le son est une sensation auditive produite par une variation de la pression d’air, qui se propage dans tous les milieux ambiants (eau, air, gaz, béton, bois, verre…), à l’exception du vide, et cette variation a pour origine la vibration d’un corps qui agite les molécules d’air environnantes.
La variation de ses fréquences calculée en hertz, donne sa tessiture de l’aigu au grave avec au deux bouts du spectre les ultra et infra sons, inaudibles pour l’homme. Par son niveau sonore calculé en décibels, il peut s’apparenter au bruit insupportable lorsque celui-ci dépasse les 130 db , seuil de la douleur. Il faut noter que le bruit le plus fort masque toujours le plus faible.
Depuis que je suis passé du côté des malentendants, ce sujet me tient davantage à cœur, et je fais plus que jamais la distinction entre bruit et activités sonores.
Appareillé, le bruit d’une mobylette me devient insupportable, comme celui d’un engin de chantier trop proche, d’un souffleur de feuilles chez mon voisin, d’une voix féminine haute perchée et tumultueuse. Une publicité radiophonique ou télévisuelle qui élève systématiquement son niveau sonore m’agace tant par la futilité de son propos que par le bruit qu’elle engendre, avec une grande surenchère sur de prétendues aides auditives.
Je me rends compte que sans bruit, atteint d’une surdité totale, je serais isolé du monde, et que je ne serais plus consolé par l’harmonie des sons que produisent le chant des oiseaux, les accords d’une symphonie de Brahms ou un prélude de Debussy, le bruit du vent dans les branches et celui des vagues au bord de la mer, ou encore l’intonation rassurante des voix lors d’une conversation apaisée entre parents et amis.
Hélas ! et pour d’autres raisons, j’entends de moins en moins le bruit sec et rassurant d’une balle orgasmique bien centrée par l’un ou l’autre de mes clubs de golf.
Par contre, je ne supporte plus le bruit engendré par la cacophonie des assemblées où tout le monde parle en même temps. Aucune assistance auditive n’est à l’heure actuelle capable de filtrer ces conversations mélangées comme un salmigondis sonore. Les réunions de famille, moments si précieux de tendresse et de joie, perdent, « à mes oreilles », beaucoup de leur charme en raison des difficultés que j’ai maintenant à entendre et comprendre mes proches.
Je me souviens du temps pas si lointain où le silence engendré par le confinement régnait sur la terre. Plus d’avions dans le ciel, plus de véhicules sur les routes et dans les villages désertés par sa population cloitrée chez elle, plus d’activités sonores nulle part avec des industries en sommeil. La nature reprenait vie avec les rumeurs familières d’avant la civilisation bruyamment motorisée. On pouvait « écouter le silence » uniquement troublé par le son des cloches comptant les heures ou appelant aux offices.
Le bruit, le bruit infâme des canons vient de nous réveiller avec horreur.
Y aura-t-il encore un Rostropovitch pour nous bercer du son de son violoncelle sur les ruines du nouveau mur qu’un despote illuminé, obsédé par le souvenir d’une grande Russie, avide d’expansion, veut à nouveau ériger en Europe et dans le monde, entre la Démocratie et des régimes totalitaires oppressifs, ennemis des droits humains.
Dudu
Autodafé
Nous sommes en 2022 et on brûle encore des livres !
L’inquisition n’existe plus, mais on compte encore de nos jours des disciples de Savonarole, ce dominicain italien qui fit brûler de nombreuses œuvres d’art à Florence en 1497 par pudibonderie religieuse.
On nomme autodafé la destruction par le feu de livres ou d'autres écrits, pas forcément dans des pays ou des civilisations primitives et obscurantistes, non ! Aux Etats-Unis, en France, en Turquie, en Inde et j’en passe. C’est moins le fait d'une opposition culturelle, religieuse ou politique que celui de la phase ultime de l’individualisme, de l’intolérance, de l’ignorance de l’autre, de ne plus l’écouter, voire de le considérer comme un ennemi. C’est l’ère de l’universalisme, de la victimisation à outrance, du confusionnisme, où tout se vaut, de la perte de repères ou les contre-vérités équivalent à la conscience raisonnée. C’est aussi celle de la violence, sans doute provoquée par la peur ; peur de l’étranger, peur du lendemain incertain dans tous les domaines : économique, moral, culturel, religieux, sociétal…
Le nouveau visage, « à la mode », de cette confusion universelle est représenté par toutes les dérives que peut entraîner ce qu’on appelle le « wokisme », terme issu de l’anglais voulant dire « éveillé », et qui est par ailleurs, lorsqu’il est sincère et non faussé, une démarche positive de prise de conscience sur les injustices sociales, en particulier celles engendrées par le racisme et le sexisme.
L’opposition ou la crainte qu’il suscite s’explique par ses excès, et ceux-ci alimentent l’intérêt des médias par les « débats » contradictoires et animés qu’ils organisent, et qui « passent bien à la télé » et qui font vendre. Les politiciens en campagne s’en emparent souvent dans l’outrance verbale et autres aspects de ce que ce courant peut susciter.
Beaucoup le ressentent comme une insécurité culturelle lorsque, par exemple, elle remet en cause le patriarcat jusqu’à l’effacement de l’identité sexuelle, l’anti-racisme revanchard jusqu’à la cancel-culture, ou culture de l’effacement qui va jusqu’à provoquer la destruction de statues de figures historiques majeures, de la consécration des minorités jusqu’à l’intersectionnalité, qui désigne la situation de personnes qui subissent des dominations, des discriminations. Ça en fait des concepts, mais le wokisme est également un terme fourre-tout tellement imprécis qu’il ressemble à une menace obscure.
Pourtant c’est en s’en réclamant peu ou prou, que des élèves de la Sorbonne ont interdit une communication sur le terrorisme ; que certains étudiants à Lille ont empêché le déroulement d’une conférence de François Hollande et déchiré et brûlé son livre, que l’Unef a promu une réunion interdite « aux hommes cisgenres » à Panthéon Sorbonne, qu’un dessin de Charb est refusé sur Twitter et que sa « Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes » soit censurée par des ignares qui le l’ont pas lu, qu’une pièce de R. Garcia au Théâtre du Rond Point est perturbée par des intégristes, et que dans certains pays, dit « civilisés », on interdise aux élèves la lecture des illustrés comme Tintin, Lucky Luke, les Schroumpfs, Astérix ou encore Maus sous prétexte d’un prétendu racisme ou machisme. Il n’y a pas jusqu’au baiser du Prince Charmant réveillant La Belle au Bois Dormant qui offusque ces censeurs décalés qui y voient une agression sexuelle…
Nous sommes en 2022 et on brûle des pianos et des harmoniums.
C’est en Afghanistan où les talibans ont repris le pouvoir pour y faire régner à nouveau l’obscurantisme le plus acharné, que les artistes ne peuvent plus s’exprimer, que le chant est proscrit, le dessin interdit, que les instruments de musique sont brisés, les livres confisqués et détruits, au nom d’une recherche de sainteté et de pureté qui a pris dans l’histoire l’inquiétant visage de la purification et qui, de tout temps et à travers des régimes totalitaires, a avili et asservi l’homme.
« La pureté est dangereuse » avertit le philosophe BHL dans une démonstration où il cite des doctrinaires allant de Saint-Just à Khomeyni , de Savonarole au FIS algérien dont les convictions conduisent à l’intégrisme et à son cortège de meurtres.
Dudu
Le pouvoir
Dans l’actualité de ces jours-ci on peut lire :
« Quatre élèves de 14 à17 ans ont été tués mardi au lycée d’Oxford, une petite ville au nord de Detroit, et il y a eu six blessés dont un enseignant.
L’auteur de la fusillade, Ethan Crumbley 15 ans, a été inculpé « d’acte terroriste" et « d’assassinats".
Ces faits divers à répétition aux Etats-Unis ne découragent pas les enragés yankees de la NRA, excipant du 2e amendement qui garantit à tout citoyen américain le droit de détenir des armes. Celle d’Ethan était un « cadeau de Noël » !
Ce genre de cadeau, fait entre autres à de très jeunes enfants, donne le pouvoir de disposer de la vie des autres. C’est un pouvoir de nuisance exorbitant qui heureusement épargne encore nos civilisations européennes qui ne sont cependant pas exemptées de violence.
À propos de pouvoir avec un clin d’œil, on peut citer cette réplique de Clint Eastwood dans « Le bon, la brute et le truand , « … le monde se divise en deux. Ceux qui ont le pistolet chargé…et ceux qui creusent. Toi, tu creuses. »
En France, le pouvoir a longtemps disposé du droit de vie ou de mort vis à vis des criminels de sang. Sous un certain régime pour lequel c’est un acquit historique, la peine de mort a été abolie en dépit d’une opinion publique réticente. C’est une victoire humanitaire majeure et la démonstration que le pouvoir politique peut aboutir lorsqu’il est exercé avec fermeté et conviction.
Un autre exemple d’autorité régalienne en dépit des réticences populaires, est la conquête par une femme humaniste et pragmatique de la légalisation de l’IVG .
Le pouvoir est donc proche de la question de la possibilité.
Mais il faut savoir qu’il n'existe aucun pouvoir qui ne connaisse de contestation.
Dans un système simple, le pouvoir ne peut être que rapport de forces (force morale ou force physique).
Lorsqu’on dit « qui veut peut, et qui ose fait », on extrapole sur le possible dont dispose un pouvoir en place par rapport à des lourdeurs historiques, traditionnelles ou religieuses qui freinent toutes tentatives de transformation et de progrès. Il y a une réelle contradiction entre la volonté d’émancipation et de mieux–être des peuples, et leur réticence devant les mesures capables de les engendrer. On veut bien du changement, mais chez les autres.
On aurait pu penser que l’instruction, les facultés savantes, les diplômes universitaires, pouvaient donner un certain pouvoir à ceux qui les possédaient. On s’aperçoit à l’usage que ce pouvoir est largement contesté et battu en brèche par les pseudos informations consultées par un grand nombre de citoyens dont la culture est celle qu’ils acquièrent sur les réseaux sociaux.
Avoir du pouvoir est le seul moyen de forcer cet obstacle en vue de faire avancer les choses, quitte à provoquer les opposants, qui selon leur force et leur crédibilité, peuvent fomenter une « révolution ». Elles sont quelques unes dans l’histoire de France a avoir changé, et souvent amélioré, la condition humaine.
On voit dans le contexte contemporain, qu’un homme actuellement au pouvoir qui a intitulé sa profession de foi de ce titre révolutionnaire, s’est heurté, se heurte et de heurtera peut-être, à une réalité que son pragmatisme a enregistré et qui l’a empêché de mener à bien les réformes promises.
La perspective du pouvoir donne à ceux qui veulent le conquérir, une vision fantasmée de celui-ci, engendrant des propositions utopiques et outrancières propre à toutes campagnes électorales. Celle que nous vivons n’y échappe pas.
Elle a de plus une caractéristique particulière avec l’irruption bienvenue et réjouissante de candidatures genrées avec 5 candidates à l’élection présidentielle. Si l’on voulait faire de la sémantique élémentaire on pourrait dire que le pouvoir est du genre masculin, la soumission du genre féminin, aggravée par certains, du déni de compétence. Culturellement, et sans que se soit anodin, c’est toute la charge symbolique que constitue le port du voile chez les femmes soumises à l’autorité, le pouvoir, des hommes. La laïcité est-elle une notion suffisante, a-t-elle un pouvoir suffisant, pour résoudre ce problème émergeant d’une politique migratoire qui en engendre de beaucoup plus complexes encore, en particulier celui de vouloir substituer un pouvoir divin impérieux à celui des lois qui régissent la République ?
On ne connaît pas jusqu’ici un pouvoir qui a pu mener à bien la politique pour laquelle il a été élu.
Seuls les pouvoirs autoritaires, voire dictatoriaux, qui musèlent, menacent et éradiquent les forces libertaires et contradictoires, peuvent se targuer de gouverner comme ils l’entendent selon des idéologies totalitaires, avilissantes et autocratiques faisant fis des droits de l’homme.
Soyons fiers et confortés de pouvoir vivre, quoiqu’on en dise, dans une république libre, égalitaire et fraternelle.
Dudu
Le pass et la java
Quand le pass est
Quand le pass est là
La java s’en
La java s’en va
Il y a de l’orage dans l’air
Il y a de l’eau dans le
Gaz entre le pass et la java
Pour cette fin d’année
On voulait faire la fête
Mais l’ministre d’la Santé
Nous a pris la tête
Fermé les boites de nuit
Les grandes farandoles
Les rues du grand Paris
Celui des années folles.
Quand le pass est
Quand le pass est là
La java s’en
La java s’en va
Il y a de l’orage dans l’air
Il y a de l’eau dans le
Gaz entre le pass et la java
Quand dans un restaurant
Du coté d’Montparnasse
Je sors le document
Qu’on appelle le Q pass
Le masque sur le nez
Comme un cambrioleur
J’demande à déjeuner
On me dit qu’c’est pas l’heure
Quand le pass est
Quand le pass est là
La java s’en
La java s’en va
Il y a de l’orage dans l’air
Il y a de l’eau dans le
Gaz entre le pass et la java
Quand pour les réveillons
J’invite mes enfants
Il sont tous des baillons
Qui leur cachent les dents
Et je vois qu’à leurs yeux
Ils cachent un beau sourire
Et qu’ils sont heureux
Qu’on puisse se réunir
Le pass est politique
Car se faire vacciné
C’est contraire à l’éthique
De tous ces cinglés
Qui pensent que le virus
A bien choisi son camps
Par un long processus
Qui nous rend dépendant
Quand le pass est
Quand le pass est là
La java s’en
La java s’en va
Il y a de l’orage dans l’air
Il y a de l’eau dans le
Gaz entre le pass et la java
Pass et java copains
Ça n’pourra pas se faire
Et c’est pas pour demain
Qu’ils seront comme des frères
Pour qu’ce vilain virus
N’menace plus notre peau
Il faut qu’on fasse chorus
En dépit des idiots
Dudu
aidé de Nougaro
Que devient la raison ?
Il y a peu, mes lecteurs assidus s’en souviennent, je divaguais sur le thème de la justesse.
À l’heure où le « n’importe quoi » envahit nos esprits ensemencés par le torrent médiatique omniprésent dans nos vies, je ne peux m’empêcher de m’alarmer et de vous faire part de mes réflexions angoissées devant cette perte de jugement qui semble être partagée par un grand nombre de mes concitoyens qui seraient enclins à confondre le vrai du faux, opinions et faits avérés. C’est le règne des « fakes news » traduites en français par « infox ».
Mais le véhicule le plus efficace, le plus virulent et nauséabond de ces fausses communications, est celui des réseaux dits « sociaux » qui permettent de répandre anonymement et en toute impunité, des insultes, des calomnies, du harcèlement quelquefois mortel et des théories farfelues de complotisme dans tous les domaines, informatifs, politiques ou historiques.
Les exemples de cette dérive contemporaine sont légions et je n’ai que l’embarras du choix dans cette démonstration.
La pandémie qui depuis plus de deux ans maintenant est le fait majeur qui mobilise et inquiète la terre entière, permet de donner libre cours aux interprétations les plus fantaisistes et mensongères à longueur d’articles et d’émissions audiovisuelles qui sont quotidiennes et envahissantes par leur universalité. Il y en a même qui la nient…
La virulence multiforme de ce virus opiniâtre est inédite, et laisse les « savants » et les chercheurs peu assurés dans leurs commentaires, et pour une fois sans certitudes avérées. Cela ouvre la voie à de multiples « délires » divulgués par des esprits dont l’anticonformisme est la base de leur raisonnement. L’un de ceux-ci s’est taillé une certaine notoriété en prétendant guérir avec un remède banal et en prédisant l’extinction de la maladie à court terme. Ses admirateurs sectaires dans leur avidité de croire ont le goût de prendre leur désir pour la réalité. Comme le dit Raphaël Enthoven, les contredire c’est bâillonner Cassandre .
Un autre sujet où la désinformation et l’aliénation font rage, c’est tout ce qui touche au phénomène de l’immigration qui sera inexorablement un fait de civilisation universel, non seulement politique mais aussi et surtout, engendré par le dérèglement climatique qui chassera des populations entières, victimes de la sécheresse ou de la montée des eaux, vers des terres habitables à défaut d’être accueillantes. La réponse à ce grave problème est-elle dans la construction de murs entre nations ? Combien de morts de froid ou de noyés faudra-t-il pour que ce que l’on appelle, sans savoir ce qu’elle représente, la Communauté Internationale, réagisse ?
La religion est, et sera toujours, un sujet qui préoccupe les hommes. L’extravagance a atteint ses limites avec ce Prix Nobel qui vient de publier un ouvrage où il prétend donner des « preuves scientifiques » de l’existence de Dieu. C’est la thèse revisitée du « Grand Horloger » qui serait à l’origine de l’Univers, aggravée par certains qui refusent le Darwinisme pour lui préférer cette absurdité du « Créationnisme ».
Le fait religieux, et le catholicisme en particulier, sans parler de ses déboires récents concernant la pédo-criminalité de certains de ses serviteurs, est un frein au progrès depuis des siècles, de Galilée à la répression de la libre pensée avec l’Inquisition, du retard qu’il a occasionné en médecine chirurgicale par sa phobie du sang à l’anti IVG qui a provoqué des drames comme en Pologne récemment. Il faut cependant reconnaître que les Dix Commandements sont à l’origine de la Déclaration universelle des Droits de l’homme qui fut un grand pas civilisationnel.
En matière d’entrave au modernisme, la Thora et le Coran ne sont pas en reste, sans parler des dérives de l’islamisme qui déteste et rejette les valeurs occidentales de
liberté, de justice et d’égalité entre les hommes et les femmes. Dernièrement l’esprit religieux vient de fausser le jugement du Conseil de l’Europe, infiltré par les Frères Musulmans, qui a financé la campagne « La liberté est dans le Hijab » !!!
Pour compléter ces quelques remarques sur les symptômes d’un certain dévoiement intellectuel, il faudra que je vous parle un jour du « wokisme » et de l’abolition des genres avec l’apparition du « iel »…
En cette période de cacophonie médiatique, de controverses stériles et de confusion mentale, essayons de raison garder et peut-être d’écouter calmement, comme dans la célèbre chanson… « le son du silence ».
Dudu
Halloween
Si la tradition continue d’être respectée dans son pays d’origine, l’Irlande, Halloween semble perdre de son attraction en France. La Toussaint est suffisamment triste sans qu’on y ajoute ces défilés morbides d’enfants déguisés en fantômes, sorcières, monstres et vampires qui viennent quémander aux portes en disant « Trick or treat ! », « des bonbons ou un sort ».
De plus, on pourrait penser que depuis deux ans, cette fête horrifique se prolonge tout au long de l’année avec pour effigie, non plus une tête de citrouille évidée, mais une sphère rougeâtre couronnée de spicules en forme de trompes à qui on a donné le nom de coronavirus. Les irréductibles partisans de cette fête s’en inspireront peut-être.
On a connu son cousin il y a quelques années responsable du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) et on a su l’enrayer avec efficacité. Mais celui-ci est beaucoup plus vicieux et sait se défendre aux agressions médicamenteuses sensées le combattre en mutant très rapidement avec des variants de plus en plus agressifs et contaminants.
Chaque pays lutte avec des moyens et des philosophies contradictoires, selon que l’on veut protéger ou pas des populations et des générations différentes. Certains dirigeants devront sans doute se justifier devant l’histoire pour une gestion catastrophique de cette pandémie qui a fait des centaines de milliers de morts dans leur pays et de par le monde.
Dans le pays de Pasteur, on ne manque pas d’opposantsaux vaccins dont les arguments ne peuvent tenir la route devant l’évidence de son efficacité. On n’a jamais vu dans l’histoire un vaccin aussi vite mis au point, avec des méthodes connues, vérifiées expérimentalement, et cela sur plus de quatre milliards d’individus ! Que leur faut-il de plus ?
On sait que ce dévoiement intellectuel est malheureusement due à la politique qui fait dériver le plus élémentaire bon sens et pollue tout raisonnement rationnel.
Le Français est frondeur dans son ADN, et cela lui a sans doute permis d’avancer au cours des siècles dans son histoire. Il est cependant dommage que cette attitude soit souvent accompagnée de conflits, d’actions violentes, et responsabled’un moral qui est l’un des plus pessimistes au monde.
À ce propos, et sans vouloir polémiquer, je ne saurais vous recommander à nouveau la lecture du livre d’Hervé Le Bras, « Se sentir mal dans une France qui va bien ».
Il est probable qu’à défaut d’Hallowen, on voit de nouveau défiler, non point dans les rues, mais sur les ronds points, « des gilets jaunes ».
Notre président a fait allusion aux « Gaulois réfractaires ». Le général de Gaulle en disait ceci : « Les Gaulois n’ont pas changé. Leurs chefs détestent obéir. Mais ils adorent discuter ».
Dudu
De la justesse
Avant toute chose, et pour répondre à la suggestion d’une de mes sympathiques lectrices qui m’a incité à disserter sur la justesse, je voudrais m’attacher à trouver les mots justes pour le faire, car comme le disait Camus, « mal nommer les choses ajoute au malheur du monde »
La justesse des mots et de leur interprétation sont des choses primordiales à défaut desquelles des conséquences désastreuses peuvent se déclencher. Dans l’histoire, une lecture fausse, une erreur de traduction, une formulation volontairement sibylline, comme le fut par exemple la dépêche d’Ems, entraîna la France dans la guerre de 1870, prémices de celle qui allait suivre en 1939.
La planète ne survivra à un dérangement climatique apocalyptique que par la justesse des décisions internationalessur l’environnement que les dirigeants du monde auront sans doute bien du mal à prendre en toute lucidité et responsabilité.
Dans un autre domaine sur lequel et je reviens comme une obsession, les débordements verbaux de certains manifestants antivax et antipass m’exaspèrent en parlant de « dictature », de terrorisme d’état et autres balivernes faisant injustement référence à la dernière guerre. C’est d’autant plus inadmissible et choquant que cette époque a engendré pour le plus grand bien de l’humanité une catégorie de gens qu’on appelé « les Justes » qui devraient faire honte à ceux qui les déshonorent par leurs propos scandaleusement anachroniques et inconvenants.
On a la liberté de prendre le risque de tomber malade en ne prenant pas les précautions recommandées, mais elle s’arrête quand elle met en danger la santé des autres. Certains arguments faussement libertaires ne sonnent pas justes. Il faudra sans doute beaucoup de temps et de polémiques pour reconnaître un jour la justesse des mesures prises pour enrayer la pandémie qui ravage les 5 continents.
Je vais faire une tentative d’analyse de ce vaste sujet qu’est la justesse en prenant justement comme support, (pourquoi pas ?) « Les Jeux Olympiques de Tokyo » qui me permettront d’illustrer un peu la subtilité de ce concept, à ne pas confondre, avec celui de justice qui viendra pourtant souvent compléter la notion de vérité.
Pour faire une première différence entre justesse et justice, je prends l’exemple ironique de Calimero lorsqu’il dit « C’est vraiment trop inzuste » en zézayant, il se plaint d’une injustice, victime dérisoire du syndrome de la persécution, un peu comme les manifestants ci-dessus mentionnés.
Une première approche de ce qu’est la justesse, c’est de dire qu’une chose est exacte, conforme à ce qu’elle doit être, qu’elle est juste. Le contraire du juste, au sens de la justesse, n’est pas l’injuste, mais le faux. Si je prends l’exemple du sport, l’injuste et l’inexact sont principalement illustrés par le dopage. Les résultats et le palmarès d’un conçurent dopé sont évidemment irrecevables par rapport à ses concurrents sains, et la sanction de justice sera de l’éliminer.
Une deuxième manière d’aborder la notion de justesse est de dire qu’une chose est faite avec exactitude, précision, sans faute ni écart. Les gestes de tous les sportifs, qu’ils soient gymnastes, plongeurs de haut vol, athlètes ou équipiers d’un sport collectif, doivent être exécutés avec précision, rigueur et régularité pour être efficaces, engendrant souvent une harmonie visuelle comme celle que donne, par exemple, un saut à la perche réussi, l’envol d’une gymnase au cheval d’arçon. Tir à l’arc et aux armes à feu, prises de judo et autres approches des sports de combat demandent de la justesse, de la dextérité et de l’adresse.
On retrouve bien évidement cette notion dans tous les gestes des artisans chevronnés dont les éléments constitutifs d’une réalisation se doivent d’être « ajustés ». Il en est de même chez les artistes qui réalisent des œuvres d’art nepermettant pas l’approximation, encore que certaines œuvresde cet art, dit contemporain, permettent d’en douter. Par contre, un chanteur se doit de chanter avec justesse, un musicien d’orchestre de jouer juste, un acteur de donner de l’authenticité à ses personnages par sa justesse d’interprétation.
La justesse n’est pas quelque chose qui se constate mais qui se reconnaît. La justesse d’un raisonnement s’apprécie au résultat qu’il engendre. Ce peut–être la qualité de choses qui se rapportent l'une à l'autre avec une grande exactitude, comme la répétition des mêmes causes qui engendrent les mêmes effets, le passage d’un témoin à la course de vitessepar équipes, la concordance d’un duo vocal ou encore la simultanéité des mouvements de la natation ou des plongeons synchronisés, de la gymnastique rythmique, etc.
Tomber juste, c’est en effet tomber exactement là où il fallait, quand il fallait, au bon moment, à point nommé ou « à pic » comme on dit. Pour insister sur les Jeux Olympiques, on ne peut pas dire que la Covid 19 soit tombée au bon moment, pour engendrer une inexactitude de date en parlant des jeux de Tokyo 2020 qui se déroulent en 2021. Ce décalage dans le temps n’a pas empêché ceux-ci de se dérouler avec juste que qu’il faut d’enthousiasme et d’émotion devant des performances tout juste époustouflantes, avec des records olympiques justement homologués, avec cependant quelques uns réalisés… « de justesse » ! Ça n’est que justice que de le reconnaître et d’attendre avec impatience que ces jeux viennent à Paris justement !
En attendant, j’ai le sentiment qu’il serait juste que les Talibans participent aux Jeux paralympiques compte tenu de leur handicap mental !
Une citation pour finir : « Celui qui ne veut agir et parler qu'avec justesse finit par ne rien faire du tout. » (Friedrich Nietzsche).
Jean-Guy
Du doute
J’ai des doutes sur la pertinence d’écrire sur le doute.
Ce sentiment ordinaire, quotidien, universel et récurent peut s’analyser à différents niveaux dont le plus élevé fait référence à la philosophie.
On parle alors du doute cartésien qui pourra piquer l’intérêt de mes amis lecteurs intellectuels ou non.
Le doute ordinaire est l’expression d’un sentiment d’incertitude, tant sur l’évènementiel que sur les personnes. Il est fréquent, et c’est un état naturel de l’esprit qui s’interroge, quisurgit spontanément, et a plusieurs significations selon que l’on emploie les formules, « j’en doute », marquant un soupçon concernant l’existence ou la réalisation d’un fait, ou encore, « je doute de lui » hésitation sur la conduite à tenir face à quelqu’un que l’on ne connaît pas bien, ou « je m’en doute » qui est plutôt une affirmation d’acceptation raisonnée
Douter est une marque d’intelligence, car cela demande de la réflexion, une certaine capacité d’analyse avant une prise de décision. On oppose au doute ordinaire « la foi du charbonnier »,qui est une expression d’origine religieuse exprimant le fait d’avoir une conviction absolue sans aucun support rationnel.
Nous avons à l’heure actuelle à propos du vaccin anti covid, un « front du refus » qui conteste la pertinence et de lalégitimité à obliger les gens à se faire vacciner. Les arguments scientifiques sont mis en doute ainsi que la compétence des chercheurs et des médecins, et en fond de sauce, une opposition latente à toutes formes de pouvoir. La peur le dispute à la mauvaise foi. Craindre des effets secondaires hypothétiques à long terme, en prenant le risque d’une contamination invalidante immédiate, me semble être une attitude totalement irrationnelle et irresponsable. Non seulement ils doutent, mais ils redoutent !
De plus, vouloir comparer ces décisions de salut public à une coercition insupportable exercée durant la dernière guerre mondiale est inepte et même obscène. Probablement le fait de gens qui « ne doutent de rien », persuadés qu’ils détiennent la vérité vraie !
Pour élever le débat, évoquons les Sceptiques qui étaient des philosophes qui pensaient, non pas que la vérité était inaccessible, mais qu’on n’était jamais sûr de l’avoir atteint. « Que sais-je ? » se demandait ainsi Montaigne, l’une des grandes figures du scepticisme de la Renaissance.
Loin d’envisager le doute comme un renoncement définitif à la vérité, Descartes oppose ainsi au doute négatif des sceptiques, ce que l’on a appelé le doute méthodique. C’est l’attitude du sujet pensant qui considère tout jugement sur tout objet de connaissance comme douteux afin de tendre vers la plus grande certitude possible, la certitude première étant celle du sujet pensant lui-même. Cela amène notre philosophe à exprimer cette vérité par la formule, « Cogito ergo sum ».
Ainsi, douter ce n’est pas renoncer à la vérité mais entreprendre une démarche pour la trouver.
Juridiquement, un accusé dont on ne peut démontrer la culpabilité faute de preuves, est innocenté au « bénéfice du doute ».
Il est des proverbes qui affirment les bienfaits du doute : « Le doute est le commencement de la sagesse », ou encore « Dans le doute abstiens-toi ! »Pourtant j’ai des doutes sur la bonté innée de l’homme selon Rousseau. J’ai des doutes sur sa capacité à lutter contre le dérèglement climatique. J’ai des doutes sur sa volonté à vouloir vivre en paix. J’ai des doutes sur l’utilité du tourisme spatial pour promouvoir les loisirs pour tous. J’ai des doutes quant à la disparition des états totalitaires. J’ai des doutes sur une diminution à long terme des inégalités sociales. J’ai des doutes sur l’évolution de l’intelligence humaine en regard de l’intelligence artificielle. J’ai des doutes sur le pouvoir des médiums à communiquer avec l’au-delà… En matière de sport, toutes performances hors normes suscitent le soupçon de fraude par le dopage, et le doute s’installe quant à l’honnêteté de leurs réalisations.
Vous pouvez allonger la liste au point de s’interroger sur le moyen de vivre sans douter.
On ne peut parler du doute sans évoquer « le doute religieux »qui est une incertitude sur l’existence de Dieu et qui sera le fondement du « pari de Pascal » : si Dieu n’existe pas, le croyant et le non-croyant ne perdent rien. Par contre, si Dieu existe, le croyant gagne le paradis tandis que le non-croyant est enfermé en enfer pour l'éternité.
On aurait pu trouver dans la religion une sorte de conclusion sur le doute en évoquant le comportement de l’apôtre « Thomasl’incrédule » qui ne croyait que ce qu’il voyait. Or, depuis quelque temps maintenant on est confronté à des phénomènes inédits qui se manifestent sous la forme de « fakes news », traduit en français par « informations fallacieuses », et qui sont principalement transmises par ce qu’on appelle « les réseaux sociaux », ou encore la falsification des images par des manipulations informatiques. On ne peut plus croire avec certitude, ni ce qu’on lit, ni ce qu’on entend, ni ce que l’on voit, et le doute est un moyen de se protéger des mensonges et autres délires « complotistes » que des firmes internationales malveillantes sont chargées de concevoir et de diffuser dans le monde pour le déstabiliser dans la confusion et le chaos.
Pourtant, par rapport à l’autorité rationnelle des faits avérés, il y a dans le doute une notion de possible, une part de rêverie et d’imagination qui donne à la vie une dimension poétique et exaltante que nous devons entretenir pour ne pas rester trop «raisonnable », matérialiste, trop plein de certitudes décevantes.
Sans aucun doute, cet essai vous fera douter de la justesse de mes réflexions.
Dudu
De l’attente
Dans une vie on est inévitablement confronté à un épisode d’attente.
Dans notre monde du numérique, le citoyen informatisé ne supporte plus l’attente, considérée comme une perte inadmissible de temps. La technologie s’efforce de lui donner satisfaction en inventant des moyens de communiquer, des ordinateurs, des tablettes, des Smartphones de plus en plus performants, et la 5G ou la fibre optique ne seront sans doute pas suffisantes pour assouvir sa fébrilité addictive. Est-ce que l’exigence du « tout tout de suite » est un progrès dans la construction de soi et dans la recherche du bonheur, je n’en suis pas persuadé.
L’attente est une expérience qui peut nous entraîner vers l’euphorie la plus gratifiante ou au contraire être un moment de grande angoisse.
La plus courante est celle qui concerne notre santé lorsque nous attendons le verdict d’un examen biologique ou radiologique, et que nous sommes à nous ronger les sangs dans la salle d’attente (la bien nommée !) du praticien qui nous suit. Dans ces moments là, l’imagination est notre plus grande ennemie, car elle échafaude des scénarios le plus souvent pessimistes, dont l’issue est rarement heureuse. C’est sans doute une sorte d’autodéfense qui nous met en condition pour entendre une sentence redoutée ou qui, au contraire, en se préparant au pire, se ménage une bonne surprise.
Puisque nous sommes dans le domaine médical, je ne peux que constater, en le déplorant, que les soignants dans leur ensemble, probablement débordés de leur côté, ne font pas grand cas de l’emploi du temps de leur patientelle en abusant des retards dans leurs rendez-vous, ce qui multiplie les temps d’attente de celle-ci dans leurs consultations, et explique sans doute cette condition de « patients » … impatients.
Hospitalisé, le malade est allongé sur un brancard dans le couloir d’un service chirurgical dans l’attente d’une anesthésie pour une opération du cœur, de la pose d’une prothèse ou tout autre intervention. Le va et vient des infirmières qui frôlent sa couche sans le voir, ne contribue pas à apaiser son appréhension. C’est un grand moment de solitude.
Cette attente est quelquefois justifiée par des exigences naturelles, et l’image la plus caricaturale de l’homme stressé, est sans doute celle du papa que l’on a éloigné de sa parturiente épouse, attendant dans l’angoisse la venue de leur premier enfant. Cette attente-là est le plus souvent récompensée par le bonheur d’entendre un premier vagissement, annonciateur de ceux qui perturberont les nuits des nouveaux parents.
L’attente des résultats d’examen pour le potache est plutôt oppressante, comme l’est celle de son bulletin d’embauche pour l’ouvrier.
Au restaurant notre tolérance de l’attente est proportionnelle à la notoriété de celui-ci.
Notre attente de la fin de la pandémie nous semble interminable.
Chez les croyants, l’attente est vécue différemment selon qu’ils attendent un Messie ou redoutent l’Apocalypse.
Plus pénible à évoquer est l’attente des victimes aux mains de leurs bourreaux qui s’en servent comme d’un raffinement supplémentaire pour créer de l ‘angoisse chez celui qu’il veulent faire avouer ou châtier par la torture. Le tortionnaire n’a pas d’horaire, sauf à faire durer la terreur, et après une première séance d’atrocités qui a laissé pantoise sa victime, il laisse passer de longues minutes, des heures, voire des jours, avant de s’en approcher à nouveau. Sur son lit de souffrance le malheureux attend dans l’inquiétude et essaie de se préparer à de nouveaux tourments, à supporter l’insupportable. Il faut saluer le courage de ceux qui ne flanchent pas, à l’image d’un Jean Moulin, et de bien d’autres, ou la lucidité résignée d’un Damien le régicide, qui avant d’être supplicié aurait dit : « la journée va être rude ! ».
Heureusement il est des attentes sources de contentement. Celle du futur papa que j’évoquais plus haut peut également être évoquée comme positive ; ne dit-on pas l’attente d’un «heureux événement » ? Pour madame, se représenter la montre ou le collier que son mari lui a promis pour son anniversaire est un moment d’attente agréable, comme pour monsieur qui guette la livraison de la voiture de ses rêves.
Les joueurs se servent de l’attente pour générer des émotions fortes. La Loterie Nationale, le Tiercé et les jeux de hasard des casinos, leur procurent des poussées de dopamine, cette hormone qui allume dans le cerveau les circuits de récompense.
Mais il en est d’autres qui remontent à l’enfance comme l’attente de la venue du Père Noël, de celle de retrouver ses parents après une longue absence, et celle, contemporaine, de pouvoir enfin embrasser ses grands-parents confinés depuis de longs mois par la Covid. L’espoir optimiste est la condition
impérative pour une attente heureuse.
À propos d’attente heureuse, on peut citer malicieusement cette boutade de Georges Clémenceau : « le meilleur moment de l’amour, c’est quand on monte l’escalier ».
Dudu
À la recherche du latin perdu
Mes « humanités », comme on appelait autrefois ces années d’études de la 6e au bac, on duré 9 ans au lieu de 7 en raison du latin que j’avais du mal à maîtriser dans cette filière classique. Je pense que la scientifique se serait déroulée de la même façon avec mon « analphabétisme numérique ». Une version, étudiée la veille de l’examen, m’a évité de tripler ma première.
Pourtant je ne regrette pas ce parcours laborieux qui m’a initié (avec peine il est vrai !) à la subtilité du latin qui est à l’origine de bien des langues occidentales, italien, espagnol, roumain, occitan, portugais, français, leur donnant une sonorité plus ou moins reconnaissable à leurs racines communes en modulant les accentuations. J’aime ces Québécois qui s’obstinent à préserver le parler de leurs ancêtres provinciaux, ces « maudits Français » !
Il me revient en tête une phrase célèbre tirée des « Catilinaires « de Cicéron : « Qousque tandem, Catilina, abutere patientia nostra » que même des non latinistes pourront traduire. C’est confirmer que nous aussi, nous avons été nourris au lait de la louve de Romulus et Remus.
Et comme la mémoire est ainsi faite de bribes résurgentes, comme de petits nuages dans un ciel bleu, me vient à l’esprit une phrase en espagnol appris en deuxième langue après l’anglais : « Te conozco, bacalao, aunque vengas disfrazado ». C’est déjà un peu plus ardu à traduire, mais elle est couramment employée en Occitanie pour dire que quelqu’un se paye votre tête.
Après toutes ces années je ne parle correctement aucune de ces trois langues, ce qui, en dehors de ma « cancritude », constitue sans doute un échec patent de la pédagogie linguistique à l’école. Que peut-on tirer utilement parlant, à part une curiosité historique ou une prétention à l’érudition, de l’étude des œuvres de Cicéron, Sénèque ou César, de Shakespeare et Cervantes ? C’est l’italien que je maîtrise le mieux après des cours du soir suivis durant ma vie d’adulte…
De nos jours, le latin, qualifié de langue morte, a été longtemps un langage destiné à enjoliver la messe avec tout un répertoire repris en chœur par les fidèles qui n’en comprenaient pas un mot des antiennes liturgiques, entonnant à pleins poumons des « Ora pro nobis » ou « Gloria in excelsis deo ! », et depuis une réforme de soi-disant modernité, comme le chantait Brassens. « Sans le latin, sans le latin, la messe nous emmerde ! »
En écoutant certaines femmes et hommes publics, politiciens ou journalistes, je me dis que notre belle langue devrait retrouver quelquefois les fondamentaux de son origine latine, ou grec, lui donnant toute ses nuances et ses résonances, nous permettant de traduire des mots usuels en reconnaissant leurs radicaux, leurs préfixes, leurs suffixes qui en constituent la formation. . Ainsi « équidé» qui vient de equus, cheval ; « apiculture », d’apis, abeille, « gynécologue », de gyno, femme, etc. « Incultus » veut dire « en friche » !
Je ne résiste pas à vous rapporter une phrase d’une député dont je tairai le nom, « On s’est lancés en roockies, on a débarqué sans connaître les codes ni le fonctionnement… On a tenu 35 heures de stream en se relayant, avec au total 1000 followers et 5720 viewers uniques »… en français dans le texte !
Je préfère citer Roger Martin du Gard, qui est à mes yeux un grand écrivain, semblable à un maitre verrier choisissant et agençant méticuleusement les mots de la langue de Molière, comme les éclats de verre pour un vitrail, et qui écrivait : « La vie serait impossible si l’on se souvenait de tout. Le tout est de choisir ce que l’on doit oublier ». Ou encore, « Le problème de la patrie n’est peut-être au fond, qu’un problème de langage. Où qu’il soit, où qu’il aille, l’homme continue à penser avec les mots, avec la syntaxe de son pays ».
C’est avec ces mots et cette syntaxe bien français (le masculin l’emporte avant la mode de « l’inclusive language » !) que je vous transmets mon appétence et mon amour pour ma langue maternelle : « Sermo patrius ! »
Dudu
Éloge de la nuance
Pour peu que l’on s’intéresse à l’actualité et aux médias qui se chargent de la transmettre et de la commenter, de quoi peut-on s’étonner en dehors de « l’outrance » qui y règne.
Cette exagération des attitudes et des propos qui l’accompagnent est partout, envahissant tous les domaines de la vie publique et sociale, les protagonistes de celle-ci ne faisant aucun cas de l’avertissement de Talleyrand qui disait « Tout ce qui est excessif est insignifiant ».
La caricature de cette dérive nous est donnée par les titres racoleurs et simplistes des journaux de tous bords et par les chaînes d’information continue où des journalistes patentés s’adonnent à des joutes oratoires aussi vaines que bruyantes,le degré des décibels émis étant inversement proportionnel à la médiocrité des arguments.
L’un de ceux-ci est particulièrement répandu par les opposants farouches du chef de l’État qui ne démordent pas de l’idée que les mesures entreprises pour lutter contre la pandémie sont moins sanitaires que politiques. Une telle assertion est tellement polémique qu’elle suscite le tumulte ci-dessus cité, sans qu’aucune preuve avérée puisse entraîner une adhésion totale des partis. Des spécialistes de la contradiction systématique et de l’outrance, sont invités sur les plateaux télévisés, pour engager des joutes verbales qui feront le « buzz » et booster l’audimat. Il n’en ressort rien de constructif.
Depuis plus d’un an, il n’y a pas un jour, pas une heure,sans qu’on nous « informe » sur les derniers ravages de la Covid-19, et sur les initiatives prises - à titre provisoire – pour essayer de l’enrayer. C’est un sujet très préoccupant en effet,et il est légitime que chacun y réfléchisse et le commente, en acceptant ou non les fameux « gestes barrière » et d’hygiène recommandés par le Ministère de la Santé, sachant que ceux-ci ne sont pas uniquement une protection individuelle, mais aussi et surtout, un moyen d’éviter de contaminer les autres.
Mais n’entend–t-on pas à ce sujet une surenchère sur ce que certains appellent une « dictature sanitaire » ? N’y-t-il pas là une confusion mentale qui décrédibilise ces auteurs qui veulent ignorer que les dictatures ne « restreignent » pas les libertés mais les « suppriment ».
« Dedans avec les miens, dehors en citoyens » est-ce une maxime sortie du « Petit Livre Rouge « ?
La vaccination est le nouveau sujet de critiques au sein des commentateurs avisés - ou pas. Ne pas donner de perspective d’espoir pour sortir de cette mauvaise passe est considéré comme anxiogène par certains, mais donner un calendrier précis des injections prévues par catégories d’âge, ne rassure et ne convainc pas plus. Il y a des « antivax »enragés que l’on estime à environ 30% des Français. C’est vraiment beaucoup pour le pays de Pasteur, inventeur de la vaccination. La polémique sur l’Astra Zeneca ne facilite pas les choses il est vrai, pas plus que celle sur la fameuse chloroquine d’un certain professeur marseillais. Mais il faudrait sans doute un peu plus de modération, de raisonnement et d’honnêteté chez ceux qui ne peuvent nier que le vaccin a éradiqué des maladies mortelles comme la tuberculose, la variole, le paludisme, la diphtérie, la coqueluche, la rougeole et bien d’autres…
On dit que la France a la chance d’avoir 60 millions de virologues !
Pour rester dans l’actualité, n’y a-t-il pas également outrance chez certains élus se réclamant de l’écologie, de vouloir supprimer le rêve d’Icare chez les enfants, ainsi que les arbres de Noël et le Tour de France ? L’écologie punitive n’a aucune chance de susciter l’adhésion de nos concitoyens qui ont déjà du mal à respecter un tant soit peu la nature, par exemple en ne jetant pas leurs plastiques, leurs cannettes ou leurs masques dans les rues.
« Quand les hommes sont fous, le bon sens leur fait mal à la tête » : Alfred de Vigny
Dudu
État d’âme
En cette fin d’hiver, alors que le printemps nous fait des clins d’œil avec des journées ensoleillées aux températures au dessus de la moyenne des saisons, entrecoupées d’autres journées moins clémentes, venteuses, voire carrément glacées, qui n’incitent pas à sortir, il me vient à l’esprit un verbe qui pourrait décrire mon état général : je m’étiole !
Plus souvent employé pour désigner l’état de dépérissement d’une plante, puis-je me comparer à un végétal pour parler de ce « coup de mou » passager sans doute provoqué par cette période de confinement qui entraîne une certaine angoissante solitude et nous isole les uns des autres ?
Que dit le dictionnaire à propos de ce mot ?
« Se dégrader en perdant toute énergie, toute vitalité de manière alarmante pour devenir fragile et devenir souffreteux »
Me dégrader, ça je veux bien l’admettre et je le constate au fur et à mesure que les années s’accumulent, et cela malgré des efforts pour garder un semblant de forme physique et des facultés intellectuelles les plus convenables possibles.
Pour l’énergie, si elle est passablement entamée en cette période de confinement et de couvre feu imposés, elle ne m’a pas complètement abandonné, me permettant de m’adonner à mes hobbies habituels de marche, de golf, d’écriture, de lecture et de peinture.
Quant à la vitalité, c’est peut-être là que je pourrais sentir une baisse d’intensité, qui sans être alarmante, me donne le sentiment de me fragiliser sans pourtant aller jusqu’à être souffreteux.
N’ai-je pas supporté sans problème ma vaccination antivirale ?
Je ne crois pas être seul à éprouver ce malaise saisonnier, assez récurrent chaque année en cette période post hivernale qui voit la nature s’éveiller lentement avant l’explosion du « sacre du printemps », qui, nous l’espérons, nous permettra de revenir à une vie dite « normale ». Mais voilà que pour la deuxième année consécutive, en mars, ce mal-être domestique accentue sa pression avec des sentiments de peur, de lassitude et d’incertitude sur notre avenir sanitaire, social et économique. Les sondages affirment que le moral des Français, et en particulier de ses étudiants, est au plus bas.
Pour ma part, je m’étiole peut-être, mais je garde le moral en essayant de relativiser et de comparer le malheur des défavorisés et des peuples opprimés et démunis de tout.
Cependant, dans ce contexte déprimant, ne doit-on pas se réjouir de voir ces mêmes « Gaulois réfractaires » ne pas renoncer à leur tradition contestataire de polémiques médiatiques, d’agitation et d’appel à la révolte. ? Serait-ce une parade à « l’étiolement » ?
Par contre, peut-on accuser le manque d’exercice physique, de compétitions sportives et de fréquentation des salles obscures, pour tenter d’expliquer le comportement révoltant d’une jeunesse marginale qui fait régner dans des quartiers pas forcement défavorisés, un regain de violence meurtrière qui fait dire à la Presse que nous vivons un moment de dérèglement moral qui pourrait s’apparenter à celui décrit dans le film de Kubrick « Orange Mécanique » ? Je ne le crois pas, mais reste très inquiet devant cette précocité dans le crime, cette banalité de la violence, cette barbarie d’un autre âge où l’on n’accorde plus aucune valeur à la vie humaine.
Il faut que nos dirigeants se penchent aussi sur ce douloureux problème en plus de celui que pose les effets dévastateurs de la Covid qui impose des mesures contraignantes et pénibles pour chaque citoyen, et qui sont systématiquement critiquées au rythme de leurs annonces officielles hebdomadaires, voire journalières. Le gouvernement semble, avec calme et détermination, poursuivre sa ligne de conduite qui supporte la comparaison avec celle des autres pays en se référant au mot de Talleyrand : « Quand je m'observe je m'inquiète, quand je me compare je me rassure. »
Quand je regarde les jonquilles de mon jardin et les feuilles vigoureuses qui annoncent les tulipes du printemps qui sont loin de s’étioler, je ne peux qu’être positif à mon tour et avoir foi en l’avenir, avoir de l’espoir et vous souhaiter d‘y croire avec moi.
Dudu
Rêverie d’un jardinier amateur
Ça y est ! Je me suis adonné à l’un de mes passe-temps favori, lequel n’a lieu qu’une fois par an
J’ai reçu, comme tous les ans à la même époque, mes 20 sachets de graines de la SAJA (Société des Amateurs de Jardin Alpin) que j’avais commandés en septembre. Il s’agit d’un travail minutieux de contrôle des graines numérotées pour les identifier et de leur restituer leur nom scientifique au moyen d’un répertoire, tant sur les sachets eux-mêmes que sur les étiquettes qui serviront de repère sur les pots de semis. Parallèlement je note sur un cahier spécial, qui doit contenir à l’heure actuelle plus de 300 noms de plantes, le nom latin des nouvelles, avec leurs caractéristiques spécifiques de sol, d’exposition, de hauteur, de couleur et de date de floraison.
Ce travail préliminaire accompli, il reste à préparer un substrat spécial, léger, aéré et riche qui va recevoir les graines semées à l’aide d’un semoir calibré. La vingtaine de pots remplis de cette terre humidifiée reçoit un échantillon dûment répertorié des précieuses graines sélectionnées et distribuées par d’autres membres de l’Association et qui proviennent de leur jardin.
J’ai essayé plusieurs techniques pour une pousse sécurisée, dans une pièce de la maison, dans une serre froide ou chauffée, pour ne retenir depuis ces dernières années qu’une exposition à l’air libre qui alterne gel et réchauffement comme dans la nature. De toutes façons, chez moi, quel que soit le mode, il faut savoir qu’environ la moitié de ces graines, pour diverses raisons inexplicables, lèveront. Certaines ont perdu leur pouvoir de germination, mais pas que !
Mais quelques temps plus tard, je ne peux décrire la joie, l’émotion, le plaisir que j’éprouve à la vue de l’éclosion de ces plantules vertes, de bonne volonté, si menues, si fragiles, porteuses d’espoir de voir se développer la plante que j’ai choisie pour sa forme, sa beauté ou sa rareté, et qui fera l’orgueil de ma rocaille.
Il y a encore un long chemin semé d’embûches avant d’en arriver là. La croissance de ces plantes de montagne, que nous, gens de la plaine, nous efforçons d’acclimater dans un environnement contre-nature, est affaire de spécialistes qui demande beaucoup de précautions et de soins. Je suis loin d’en être un, et je n’ai que mon obstination à renouveler l’expérience pour persévérer dans l’échec. Depuis que je cultive ces plantes délicates, il ne m’en reste à peu près qu’un dixième qui végète au milieu des cailloux.
Aussi, je sais me contenter de ce plaisir éphémère que constitue l’éclosion d’un Edelweiss, d’une Gentiane, d’une Campanule ou d’un Saxifrage et de bien d’autres. J’ai l’impression d’être à l’origine du monde en participant à donner la vie ! Après, advienne que pourra !
Il est vrai que quand j’étais petit, on me parlait d’une graine plus facile à planter qui donnait soit des choux, soit des roses d’où sortait un petit garçon ou une petite fille…
Je tenais à vous faire partager ce petit moment de bonheur simple qui donne du charme à la vie… de retraité. Et vous que vous est-il arrivé d’heureux aujourd’hui ?
Dudu
Effet secondaire
Mon chien ne tenait plus en place depuis maintenant 3 jours, 3 jours au cours desquels nous n’avions pas pu faire notre promenade bi-journalière. Même l’alinéa 8 de « l’attestation de déplacement dérogatoire du couvre-feu » qui permettait les« déplacements brefs, dans un rayon maximal d’un kilomètre autour du domicile pour les besoins des animaux de compagnie »venait d’être abrogé. Depuis trois mois maintenant, une sortie unique dans la semaine m’avait permis jusqu’ici de nous ravitailler en produits dits de « première nécessité », et cela constituait le seul moment où je pouvais un peu me dégourdir les jambes, et croiser mes semblables silencieux, masqués et méconnaissables qui déambulaient dans les rues comme des zombies.
Cette injonction impérative de « rester chez soi » était l’objet de polémiques violentes et ininterrompues dans les médias et sur les fameux « réseaux sociaux » où les anonymes laissaient libre cours à leurs débauches numériques, pleines de défoulements injurieux et morbides. Des manifestations d’opposants en mal de défoulement avaient régulièrement lieu dans les rues des grandes villes, occasionnant des blessés et des arrestations. On déplora même des assassinats parmi les employés de Pôle Emploi,perpétrés par un cadre licencié rendu fou par le chômage. Des étudiants déprimés par la solitude et le travail « en ligne » éreintant, se suicidaient par dizaines. Les Français, comme « 66 millions de procureurs » accusaient leurs dirigeants d’incurie, face à un phénomène sanitaire interplanétaire inédit dont personne(à part de « beaux esprits » spécialistes de la polémique et de la contradiction stérile) ne pouvait se vanter de connaître la solution pour le résoudre. La vie quotidienne était réglée par des injonctions venues d’en haut qui étaient fluctuantes et souvent contradictoires, au gré des « facéties » de ce foutu virus décidément très ingénieux et carrément primesautier.
On pouvait distinguer deux catégories de Français. Les « villotiers » comme les appelait Gaston Couté, et les ruraux. Certains des premiers avaient la chance de posséder une ou plusieurs résidences secondaires en province dans lesquels ils pouvaient se retrancher pour éviter un confinement étouffant. D’autres, les plus nombreux, n’avaient qu’un espace vital très restreint, où devait s’entasser leurs familles nombreuses peu habituées à vivre ensemble, comme emprisonnées. On déplorait de nombreux drames domestiques où la discorde et la violence prenaient des proportions inédites. Les femmes et les enfants en étaient les premières victimes. Ce phénomène était plus rare dans les petites villes et villages, où la plupart des habitants possédaient un jardin, si minime fût-il, qui permettait de prendre de la distance, de « prendre l’air » et d’admirer la nature.
C’est ce que j’étais en train de faire en caressant mon chien sur ma terrasse, assis sur un fauteuil en rotin, un verre à la main et un cigare aux lèvres. Je connaissais chaque massif et chaque pierrede mon jardin de rocaille, et je m’émerveillais de la voir se transformer tout au cours de l’année, selon les saisons, en déclinant immuablement ses couleurs du blanc des Perce-neige,au jaune des Narcisses, au violet des Cyclamen, au bleu des Gentianes jusqu‘à l’explosion symphonique colorée du printemps. Mon attention fut attirée par la forme inhabituelle des Primevères qui me semblaient beaucoup plus grosses que d’habitude et dont les couleurs étaient altérées dans un gris malsain et inquiétant. Les pousses de Tulipes me paraissaient exagérément importantes et grisâtres elles aussi. Je regardais avec stupeur les poissons rouges de mon bassin sauter en l’air en faisant des cabrioles dignes de celles que font les cétacés euphoriques en pleine mer. Ils me paraissaient également plus gros en cette sortie d’hiver où ils avaient vécu sous la glace. Mon chien lui-même avait un comportement que je ne lui connaissais pas, grognant et tournant en rond sur place comme trouver sa place sur un coussin imaginaire.
Très intrigué, j’appelai mon épouse pour lui faire remarquer ces changements inquiétants dans mon habituel et confortable environnement. Elle m’assura qu’elle ne voyait rien de ce que je venais de décrire, et, incommodée par la fumée de mon cigare, elle rentra dans la maison. Le chien la suivit.
Resté seul sur ma terrasse, je levai les yeux vers le ciel bleu azur juste pollué par un nuage en forme de Coronnavirus qui semblait me défier. Je me rappelai alors que je venais de me faire vacciner, et que mes hallucinations pouvaient être un éventuel effet secondaire non décrit par la Science, que je devrais peut-être signaler, quitte à passer pour un doux illuminé.
Je n’en ai rien fait, et je vous prends pour seuls confidents, sachant que je n’ai pas de chien !
Prenez soin de vous !
Dudu
La non formulation de vœux (partie 1)
Amis, de grâce ne montrons
Pas pour ce nouveau réveillon
Un air revêche
Tant d’années se sont passées
Où nous avons tous essayé
D’être de mèche…
J’ai l’honneur fou
De ne pas vous souhaiter l’an neuf
N’exprimons pas
Comme à chaque fois
De nouveaux bluffs
Laissons le champs libre aux oiseaux
Nous serons de nouveau prisonniers sur parole
Au diable les optimistes vœux
Et tous ces beaux souhaits heureux
Qui tous s’envolent
J’ai l’honneur fou
De ne pas vous souhaiter l’an neuf
N’exprimons pas
Comme à chaque fois
De nouveaux bluffs
Je me souviens que tout petit
On me disait que dans la nuit
Le Père Noël
Me déposerait des cadeaux
Des chocolats et des gâteaux
En ribambelle
J’ai l’honneur fou
De ne pas vous souhaiter l’an neuf
N’exprimons pas
Comme à chaque fois
De nouveaux bluffs
Et quand je suis devenu grand
À l’âge où l’on fait un bilan
Un inventaire
J’ai côtoyé bien des humains
Parmi lesquels quelques gens bien
Et leur contraire
De ne pas vous souhaiter l’an neuf
N’exprimons pas
Comme à chaque fois
De nouveaux bluffs
Maintenant je suis en retraite
Je suis pourtant toujours en quête
D’un avenir
Qui serait plus ou moins radieux
Où les hommes seraient heureux
Plein de plaisir
La non formulation de vœux (partie 2)
J’ai l’honneur fou
De ne pas vous souhaiter l’an neuf
N’exprimons pas
Comme à chaque fois
De nouveaux bluffs
Or cette année qu’est-ce que j’ai vu ?
De la violence plein les rues
Des gilets jaunes
Une pléthore de revendications
Une envie de révolution
Dans l’hexagone
J’ai l’honneur fou
De ne pas vous souhaiter l’an neuf
N’exprimons pas
Comme à chaque fois
De nouveaux bluffs
On dit ce siècle spirituel
Il est pourtant irrationnel
Et régressif
Voir la montée de l’intégrisme
Et du plus noir obscurantisme
Très agressif
J’ai l’honneur fou
De ne pas vous souhaiter l’an neuf
N’exprimons pas
Comme à chaque fois
De nouveaux bluffs
Il ne manquait plus qu’un virus
Pour aggraver le processus
Des avanies
Bouleverser la vie des gens
Les obliger au confinement
Gâcher l’envie
J’ai l’honneur fou
De ne pas vous souhaiter l’an neuf
N’exprimons pas
Comme à chaque fois
De nouveaux bluffs
D’avoir souhaité une bonne année
À tous ceux que l’on aimait
Et d’être heureux
Ça n’a pas vraiment réussi