Les chroniques à Dudu

 

Le cerveau
        
 
 
 
Ce prodigieux ordinateur humain est le siège de la cognition, de la mémoire et des émotions. Il est l’organe qui perçoit, qui pense et qui agit. Il est capable d’élaborer nos idées et nos raisonnements, nos sentiments, notre conscience et notre liberté ce qui constituent son psychisme, que d’aucuns appellent l’âme.
         Il dépense à lui seul 20% de l’énergie corporelle.
         Le cerveau humain a la même structure générale que le cerveau des autres mammifères, mais il est celui dont la taille relative par rapport au reste du corps est devenue la plus grande au cours de l'évolution. C’est un enchevêtrement d’environ 170 milliards de cellules protoplasmiques qui peuvent former de 50 à 60 000 synapses, ces connexions nerveuses dont l’ensemble forme l’encéphale.
         Les premières activités cérébrales commencent dès les premières semaines in utero où les structures cérébrales se forment et les premières connexions neuronales se mettent en place. C’est une période cruciale pour le développement futur de l’enfant. Les stimulations de son environnement (voix des parents, musique, attouchements, etc) permettent aux neurones du bébé de se connecter et de se renforcer. À cette période on constate ce qu’on appelle « l’élagage synaptique », où les connections les plus utilisées deviennent plus fortes et celles qui sont inutiles ou qui fonctionnent mal sont éliminées. Chez les tout-petits, la plasticité du cerveau permet de récupérer, plus ou moins selon la gravité de la perturbation, ses fonctions initiales. On estime que la maturité du cerveau arrive vers 25 ans.
        L’évolution du cerveau humain suscite l’intérêt des scientifiques depuis longtemps. Ainsi l’augmentation de la taille du cerveau a été associée à l’apparition d’aptitudes remarquables comme la capacité à fabriquer des outils, la bipédie, la chasse et le raffinement de l’interaction sociale, les talents artistiques et le développement du langage. Bien entendu, avec la taille c’est aussi la croissance de certaines parties du cerveau (notamment le cortex) qui entrent en jeu.
        D’après certains  neurobiologistes américains: « nos nouvelles mesures concernant la capacité de la mémoire du cerveau multiplient par dix les estimations précédentes ». De même, une théorie répandue affirme que nous n’utilisons qu’une petite partie de nos ressources mentales et physiques : environ 10 % de notre cerveau. Cependant, il n’existe aucune étude scientifique qui a prouvé cette information.
        Tout cela constituerait une bonne nouvelle à condition que l’homme s’en serve pour améliorer la vie au lieu de s’en servir pour la détruire.
        Certes il l’a fait au cours de l’histoire avec les inventions de l’imprimerie, du téléphone, du phonographe, de l’automobile, du premier avion, des antibiotiques, de la machine à laver, de la télévision, de la conquête spatiale, ou du « scroll » en informatique, etc
        Pourtant l’expérience de Milgram ne laisse pas de nous inquiéter en mettant le doigt sur la malléabilité  du cerveau humain dont on pourrait reconditionner le libre arbitre par des procédés multiples de « lavage du cerveau ». Certains pays totalitaires les ont couramment utilisés et les utilisent encore.
        Le cerveau humain est également sujet à de multiples  troubles mentaux allant du trouble bipolaire  à la schizophrénie en passant par l’autisme, l’anxiété ou la dépression, les comportements perturbateurs. Par manque de structures hospitalières,  la France est en retard sur les traitements de la santé mentale bien qu’elle soit la championne des prises d’anxiolytiques dans le monde. Cependant, le coût des troubles psychiques est devenu le coût de santé le plus important pour la société, 109 milliards par an, ne pouvant pourtant empêcher un taux de suicides d’environ 25 par jour comptés en 2015.
        Dans les milieux interlopes et de criminalité, on parle du « cerveau » en désignant le chef de ces bandes malfaisantes qui gangrènent la société. La perversité de certains cerveaux peut aboutir à des extrémités sanglantes comme celles commises par des individus comme le Docteur Petiot ou Landru, sans parler des atrocités commises par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale.
         Mais la science et l’innovation dont est capable le cerveau sont elles toujours positives pour l’évolution du monde ?
         Un grand mathématicien français trop ignoré, Alexandre Grothendieck, après une carrière de recherche et de publications savantes, s’est insurgé contre la science en général qui met le monde en danger, en répétant que « ce n’est pas parce qu’on peut le faire, qu’il faut le faire », prenant pour exemples l’invention de la bombe atomique.  Il sera le pionnier de l’écologie et terminera sa vie en ermite dans les Pyrénées.
         Notre cerveau ne se repose jamais ! Même pendant les phases de sommeil profond où le cortex émet des ondes delta dont la fréquence est si faible qu’on ne les considérait pas comme une activité neuronale. Il semble que l’hippocampe profite de cette phase de repos pour communiquer dans le calme avec le cortex et ainsi permettre à nos souvenirs de la journée d’être consolidés.
         Notre cerveau est capable de tout, sauf peut-être de savoir de quoi il est capable. Il a même inventé Dieu !
         Il n’est que de s’interroger sur sa capacité à forger des images et des concepts lorsque nous rêvons. On se perd en conjectures sur l’interprétation des rêves depuis Freud. Frustrations, prémonitions, désirs profondément enfouis dans l’inconscient ? Chez les aveugles, les sensations gustatives, olfactives et tactiles remplacent les images oniriques.
         Enfin une question, l’Intelligence Artificielle sera-t-elle amenée à supplanter la nôtre pour instaurer un monde déshumanisé ?
         Mais rêver c’est aussi espérer. Georges Clémenceau nous dit : « Qui ne s’est pas construit un rêve au-dessus de ses moyens, ne se sera pas montré digne d’un passage d’humanité »
         Dudu (et wiki )

 

les arbres et nous

 
L’histoire de l’homme commence par une histoire d’arbre.
C’est le fameux « Arbre de la Connaissance » dont le « fruit défendu » a tenté Eve pour notre plus grand malheur. C’est en tout cas ce que disent les tenants du « péché originel » qui nous ferait naître déjà coupables avant d’avoir vécu.
Daniel Mendelssohn dans « Les Disparus » décrit cet arbre comme « bon, qu’il était un délice pour les yeux, qu’il était quelque chose de « désirable pour la compréhension »- en d’autres termes, nécessaire pour faire des distinctions et, finalement, pour créer (puisque c’est seulement après avoir mangé à l’Arbre qu’Adam et Eve peuvent procréer).
Que contenait donc cette « pomme » ? Un aphrodisiaque ?
Laissons les exégètes interpréter ces « vérités révélées » et parlons des arbres qui nous sont nécessaires pour notre oxygène vital et qui agrémentent impérativement notre environnement.
Dès que l’on possède un jardin, grand ou petit, nous n’avons de cesse que d’y planter un arbre, grand ou petit. Dans ce dernier cas, il servira d’éphéméride immobile, de toise pour nos enfants et de référence au temps qui passe.
Comme il existe des fêtes de toutes sortes, depuis la « Fête des Mères », celle des « Grand-mères », des « Amoureux », la « Fête à cochon » (moins festive pour l’impétrant !), la « Fête Nationale » etc… il existe bien-sûr, la « Fête des arbres ». Et là, comme disait Coluche, vous aurez « l’embarras du choix… mais surtout l’embarras », car en effet, que choisir ?
 Je vous laisse égrainer le nom de la ribambelle d’arbres qui nous gratifient de leur succulence. On les voudrait tous : des Pommiers, des Poiriers, des Cerisiers, des Pêchers pour leur fruits bien –sûr, mais aussi pour les bouquets somptueux que forment leurs fleurs au printemps. Certains nous offrent leur sève : Érable pour son sirop, Pin, Saule, Bouleau, Kiwi ou Vigne… Des conifères dont la variété vous affole : Chamaecyparis, Cupressus, Juniperus, Picea ; des Bouleaux aux écorces panachées, des Hêtres aux feuilles argentées, des Erables japonais aux feuilles délicates, tantôt jaunes, tantôt rouges tantôt nuancées de pourpre et de bronze, des Platanes, des Robiniers, des Catalpas, des Ginkgo biloba
L’arbre est le compagnon d’une vie.
Quand il est caduc, il rythme les saisons ; ses frondaisons abritent les oiseaux et les écureuils (et quelquefois les chats qui ne savent plus redescendre !); sa dimension romantique inspire les peintres, les romanciers et les  poètes.
Ne citons ici que Brassens qui l’a glorifié lorsqu’il chante :
 « Auprès de mon arbre je vivais heureux,
J’n’aurais jamais dû m’éloigner d’mon arbre,
Auprès de mon arbre je vivais heureux
J’n’aurais jamais dû le quitter des yeux ! »
Saint Louis aurait-il pu rendre la Justice sans le Chêne sous lequel il trônait ?
Celle-ci, jusqu’à une époque récente, aurait-elle pu être rendue sans les terribles bois éponymes, avec lesquels on torturait, on pendait ou décapitait ?
Sans le bois d’arbre, comment Noé aurait-il pu construire son « arche » et su que son errance sur les eaux prenait fin sans le rameau d’Olivier que lui rapportât la Colombe ?
César aurait-il rayonné de toute sa gloire sans ces Lauriers qui couronnaient son auguste tête ?
On voit que l’arbre est porteur de toute une symbolique dont bien-sûr toutes les religions se sont emparées, depuis l’Animisme, en passant par le Fétichisme jusqu’à son ultime et morbide consécration en fournissant le bois christique des Chrétiens.
Nous avons vu que l’arbre lorsqu’il est fruitier, est aussi un ravissement pour l’œil au printemps avant de devenir un régal nourricier à l’automne.
L’arbre mort ou abattu fournit donc le bois.
Ce fut pour nos ancêtres préhistoriques, avant l’Âge de Pierre, puis celui du Fer, la matière première qui leur permit de fabriquer des instruments afin de cueillir et de cultiver assurément,  mais surtout de tuer avec plus de rendement et d’efficacité ! Tuer pour se nourrir bien-sûr, mais surtout pour se défendre contre les prédateurs dont le plus féroce reste de tous temps, l’homme lui-même.
Ce même bois a servi pour construire des abris de plus en plus élaborés jusqu’à nos jours où « la maison de bois » est assez « tendance » !
Avec la découverte et la domestication du feu, le bois a permis à l’homme de se défendre, de se chauffer, mais aussi de dévaster. Il le fait encore de nos jours.
Il s’est avéré un moyen de communiquer à distance avec les légendaires « signaux de fumée » des Indiens de notre enfance.
Cette même communication, après bien des siècles, a été améliorée grâce à lui avec l’invention du parchemin, puis du papier.
Sans le bois d’arbre,  pas de découverte du monde, car pas de bateaux ; pas d’amélioration des transports sans les véhicules tractés de toutes sortes.
L’homme s’est depuis des temps immémoriaux servi du bois comme médiateur artistique en sculptant et mettant en forme ses fantasmes, ses souvenirs et sa vision du monde physique et métaphysique.
L’arbre dispense enfin des bienfaits supplémentaires avec certaines de ses essences qui ont fourni, et fournissent encore, des substances médicamenteuses propres à soigner les hommes, voire à améliorer leur santé.
La décomposition organique qu’il a subie il y a des millions d’années, a permis à l’homme d’inventer la modernité avec l’exploitation du pétrole et ses nombreux dérivés ; revers de la médaille, il menace l’atmosphère terrestre en favorisant son réchauffement prématuré.
On constate l’ambiguïté de l’arbre selon la destination que l’homme en fait, et comme la langue d’Esope, il en use  « pour le meilleur ou pour le pire » ! 
Pourtant sans les arbres l’humanité ne survivra pas.
Mais puisqu’il est encore là, il va continuer à nous accompagner jusqu’à la fin de notre vie, et respectant jusqu’au bout nos statuts sociaux, il nous fournira notre dernier habit de planches : en bois exotiques, enbois de Santal, de Chêne, de Merisier, de Hêtre ou tout simplement de Sapin
Quoiqu’il en soit, voir un arbre vénérable s’abattre lentement et majestueusement sous les morsures des tronçonneuses, restera toujours un spectacle poignant et désolant.
L’arbre est donc un ami, mais il peut devenir hostile lorsque qu’avec la complicité d’une tempête il s’abat sur une maison ou une voiture, ou d’une façon moins traumatisante, amusante et anecdotique, il formait comme « l’arbre d’Eisenhower » sur le trou n° 17 du parcours de golf d’Augusta, un obstacle sur le trajet de sa balle.
Sous « l’Arbre de la Sagesse » (s’il existe !), méditons cette pensée de Montaigne, philosophe, penseur de la vie et de la mort : « On nous apprend à vivre, quand la vie est passée ».
 
            Dudu

 

Le handicap
 
 
En raison de ma profession de Masseur-Kinésithérapeute, j’ai été amené tout au long de ma carrière à connaître, comprendre et soigner des handicapés.
À l’occasion de ces Jeux paralympiques de Paris 2024, je veux leur rendre hommage et essayer de faire prendre conscience aux « bien portants » de leur calvaire à travers leur place dans l’histoire et quelques exemples de vies de lutte pour survivre ou obtenir un statut de reconnaissance.
Depuis l’Antiquité l’infirmité physique a été un critère de marginalisation. `
Chez les Grecs la déviance par rapport aux normes à la naissance, constituait une vindicte et un maléfice de la part des Dieux.  
Les handicapés ont longtemps été soumis à la loi du plus fort, répondant à la loi darwinienne de « sélection naturelle » qui ne leur donnait pratiquement aucune chance de survivre dans un monde où la compétition le disputait à l’égoïsme individuel.
Ces handicaps physiques ou intellectuels provenaient, soit d’une naissance avec des malformations congénitales, ou d’un accouchement traumatique laissant des séquelles aux nourrissons, soit en raison d’accidents qui rendaient leurs victimes impotentes, diminuées ou vulnérables. Il n’était pas rare que les parents, dans des familles indigentes ou « sans cœur », abandonnent ces êtres malvenus qui leur compliquaient la vie, quand ils ne recourraient pas à des solutions plus radicales d’élimination physique pure et simple.
Une autre démarche de parents impécunieux et peu scrupuleux, consistait à « exposer » leur progéniture handicapée sur la voie publique pour apitoyer les passants à qui ils demandaient l’aumône. Dans ce même but, les plus cyniques n’hésitaient pas à maltraiter leur progéniture pour leur provoquer des handicaps de toutes sortes.
Victor Hugo dans « Notre Dame de Paris » décrit ce qu’était sous l’Ancien Régime, une « Cour des Miracles » où se réunissaient dans certains quartiers de la capitale, mais cela avait lieu également dans les grandes cités, une foule de personnes claudicantes, balafrées ou mutilées, simulant leurs infirmités, et qui, « miraculeusement », disparaissaient le soir après une journée de mendicité.
L’infirmité fut également exploitée par des « montreurs d’ours » dans les foires ; ainsi de la fameuse « Vénus Hottentote» atteinte de stéatopygie, « la femme à barbe, la femme tronc, la femme girafe, les hommes chiens , Elephant Man »…
Par contre dans le Nouveau Testament, il n’est plus question de jeter l’opprobre sur les aveugles et les boiteux dont Jésus prend la défense corps et âme. Aussi, après des années de rejet, des âmes charitables, ont pris ou prennent encore en charge, ces miséreux au sein d’associations de bienfaisance.
De nos jours un statut spécial reconnaît aux handicapés la possibilité de travailler (RQTH) avec des droits et des avantages pour eux-mêmes et leurs employeurs.
Au 4e siècle on voit émerger des hôpitaux où on ne fait aucune distinction entre malades, infirmes et pauvres. Mais au Moyen Âge où l’on craint les contagions, cette œuvre charitable devient un outil d’exclusion et le demeurera longtemps. Louis XIV fonde les Invalides pour permettre aux infirmes de guerre d’être mieux traités qu’à l’hôpital, mais aussi, voire surtout, pour les maintenir dans un espace clos, loin des regards.
Après la Première Guerre mondiale on honore et réhabilite le courage et le sacrifice des fameuses « gueules cassées » qui se voient revenir à la vie civile. Cela se fait au prix de l’invisibilité du terme « infirmité » pour être remplacé par celui de « handicap » dans une version du « politiquement correct » couramment appliquée à d’autres identités d’une façon souvent contestable.
Le handicap fait l’objet de politiques publiques visant à construire une société plus inclusive. La France s’y est mise sur le tard et a encore beaucoup d’efforts à faire pour rivaliser avec des pays plus avancés dans ce domaine, comme les Pays Scandinaves. On découvre qu’il n’y avait pas d’accès pour les fauteuils roulants à l’Assemblée Nationale !
Ainsi, l’infirmité (le handicap !) semble condamnée à rester dans l’ombre d’un imaginaire qui voudrait faire croire qu’il appartient au passé.
Mais nous allons assister, ébahis, aux Jeux Paralympiques de Paris 2024.
Si on exclut les Deaflympics antérieurs, compétition des sourds qui n’ont pas le droit de participer aux Paralympiques, c’est en 1960 à Rome qu’ont eu lieu les premiers.
De grands athlètes comme Teddy Riner ou Marie-José Perec, sont admiratifs devant les performances de ces athlètes aux handicaps divers, qu’ils appellent des héros, des « Advengers » des sagas des Marvel, des super-héros comme « Iron man , Superman, Spider man… »
Ce sont des exemples de volonté, de persévérance et d’optimisme qui vous tirent régulièrement les larmes des yeux. Je sais, pour l’avoir observé chez mes patients et au sein même de ma famille, à des degrés moindre, mais la démarche est la même, le courage, la résilience et la capacité de se dépasser, qu’il faut à ces hommes et ces femmes pour leur permettre de surmonter tous les défis placés sur leur route, parfois dès la naissance.
Appliqué à ces athlètes, Nietzsche a sans doute raison quand il dit : « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort ».
Dudu

 

Le sport

 

        Si je ne parle pas du sport en cette année olympique qui se déroule en France pour la troisième fois depuis sa création, je n’en parlerai jamais.

        La Faculté de Médecine s’y intéresse depuis quelques années en lui trouvant des vertus   qu’elle avait jusqu’ici négligées. En plus d’un régime alimentaire équilibré, elle préconise de « bouger » !

        Cela contribue à prévenir des pathologies chroniques et de traiter un grand nombre d’affections de longue durée comme le cancer, le diabète ou l’obésité, mais également des maladies neurovégétatives et psychiatriques.

            La rhumatologie a également fait sa reconversion en recommandant aux patients lombalgiques et autres souffreteux, de solliciter leur corps par le mouvement, « 30 minutes d’activité physique », le meilleur et plus simple moyen de le faire, étant de marcher.

        L’activité physique permet de sécréter des hormones telles que l’endorphine, la dopamine ou l’adrénaline autant de substances qui sont susceptibles de réduire le stress, d’améliorer la qualité du sommeil, de diminuer les douleurs et d’agir comme antidépresseur et par conséquent d’être une source de plaisir.

        Certains sports comme le cyclisme, la gymnastique, le marathon, les sports de combat et certains autres, demandent des efforts proches de la douleur. Leurs adeptes (un peu shootés à l’endorphine !) parlent au contraire d’euphorie, de plénitude et de bien-être !

         Les médailles, quelque soit leur couleur, or, argent ou bronze, ont leur revers. La plupart des athlètes de haut niveau ont vu leur jeunesse spoliée, dévastée par des contraintes d’entrainement intense, à la limite du supportable, martyrisés qu’ils étaient par des coachs impitoyables pour obtenir leur meilleures performances. Après de longues années « d’omerta », de nombreux procès pour maltraitance sont en cours.

        Mais le sport a des origines lointaines qui n’avaient à l’époque rien de thérapeutique.

        Il fallait entrainer son corps en force et endurance pour pouvoir être un bon guerrier. Les faibles n’avaient aucune chance de survivre durant toutes ces périodes où l’homme ne pouvait se soustraire à des conflits permanents entre états, ethnies ou religions. L’histoire du monde c’est une histoire de guerre permanente, qui perdure de nos jours.

        Dans l’antiquité, chez les Grecs et les Romains, le sport était intimement lié aux Jeux et au spectacle. Les combats de gladiateurs en sont une des sinistres et sanglantes manifestations.

        L’empereur romain, Auguste, a organisé des concours athlétiques qui se renouvelaient tous les quatre ans (déjà !). Ils incluaient la course à pied, la lutte, la boxe, le pancrace et le pentathlon aussi bien que les concours pour les hérauts, les musiciens et les poètes. Les jeux actiens qui se sont tenus à Nicropolis près d’Actium, furent fondés en 25 avant Jésus-Christ.

        Avec les Jeux comme spectacle, venait la notion de compétition et les courses de chars, les concours de tir à l’arc, lancer de javelot ou du disque, la course, la lutte et même la natation enthousiasmaient les foules à Olympie, lieu de fondation des olympiades.

        Mais dans l’activité physique il y avait également un but utilitaire, un entrainement aux métiers comme fermier, artisan, chasseur ou… guerrier.

            Le sport, c’est également un moyen d’interaction sociale, mais c’est aussi un enjeu politique.

        Juan Antonio Samaranch, président du Comité international olympique déclare le 25 novembre 1975 : « Nul doute que les compétitions sportives, et en particulier les Jeux Olympiques, reflètent la réalité du monde et constituent un microcosme des relations internationales. »

        On se souvient de la « diplomatie du ping-pong » qui permit, avec la rencontre de leurs équipes en 1971, de renouer des relations tendues entre les États-Unis et la Chine.

        Le sport est un moyen de forger un sentiment national, mais les grandes compétitions internationales peuvent être au service des régimes totalitaires et impérialistes. On se souvient des Jeux Olympiques de Berlin en 1936 dont Hitler se servit pour sa propagande. L’URSS et la RDA ont longtemps utilisé le sport comme vitrine de leur supposée supériorité civilisationnelle, à travers les performances de leurs athlètes qu’elles n’hésitèrent pas à doper sans pudeur.

        Pierre de Coubertin, réputé misogyne pourtant en excluant les femmes des compétitions, se réjouissait de ce que les membres d’une équipe, vêtus de manière uniforme, oublient leurs origines pour former un groupe homogène. Il escomptait que le sport devienne un antidote contre les révolutions.

        On constate, hélas, à notre époque, que certains « supporters » de sports collectifs, le football en particulier, prennent prétexte de ces rassemblements de masse, pour exprimer violemment et vulgairement leur incivisme, voire leur racisme à l’égard des joueurs nationaux de couleur. De plus, les athlètes qui se livrent à des manifestations religieuses à l’issue d’une victoire, portent au demeurant atteinte aux principes de laïcité, garantie d’une cohabitation sereine de tous.

        Enfin, les représentations de corps saisis en plein effort physique existent depuis les origines de l’art. Nombre de représentations d’athlètes en pleine action sont représentés dès la période antique dans la statuaire, sur les vases, les mosaïques ou encore les fresques murales. La géométrie des corps, les muscles saillants, la beauté du geste rappellent la nécessité d’une harmonie parfaite entre le corps et l’esprit.

        « Mens sana in corpore sano », est l’expression qui rappelle la théorie selon laquelle l’exercice physique est un élément essentiel du bien-être mental et psychologique.

        Est-ce que Socrate a raison quand il dit : « Que de fautes l’intelligence commet parce que le corps n’est pas bien dressé » ?

        Dudu

 

 

Le silence
 
 
Il parait que c’est dans le Talmud que l’on trouve ce proverbe connu : « la parole est d’argent, mais le silence est d’or ».
Moi, dont l’audition baisse de jour en jour, je dis que le silence est rare, de plus en plus rare, et qu’il devient en effet de plus en plus cher.
Notre environnement est bruyant avec des sons désagréables générés par des machines de toutes sortes, à commencer par les voitures, les engins de travaux publics, les trains et les avions.
Nous avons une idée de ce qu’était cet environnement avant la mécanisation, en nous promenant en forêt, où on entend le chant des oiseaux, le bruissement des feuilles agitées par le vent, les râles et autres cris d’animaux sauvages. Et par moment, le silence.
La jeune génération semble craindre le silence, et du matin au soir s’étourdit de musique avec leurs écouteurs rivés à leurs oreilles, une musique le plus souvent saturée de basses et de rythmes bruyants comme en génère le rap.
Il n’est pas rare que les adultes, eux non plus, ne supportent plus le silence, et allument tôt le matin, une radio ou la télé comme pour avoir l’illusion d’une présence. Sans doute que, comme la solitude, le silence leur pèse.
Comment se concentrer, réfléchir, voire méditer dans le bruit ? C’est impossible.
Il n’est que les religieux qui préservent ce silence comme nécessaire à leur méditation en s’enfermant dans des monastères, des ashrams ou des temples bouddhistes, où même la parole se fait rare.
Certaines activités réclament le silence. Dans une salle de classe par exemple, ou comme dans des sports individuels où la concentration est nécessaire pour des gestes précis, ou encore dans une salle de concert pour apprécier la musique.
À l’opposé, certains sports collectifs réclament la participation bruyante des supporters, comme le foot ou le rugby, ou des sports de combat qui excitent les foules qui braillent pour encourager leur poulain à plus de violence et d’agressivité.
Des gens dont la vocation est justement de réfléchir, les politiques par exemple, semblent de nos jours, ne plus savoir échanger calmement leurs arguments, dans des débats apaisés. Il y en a même qui se revendiquent porteurs « du bruit et de la fureur » , à tel point qu’il n’est pas rare d’écourter l’audience de telle ou telle émission politique, en raison d’un tumulte langagier insupportable.
On a parlé du « silence de la mer » avec un film de Jean-Pierre Melville, adapté de la nouvelle de Vercors, qui n’est en réalité qu’une métaphore sur une histoire de résilience d’un soldat allemand pendant la seconde guerre mondiale. La mer n’est pas silencieuse, et ne l’a jamais été, ne serait-ce qu’avec le bruit des vagues et des brisants sur les rochers. Sous sa surface, il n’est que d’entendre le chant des baleines, des cachalots et des dauphins. Mais justement, ceux-ci sont perturbés par des bruits inopportuns engendrés par les bateaux de tout calibre et les installations de forage qui les désorientent et les fait s’échouer sur nos plages pour y mourir.
La mort peut en effet s’inviter dans la notion de silence avec des œuvres morbides comme celle de la célèbre trilogie du « Silence des agneaux », où un Hannibal Lecter commet les pires atrocités.
Toutefois la pollution sonore commence à intéresser nos contemporains, et de nombreuses tentatives sont faites pour y remédier. La règlementation des bruits domestiques les dimanches et jours fériés, celle du niveau sonore des mobylettes et autre engins roulant, la promotion des voitures électriques, etc.
Pour vous apaiser en chanson, je vous conseille d’écouter « The sound of silence » de Simon et Garunkel qui dénonce pourtant le néant communicatif des hommes qui ne s’écoutent pas et parlent       pour ne rien dire.
Dudu
 

 

La douleur

 

 

     
       Chassé du Paradis, Adam, dans sa précipitation, fit son premier faux pas et trébucha dans un chemin devenu malaisé et caillouteux.
      Il ressentit pour la première fois dans un de ses genoux qui avait heurté une pierre, un malaise inconnu… une douleur ! Il frotta avec la paume de sa main ouverte la partie endolorie, effectuant le premier geste thérapeutique de l’humanité que l’on appela depuis lors, « massage ». Constatant le bienfait éprouvé par ces manœuvres, il demanda à Eve de le relayer dans ces gestes apaisants. Elle s’y employa précautionneusement et un avec zèle exacerbé par sa soi-disant culpabilité transgressive à propos de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal dont elle avait cueilli la pomme défendue.
      Cette saine curiosité, elle la paiera très chère, lorsqu’on lit dans la Genèse 3, un verset qui fait dire à Dieu : « J’augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras dans la douleur… »
      Ainsi donc, la douleur serait un châtiment divin.
      L’influence de la religion dans son interprétation est primordiale et ambivalente : à la fois châtiment de Dieu et récompense possible dans l’au-delà. On constate alors un recul dans la recherche de son soulagement.
      Au Moyen-Àge, l’usage des plantes sédatives est limité, et souvent condamné, puisque la chrétienté véhicule l’idée d’une douleur nécessaire, voire d’une injonction divine, et lutter revient à refuser cette soumission : il n’y a pas d’autre alternative que d’accepter la douleur. Le pécheur y trouve une récompense pour le rachat de ses péchés, et au delà de la mort, il existerait un « purgatoire » !
      C’est une période de régression intellectuelle, et l’Église catholique interdit la recherche scientifique (notamment les dissections humaines et les vivisections animales), la philosophie, la médecine.
      Le dogme religieux va donc constituer un frein à l’avancée de la médecine : le transfert des savoirs médicaux s’opère alors vers le monde Arabe et l’Orient qui possèdent déjà une culture médicale ancestrale.
      En Chine, Confucius (551 – 479 AV JC) enseigne une philosophie pragmatique. Le traitement de la douleur repose sur des méthodes d’acupuncture alliées à une pharmacopée impressionnante.
      En Inde, Bouddha (563 – 486 AV JC) énonce ses « 4 vérités » et propose aux hommes une gestion singulière de la douleur. Supprimer le désir, c’est supprimer la souffrance. Trois siècles AV JC, il existait déjà des hôpitaux avec des maternités, des salles d’examen, des lieux de préparation des médicaments et des salles d’opération.
      Hippocrate (460 – 377 AV JC), 17ème descendant d’Esculape, élabore le corpus hippocratum, une cinquantaine d’ouvrages avec deux soucis essentiels :
• Ne pas nuire aux malades « primum non nocire » et,
• Renforcer les processus thérapeutiques naturels. Hippocrate est le fondateur de la médecine moderne.
      Contrairement aux judéo-chrétiens qui la croient rédemptrice, les philosophes grecs, d’Aristote à Sénèque considèrent la douleur comme inutile.
      Pour les épicuriens, elle est un obstacle au bonheur, et pour les stoïciens, se plaindre est une honte, et apparaît comme un aiguillon qui réveille l’énergie vitale.
       Dans les momies incas on trouve des traces de lutte contre la douleur, champignons hallucinogènes, cocaïne, trépanation, et près des temples, des vestiges de bains de vapeur.
      Et c’est au XIXème siècle, avec l’essor de la chimie, que la lutte contre la douleur est devenue une priorité absolue, avec des sédatifs comme l’acide acétylsalicylique, le paracétamol, jusqu’à la morphine et ses dérivés.
      Avec l’âge qui, selon l’adage, se calcule avec celui de ses artères, on se salue souvent avec un « tamaloù » ? La vie est parsemée de douleurs plus ou moins importantes, et les physiques sont parfois plus supportables que les douleurs morales difficilement guérissables.
      Quelle plus grande douleur que celle de perdre un enfant ?
      Les états anxieux et dépressifs entrainent la mélancolie, l’autodépréciation et la culpabilité qui peuvent aboutir à une souffrance extrême jusqu’à un risque suicidaire avéré.
      Mais la douleur est un signal, et la nociception est une fonction défensive qui permet au corps de répondre d’une façon appropriée aux différents dangers qui le menacent.
      L’algoataraxie est une maladie rare qui touche des patients qui ne ressentent pas la douleur et qui les met en péril dès leur plus jeune âge.
     La douleur peut également s’inviter dans le domaine social et politique. Les récents délibérés sur la fin de vie qui font se disputer nos élus, le démontrent assez. Aurons–nous le droit de disposer de notre libre arbitre pour choisir de la façon de mourir, sans souffrance, et dans la dignité ?
      Les vœux de nouvel an voudraient éloigner ceux qu’on aime des désagréments de la douleur sous toutes ses formes, alors pourquoi pas la conjurer avec ces vers fatalistes, mais apaisants, tirés du poème « Recueillement » de Baudelaire :
      « Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille
      Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici… »
 
                    Dudu


 

La longue marche

          
 
Il ne s’agit nullement de celle que mena Mao Zedong à la tête de l’Armée Rouge en 1934 durant la guerre civile chinoise, ni celle de l’Anabase de Cyrus le Jeune en 401 av JC, ni celle moins glorieuse encore de la Grande Armée de Napoléon pendant la retraite de Russie.
            Je veux parler de ces quelques initiatives presque simultanées d’hommes en vue qui sont partis pour de longues marches à travers la France, avec des motivations individuelles diverses, intéressantes à analyser, et qui dénotent un mal être, un malaise, une inadaptation existentielle,  en un mot un « ras-le-bol » sociétal plus ou moins partagé par beaucoup d’entre nous en ces heures difficiles de notre histoire contemporaine. Il y a toutefois dans cette démarche messianique un réel désir de se faire plaisir et de réaliser un rêve un peu fou d’évasion comme peut en avoir tout un chacun en proie aux tracas de la vie quotidienne. Nous-même, en nous adonnant à notre passion golfique ne cherchons-nous pas à assouvir ce même désir d’évasion et d’un instant d’oubli de la réalité tout en pratiquant une activité agréable ? La thèse est osée… 
            Axel Kahn, Jean-Christophe Ruffin,  Jean Lasalle « le député qui marche » ont éprouvé le besoin de prendre leur bâton de pèlerins pour partir à la recherche du beau, du vrai, de l’authentique auprès de la nature, sans intermédiaire, sans escorte, sans assistance, en toute liberté corporelle et intellectuelle.
            Ce besoin de fuir ce monde décrié à l’envi par les médias (entre autres) qui se complaisent à le décrire et à le commenter comme détraqué et désespérant, vécu par chacun d’entre nous et ressenti à un degré variable comme oppressant, artificiel, exigeant et cruel, nous y pensons de temps en temps sans toutefois avoir le courage de  « franchir le pas »… « le premier pas ». Les marcheurs ci-dessus mentionnés y ont réfléchi depuis des années et l’ont préparé de longue date avec l’envie primordiale de se retrouver dans cette épreuve face à eux-mêmes dans la solitude, de faire une pause, de méditer en marchant comme les péripatéticiens d’Aristote et de se ressourcer au plus près de la nature, de ses paysages, de ses habitants citadins ou ruraux, de « la France profonde » comme on dit,  avec des rencontres éphémères de gens simples ou plus ou moins marginaux comme ils avaient l’impression de le devenir à leur tour au fil des jours de leur errance provinciale.
            Le médecin, écrivain et chercheur qui édite un blog relatant son périple au jour le jour, nous cite Rimbaud en découvrant dans sa démarche ce que voulait dire le poète quant il écrivait : « Je est un autre ». Cet homme qui a connu la reconnaissance de ses pairs dans les domaines scientifique, littéraire et politique, s’est dépouillé soudain de tous les oripeaux de la notoriété, pour devenir ce marcheur solitaire appréciant « la lenteur obstinée du pas humain » pour « laisser toutes leurs chances aux expériences humaines imprévues, insolites émouvantes et riches » qu’il rencontrera. Il ne se coupe pas du monde pour autant en faisant partager quotidiennement  sur la toile, ses coups de cœur, ses découvertes touristiques et humaines par ses commentaires et ses photos. Il se sent libre et heureux.
            L’académicien, ancien ambassadeur, écrivain de renom a pris la route de Compostelle par « le Chemin du Nord » moins fréquenté que la voie habituelle des pèlerins. Quand on lui demande le pourquoi de la chose il répond : « Comment expliquer à ceux qui ne l’ont pas vécu que le Chemin a pour effet sinon pour vertu de faire oublier les raisons qui ont amené à s’y engager ? On est parti, voilà tout. » Il ajoute : « en même temps que j’en mesurais l’inconfort et que je pressentais les souffrances qu’il me ferait endurer, j’éprouvais le bonheur de ce dépouillement. Je comprenais combien il était utile de tout perdre, pour retrouver l’essentiel. »  En l’occurrence, nulle motivation vraiment religieuse dans cette quête transcendante de pureté, mais le besoin d’un retrait, voire d’une retraite dans l’un ou l’autre des monastères rencontrés sur l’itinéraire mythique, faisant office de « douche virtuelle » bienfaisante, éliminant les miasmes du vécu quotidien dans ce monde qui bat la chamade avant un prévisible chaos.
            Le politicien lui, veut connaître la réalité des gens. Un titre journalistique l’a appelé « l’homme qui écoute le silence des exclus ». Le monde va trop vite et trop loin pour nombre de gens qui désespèrent de voir leur sort s’améliorer. Ce pyrénéen avec sa haute silhouette de berger affirme : « Je crois de toutes mes forces qu'il y a beaucoup à espérer. Ensemble, nous pourrions régénérer la démocratie et revivifier la République. Le jour où l'Homme retrouvera l'Homme, chemin faisant, paisiblement, ils reconstruiront un destin partagé". Il est conscient par cette démarche de la distance qui sépare ceux qui sont en charge de la République par rapport aux citoyens qui la composent et qu’il veut écouter au plus près. Il est sincère et optimiste.
            Nous autres golfeurs, pour la plupart éloignés nous aussi d’une réalité pénible et d’un quotidien misérable, dangereux et déprimant, nous réalisons à notre façon une « longue marche » balisée par les limites des parcours ludiques que nous offrent les golfs de France, de Navarre, voire internationaux. Peut-on trouver, en dehors du fait de mettre un pied devant l’autre, des similitudes entre les marches et les démarches de nos anachorètes ambulants et nous ?
            J’en vois une primordiale dans le fait de vouloir s’évader de la vie réelle, professionnelle, familiale ou environnementale. Rien de tel qu’une partie de golf pour vous « laver la tête »… De plus et bien qu’une partie se fasse le plus souvent à plusieurs, le joueur est seul face à son jeu, à ses exigences et à ses capacités. La balle devient son unique objet d’attention et le monde environnant oublié n’est constitué que par le tracé des trous qui se succèdent dans leur diversité. Le golf est un plaisir solitaire… Un parcours golfique permet lui aussi une rêverie recherchée par les marcheurs dont nous avons parlé. Enfin, le golfeur peut lui aussi se référer au « Je est un autre » déjà cité lorsque son corps, abondamment automorigéné, ne répond pas aux injonctions de son esprit dans la conduite de ses coups
           
            Cependant, on ne peut comparer ni l’état d’esprit, ni les efforts et les souffrances physiques endurées par les uns par les autres, et si quelques parcours sont pénibles à arpenter, le confort des chaussures y pallie amplement, et les ampoules aux pieds sont rares chez les golfeurs. Le sac porté ou roulé n’a rien à voir avec celui que le vrai marcheur a sur le dos et les kits de survie des uns ne sont pas de la même utilité que la bouteille d’eau et les fruits secs qui accompagnent la journée du joueur prévoyant. Enfin les rencontres fortuites et enrichissantes que font les marcheurs tout au long de leur périple sont assez exceptionnelles sur un golf, tant les joueurs se ressemblent peu ou prou et tant la routine des affinités entre membres s’installe immanquablement au bout de quelques années de pratique.
           
            Je concède qu’il était excessif de vouloir rapprocher des attitudes dictées toutes deux par des envies d’évasion comme les pèlerinages missionnaires des personnalités citées et notre pratique de simples adeptes d’un loisir insignifiant. Comment confronter la tête dans les étoiles d’un marcheur engagé à celle d’un joueur tout entière tournée vers le décompte dérisoire de ses points ? Comment mettre en parallèle un carnet de route et une carte de scores ? Comment comparer le vol coloré et harmonieux d’un pic épeiche qui regagne son nid à la morne trajectoire d’une balle égarée dans un sous-bois ? Je pense à mon dernier parcours joué dans le cadre du championnat du club qui contrairement à celui de Jean Lasalle ne me donne pas grand-chose à espérer…
                                                                                    Dudu

 

 La midinette            

      

 

 

Pour ne pas ressasser toujours la même idée du déclin, de la montée de l’obscurantisme et de la violence qui fait l’objet récurrent de mes obsessions dans mes précédentes rubriques, je propose un regard plus optimiste sur l’histoire de France et du monde.

« Midinette », que voici un terme obsolète qui fleure bon un passé joyeux, insouciant d’avant la première guerre mondiale, que l’on a appelé la Belle Epoque, où le mot « midinette » désignait des ouvrières (autrefois appelées « cousettes »), qui travaillaient dans les grands ateliers de confection de haute couture avec des salaires plus élevés que la moyenne. Les midinettes étaient réputées pour avoir des goûts simples, se pâmer devant les histoires « d’amourettes », être très romantiques et sentimentales, les faisant qualifier de « fleurs bleues ».

Elles ont été précédées par les « Grisettes » qui étaient des jeunes femmes vivant en ville avec, par contre, de faibles revenus, ouvrières dans la confection, dentelières employées de commerce réputées sexuellement accessibles. La Grisette est un type féminin dans la chanson populaire, le vaudeville et le roman au XIXe siècle. Jolie, soignée de sa personne, la grisette hérite de traits de la soubrette de comédie. Active, gaie, impertinente, débrouillarde, naïve, d'« esprit sémillant et goguenard», elle partage beaucoup de traits avec Gavroche.. Alfred de Musset en fait une héroïne dans son roman « Mimi Pinson », comme « Fantine » dans le roman « Les Misérables » de Victor Hugo. Une statue de « La Grisette de 1830 » se dresse Square Jules Ferry, le long du canal Saint Martin à Paris.

Le terme « midinette » vient de la contraction des mots « midi » et « dînette », celles qui font « la dînette à midi », autrement dit qui mangent à l’extérieur de leur foyer. À l’époque cela est assez mal vu, car sous entendant, pour les femmes, des tentations d’émancipation pouvant, dans l’optique du moment, conduire à la débauche. Du coup le terme devient assez péjoratif et désigne des femmes « libérées » qui fréquentent des lieux de plaisirs. Elles font naître un cortège d’images de bien-être et d’insouciance fantasmées de la Belle Époque avec les danseuses du « Moulin Rouge » immortalisées par Toulouse Lautrec, et avec la « La belle Otero », comédienne emblématique du moment.

Après la Grande Dépression des années 1873 à 1896, la France connaît comme d’autres pays industrialisés une période de croissance. On croit au progrès et à la modernité de certaines industries de pointe, comme l’automobile, l’aviation et le cinéma. C’est le triomphe des grandes dynasties de l’industrie métallurgique où elles font fortune. Au tournant du siècle, la bourgeoisie incarne la « classe de loisirs » par excellence, mais il marque aussi l’essor de la classe moyenne composée essentiellement d’employés du privé, de petits commerçants et d’artisans, mais également de fonctionnaires, en particulier dans l’instruction publique et les PTT.

Les découvertes de la radioactivité par Henri Becquerel en 1896 puis du radium par Pierre et Marie Curie en 1898 entraînent une révolution dans les domaines de la physique, de la médecine et de la chimie :

La culture, d'abord réservée à l'élite, se démocratise largement. De nombreuses formes de spectacle connaissent le succès à la Belle Époque, comme le music-hall et le café-concert, le cirque, mais également les célèbres revues des Folies Bergères et du Moulin Rouge

L'Exposition universelle de 1900 est organisée à Paris onze ans seulement après celle de 1889, marquée par l'inauguration de la Tour Eiffel.

Pour briller avec tant d’éclat, la “Belle Époque” n’en a pas moins ses ombres. Celle de la Tour Eiffel masque les “zoos humains” du tournant du XXème siècle, atroces exhibitions récurrentes des Expositions universelles qui vantaient sans fard un Empire colonial français alors à son apogée. Car la “Belle” Époque ne l’était pas pour tout le monde. La Belle Époque, c’est aussi le boulangisme, ce mouvement populiste qui fit vaciller la IIIème République de 1885 à 1889. On déplore également des troubles occasionnés par de grands bandits, « les Apaches », dont le plus célèbre est Bonnot et sa bande d’anarchistes.

C’est ensuite le premier assassinat d’un président de la République française, Sadi Carnot, poignardé à Lyon par un anarchiste en 1894. Puis quelques mois plus tard, l’éclatement de l’affaire Dreyfus, conflit social et politique majeur autour de l’accusation de trahison faite au capitaine Alfred Dreyfus, juif d’origine alsacienne. Erreur judiciaire, voire complot, sur fond d’antisémitisme, l’Affaire scinde durablement la société française pendant 12 ans, et a encore des relents nauséabonds de nos jours.

C’est aussi l’époque d’une lutte pour l’émancipation des femmes, et les « midinettes » sont au premier rang. En mai 1917, elles sont à l’origine d’une grève pour des augmentations de salaire qui sera suivie par des féministes, des pacifistes et des syndicalistes qui obtiendront gain de cause après des semaines de lutte.

Mais on gardera d’elles cette impression réconfortante d’un moment de l’histoire où la France est conquérante, apaisée et joyeuse.

Elles sont en majesté dans les tableaux de Renoir « Le déjeuner des canotiers », « Un dimanche après-midi à l’île de la Grande Jatte », de Seurat », les « Baigneurs à Asnières », de Rae Sloan Bredin « Picnic »…

Cette ambiance de repos et de fête se retrouve dans des chansons comme « C’est un petit bal Musette » chantée par Fréhel, « Quand on S’promène au bord de l’eau » par Jean Gabin, « Midinette de Paris » par Tino Rossi, « Le P’tit bal du samedi soir » de Renaud ...

Puisse revenir le temps béni des Midinettes, et celui du Chant des cerises où «nous serons tous en fête»            

      Mais pourtant c’est le son du canon qui sera perçu.

 

Dudu (et Wikipedia)

 


 

La force sombre

 

 

 

            Depuis que le monde est monde, il est tiraillé entre deux forces contradictoires qui s’en disputent la prédominance.  Comme dans le cosmos où les « trous noirs » empêchent toute forme de matière, le côté obscur des hommes empêche ceux-ci de vivre sereinement dans la paix et le bonheur pour  les plonger dans l’univers noir des atrocités et du crime.

            On aimerait croire Rousseau et son « homme bon » naturellement, ou le Pangloss de Voltaire  dans « le meilleur des mondes possibles », mais il n’y a qu’à voir autour de nous pour constater le chaos, la misère, la violence omniprésente qui inquiètent et perturbent nos vies, nous autres, pauvres terriens.

            Les religions, grandes pourvoyeuses de conflits, tentent d’expliquer le phénomène en invoquant un monde manichéen divisé entre « le Bien » et « le Mal » que l’humain aurait le libre arbitre de  choisir.

            La force sombre évoquée qui semble engendrer la malédiction de l’homme depuis qu’il est sur la terre, est sa propension à vouloir posséder plus, toujours plus. Un certain vocabulaire religieux appelle ça, « l’envie », et les chrétiens la stigmatisent comme l’un des sept « péchés capitaux» qui sont autant d’actes répréhensibles, négatifs  et fauteurs de trouble. Le péché pourrait représenter ce côté sombre, et qui serait une malédiction éternelle sur les humains, avec le mythe du « péché originel » engendré par la désobéissance d’Eve qui aurait cueilli « le fruit défendu » dans l’Arbre de la Connaissance du bien et du mal.

            Cette curiosité aurait dû amener le progrès, mais curieusement, si l’on en croit la Genèse, elle serait à l’origine de tous nos maux.

            Selon les époques, cette lutte entre le bien et le mal pourrait trouver son origine dans la croyance en l’existence des Dieux de l’Olympe de la mythologie, dont les pouvoirs étaient contestés par des divinités dissidentes, rebelles, comme Sysiphe, Prométhée, etc . , entrainant la rébellion, la contradiction, la violence. Chez les Chrétiens monothéistes, la foi en un « Créateur »,  contesté  par un ange déchu, Satan, des « Démons » et autres « Succubes », se rebellant face à l’autorité divine souveraine, pourrait créer par comparaison, une dichotomie des comportements humains, entre croyants et athées, soumis ou insoumis, les hommes de bonne volonté et les crapules.

            Nous savons que Islam veut dire « soumission » et que les préceptes du Coran, livre sacré, dictent  aux musulmans des lignes de conduite partagées entre le « halâl », ce qui est licite, autorisé, et le « haram » désignant ce qui  est interdit, illicite, soit deux agissements opposés qui peuvent innocenter ou  condamner les croyants. L’interprétation déviante de ces préceptes, qui sont pourtant dictés à des fins de bonne conduite, amène certains adeptes fanatisés, à répandre la terreur et la mort., le « côté obscur de la force ».

            Il est à l’œuvre dans toute l’histoire de l’humanité qui n’est faite que de guerres, de conflits ethniques, voire de génocides.

            Comment expliquer autrement la sauvagerie conquérante de tyrans comme Gengis Khan, Tamerlan, Mao, Staline, Hitler, Pol Pot…, les guerres de conquêtes des rois et empereurs occidentaux et asiatiques, ou les orgies de sang commises  par des peuples entiers comme les Yammanyas , 3000 ans av JC, conquérants de l’Europe Occidentale en exterminant la population locale, les Espagnols et les Portugais chassant les Amérindiens d’Amérique, les Musulmans s’emparant de l’Afghanistan et de l’Inde,  les Hutus exécutant un million de Tutsis, sans oublier les massacres entre croyants, des Chrétiens contre les Protestants à la Saint Barthélemy,  les Sunnites contre les Chiites, etc …

            L’actualité nous prouve que l’attirance de l’homme pour le crime et la violence est toujours présente, et que l’industrie militaire l’emporte sur celle de l’agro-alimentaire, laissant craindre qu’une troisième guerre mondiale qui anéantirait la planète, ne soit plus une hypothèse invraisemblable.

            Peut-on espérer qu’un Luke Skywalker puisse nous tirer d’affaire ? Souhaitons-le !

            Jean-Guy

 

La routine

           

 

Peut-on considérer la routine comme une attitude positive ou au contraire une suite d’actions mécaniques irréfléchies et sclérosées peu valorisantes ?

Si l’on en croit le philosophe Alain, il nous dit qu’il « aime mieux une pensée fausse qu’une routine vraie».

Deux autres penseurs et économistes renchérissent dans le négatif  en écrivant : « Si l’erreur a une mère, cette mère est la routine »(Zamakhschari), ou encore «  L’ignorance est attachée à la routine, ennemie de tout perfectionnement ». (Jean-Baptiste Say)

Dire que la routine engendre l’erreur est vérifié dans certains domaines comme en médecine où les soignants, par fatigue, paresse ou incompétence se laissent aller à des gestes répétitifs, machinaux, non réfléchis, inadaptés et donc dangereux pour la santé des malades. Pendant des siècles les « Diafoirus », masqués et chapeautés avaient pour routines celles que Molière raillait  dans son « Malade Imaginaire », « saignare, purgare et clysterium donare ! »

Dans le domaine auquel les hommes sont les plus constants depuis des siècles, c’est à dire les conflits armés, la routine est la plus sûre méthode pour perdre une  bataille. La lutte, comme le disait Danton, demande « de l’audace, toujours de l’audace !

Elle peut être dangereuse lorsqu’on est au volant lorsqu’elle remplace la vigilance sur des trajets familiers.

Elle est également comme un « tue l’amour » lorsqu’elle s’installe dans un couple, ce qui est hélas et pourtant le plus fréquent

Dans celui de la technologie et de la recherche scientifique, elle peut aboutir à des  catastrophes comme celles du naufrage du Titanic, les accidents de Bhopal, de Tchernobyl, de Fukushima, des marées noires, des ruptures de barrages, la fuite d’un virus hors d’un laboratoire, etc… qui sont dues à des manques de rigueur, et sans doute à des négligences routinières criminelles. En revanche, et par sérendipité, elle peut aboutir à des résultats positifs inattendus comme celui de la découverte de la loi de l’attraction universelle, de la dynamite, de l’aspartame, de la pénicilline ou du stéthoscope… voire de la tarte Tatin !

Certes, si les hommes sur terre s’étaient contentés de répéter les gestes et les pensées de leurs géniteurs et de leurs prédécesseurs, ils n’auraient pas découvert le feu, les métaux, la roue, le moteur à explosion, la pénicilline et … la guerre atomique !

Si s’en tenir à la notion d’habitude ou de « train-train » quotidien, imperméable à toutes innovations permet d’adhérer à ces critiques, le fait de se faciliter la vie avec des actions qui s’enchaînent de manière ordonnée, répétées chaque jour, peut être considéré comme positif.

Il semblerait que la routine soit nécessaire  pour accomplir par exemple, un travail à la chaine, peu valorisant certes,  mais imposé par l’industrie ou le commerce, et qui demande une succession de gestes habituels maitrisés et répétitifs pour une certaine sécurité.

Chez les sportifs la notion de routine est essentielle, tant dans les cycles rituels des entraînements que dans la recherche de la performance. Le déroulé d’un saut à la perche demande une succession de positionnements corporels extrêmement élaborés qui ne s’acquiert que par la répétition. Elle est nécessaire pour la précision dans les sports d’adresse comme le tir à l’arc, au pistolet, au fusil de biathlon, la pétanque, sans parler du golf où la « routine » est une institution de préparation aux différents gestes qu’il demande d’accomplir.

En pédiatrie, il semble que la mise en place d’une routine soit très importante pour les bébés qui ont besoin d’un cadre bien établi, où s’enchaînent de manière ordonnée des actions répétées quotidiennement.

Avec l’âge, on pourrait parler d’économie d’une énergie chaque jour déclinante, que la routine permettrait de faire, avec un minimum de gestes résumés aux plus utiles et rodés par l’habitude. L’organisation, l’ordre et le rangement facilitent la vie quotidienne des personnes âgées. Le manque de réflexion  qui en découle devrait être compensé par des activités intellectuelles, qui elles, par contre, peuvent être routinières, comme la lecture, les mots croisés ou les jeux de société.

On voit qu’il est difficile de se passer de la routine, et que les automatismes personnels mis en place protègent des incertitudes menaçantes et évitent la prise de décisions permanentes, pouvant libérer une certaine énergie vitale et une possible créativité.

Dans la routine, on cherche une zone de confort et de sécurité qui ne sera effective que dans la mesure où on reste vigilant et actif et toujours dans la recherche d’un dépassement de soi.

En cette période de fêtes, il ne faut pas confondre routine et tradition, et les enfants ne se plaindront pas de celle qui consiste à découvrir tous les ans les cadeaux du Père Noël au pied du sapin, et à s’en émerveiller, quant aux adultes ils ne boudent pas le plaisir de se retrouver entre amis pour fêter le traditionnel Nouvel An.

Jean-Guy

 

 

La colère

 

En cette période troublée, oh combien ! il semble que la colère soit le sentiment qui prédomine dans le monde entier, envahi par une fureur malsaine faisant s’entretuer ses occupants dans des combats atroces, barbares et sanglants, sans autres motifs que la haine et la détestation de l’autre dont l’exacerbation peut engendrer le terrorisme.

Je ne veux pas m’appesantir sur l’actualité dont les médias font leurs choux gras, mettant en relief l’impuissance et les contradictions des politiques de tous bords. Je vais en rester à des généralités permettant d’observer certains aspects de ce sentiment universellement ressenti par poussées individuelles ou collectives.

Un adage populaire nous dit que la colère est mauvaise conseillère, mais d’autre part des neurologues affirment que celle-ci « décuple les forces et anesthésie la douleur ». Serait-ce donc une bonne chose ?

Je ferai encore référence à La Bruyère pour en parler en une phrase : « Dire d'un homme colèreinégalquerelleuxchagrinpointilleuxcapricieux : «c'est son humeur» n'est pas l'excuser, comme on le croit, mais avouer sans y penser que de si grands défauts sont irrémédiables ».

Alors, que penser de cette animosité plus ou moins passagère qui semble gagner nos esprits contemporains confrontés de jour en jour à des événements susceptibles de l’engendrer ?

Est-ce un défaut (irrémédiable) comme le suggère La Bruyère, ou bien lié à un trait de caractère spécifique, une réaction naturelle de défoulement salutaire, une attitude artificiellement adoptée pour déstabiliser un interlocuteur pugnace ?

Être irritable, ne veut pas nécessairement dire colérique. Le coléreux peut devenir agressif, belliqueux, ce qui le rend momentanément infréquentable et dangereux.  Selon sa définition, la colère est état passager qui peut être contrôlé, bien que la « colère rentrée » puisse être néfaste à l’équilibre psychique.

En dehors d’une colère froide, silencieuse et immobile, une colère spontanée est une éruption qui s’éteint en général aussi vite qu’elle a débuté, à la manière d’une fusée d’artifice.

 L'injustice est un des mobiles de la colère. 

Tant que la recherche de la justice mobilise un individu, il trouve une justification à sa colère et veut la partager avec autrui. S’il l’intériorise il est en danger.

Elle n’est pas uniquement localisée dans le cerveau, elle provoque des modifications physiologiques et mentales préparant le corps au mouvement et à l’action le plus souvent maladroite.

La colère, lorsqu’elle est aveugle et dévastatrice devient de la fureur et engendre la peur.

Comme je l’ai dit en préambule, nous voyons de nos jours, avec l’actualité qui nous abreuve de nouvelles révoltantes concernant la marche du monde, une montée d’indignation des peuples qui ne supportent plus ces images de violence, d’injustice et d’inhumanité généralisées, et comme nous l’avons vu, ce dégout peut à son tour engendrer une violence qui se croit légitime, exacerbation d’une trop grande colère, comme nous l’avons vécu en France, avec l’épisode des « gilets jaunes ».

L’histoire est pleine de ces révoltes citoyennes, manifestations affectives de désagrément et de frustration collective qui va se traduire par des actions brutales, comme évoquées plus haut, allant jusqu’à la l’insurrection, voire la révolution. La colère constitue un formidable contre-pouvoir face aux idéologies de toutes sortes.

Mais sous l’emprise de la colère, il y a peu de place à la raison, seule capable de résoudre momentanément ou durablement les problèmes qui ont suscité cette colère. La psychologie comportementale propose des programmes de gestion de la colère pour en réduire le stress.

Comme la plupart des comportements humains que j’aborde dans mes rubriques, la colère peut être une source d’inspiration dans les arts.

Dans la peinture, Jérôme Bosch la représente dans son tableau « Les sept péchés capitaux ». Dosso Dossi dans une composition justement appelée « la Colère ».

En littérature, les premiers mots de l’Illiade d’Homère : « Chante, déesse, la colère d’Achille… » qui le poussera à accomplir ses exploits. John Steinbeck écrira « Les Raisins de la colère » se déroulant durant la Grande Dépression de 1929 aux Etats-Unis ; et plus récemment un thriller palpitant de S.A. Cosby intitulé simplement « la Colère » …

Au cinéma, « Douze hommes en colère » de Sydney Lumet ; « Aguirre ou la colère de Dieu » de Werner Herzog, « Star Wars » de Georges Lucas où la colère est une composante du chemin vers le « côté obscur de la Force » ; ou encore avec le super héros, « Hulk », l’homme vert (de rage !).

Pour ma part, je croyais trouver le calme en vieillissant, or je me réveille en maugréant et me couche en râlant. L’époque et ses régressions dans tous les domaines, éthiques, moraux, civilisationnels, artistique, comportementaux, mettant en grave péril l’avenir de notre planète, me tapent sur les nerfs. L’écrire me calme un peu ! Trop peu sans doute aux yeux de mon épouse !

Jean-Guy


 

Le « Sans Gêne »

           

 

 

       On peut se demander si le malaise sociétal dont souffre notre époque, et dont la violence en est le paroxysme, n’a pas pour origine, le « sans gêne » ?

            Le « sans gêne » est un monsieur (ou plus rarement une dame), qui se croit tout permis, sans s’occuper de ses voisins et des désagréments qu’il provoque par cette attitude égocentrée, insupportable socialement.

            La Bruyère dans son ouvrage « Les Caractères » avait déjà esquissé le portrait de cet être, parangon de l’égoïsme, dans ce qu’il a de plus régressif et antisocial.« Gnathon ne vit que pour soi, et tous les hommes ensemble sont à son égard comme s'ils n'étaient point ».

            L’histoire, puis la littérature, le théâtre et le cinéma ont immortalisé une « Madame Sans gêne », Catherine Hubscher, qui fut en réalité une femme bonne et généreuse, épouse d’un maréchal d’Empire qui n’oubliera jamais ses origines modestes, et qui pour avoir tenu tête à Napoléon et à Talleyrand avec son franc parler, lui valut ce patronyme. Quand on sait que c’est Sophia Loren qui l’incarna à l’écran, on ne peut que l’admirer…

            Il ne s’agit donc pas de ce sans gêne là, mais de celui qui rend la vie communautaire pénible, voire insupportable, allant jusqu’à générer des conflits.

            Pour redonner la parole à La Bruyère, son Gnaton : « ... embarrasse tout le monde, ne se contraint pour personne, ne plaint personne, ne connaît de maux que les siens, que sa réplétion et sa bile, ne pleure point la mort des autres, n'appréhende que la sienne, qu'il rachèterait volontiers de l'extinction du genre humain ».

            Ne voit-on pas chez nos contemporains ce comportement égoïste qui ne fait que s’accentuer de nos jours, conforté par un manque d’éducation, l’abandon de toute morale ou de croyances transcendantales, la course au profit et le recours au mensonge et fausses nouvelles, facilité par les fameux « réseaux sociaux ».

            La technologie permet de substituer au monde réel un monde virtuel comme ce « metaverse » où les êtres humains sont remplacés par des avatars volumétriques, des doubles digitaux, voire de hologrammes. Elle permet également de répandre des « fakes news » à travers le monde médiatique et de falsifier des images avec le Deep Fakes, pour la plus grande confusion des lecteurs et spectateurs asservis.  

            C’est aussi, pouvoir se procurer par internet toutes sortes de produits illicites, allant de la drogue à des armes de guerre, des objets en ivoire prohibés à des animaux exotiques rares ou dangereux, des bijoux ou des œuvres d’art volés, des films gores ou des femmes faciles d’un soir, d’envoyer des insultes et des menaces de mort anonymement, sans parler du Dark web où tous les vices et les dévoiements possibles et inimaginables sont disponibles en un clic de souris, et cela en toute liberté sans autre contrainte que sa propre irresponsabilité.

            Quand on ajoute à cela, les performances de l’Intelligence Artificielle en particulier sous une de ses formes interfaces appelée ChatGPT, on atteint un degré de deshumanisation vertigineux qui permet l’indifférence sociétale généralisée.

            Cette agitation qui s’apparente à un mouvement brownien, devient incontrôlable, et déboussole tellement nos contemporains qu’il les pousse à se croire autorisés à toutes les dérives dictées par la satisfaction exclusive du moi.

            Le « ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse » n’a plus cours, pour être remplacé par « je fais ce que je veux et je t’em...».

            J’ai pris conscience il y a peu de ce « j’m’enfoutisme » lorsque j’ai vu un quidam près d’une poubelle, jeter négligemment un paquet d’ordures au pied d’un balayeur qui avait tout d’un immigré. Ce manque de respect, peut-être aggravé par un racisme latent, m’a révulsé et conforté dans mon pessimisme sur la nature humaine.

            Aussi je me pose la question, quel monde laisse-t-on aux générations futures ? Pollué, brutal, impitoyable, où il ne fera pas bon vivre, comme dans une jungle où régnera « la loi du plus fort » ?

            Espérons que parmi ces jeunes, se concrétisera une prise de conscience, et qu’un vent de révolte salutaire, non violente, qui n’aura rien à voir avec les « Black Block », leur permettra d’inventer un monde nouveau d’où les « sans gênes », tous ces tenants d’un « après–moi, le déluge », seront exclus

            Dudu


 

 


 

La Fiteco


 

Le golf est une activité sportive que l’on peut pratiquer à tous les âges et souvent très longtemps dans une vie. La Golf Garden Party de Fiteco en est une illustration exemplaire.

À l’exception des plus jeunes, les âges étaient représentés par tranches.

Les plus chenus, même chauves, constituaient un bon pourcentage d’invités en ce dimanche 10 septembre. J’ai admiré certains de leurs accoutrements voyants, voire excentriques, qui donnaient un air de fête à cette multitude rassemblée sur la terrasse ensoleillée du restaurant.

Les épouses, et autres dames de la catégorie, faisaient également preuve de distinction dans des tenues plus ou moins élégantes, allant du short, bermuda ou jupe qui mettaient en valeur leurs jambes bronzées par des jours de plein-air sur des fair-way, sur des plages et plus rarement avec des siestes sur le pont d’un yacht. Certaines étaient sans doute fières d’exhiber leur « patine antiquaire » qui, à leurs yeux, devait leur donner de la valeur.

Comme l’adolescence précède la maturité, il y a à mes yeux un âge que j’appellerais « présénescence » qui précède le grand âge. Ce sont de jeunes retraités, encore émerveillés par tout ce temps de loisir qui leur est soudain permis. Parmi ceux-ci, le golf est une découverte un peu tardive, mais qui va occuper une bonne partie de leur temps. Se retrouvant devant un verre au 19 ème trou, ils ne parlent plus boulot, mais commentent à l’infini leur dernière partie.

Et puis il y a ces jeunes gens encore en activité, anciens sportifs dans d’autres sports, qui se sont essayés à taper dans la balle et ont montré des qualités qui les ont fait rapidement progresser, au point d’être parmi les meilleurs de leurs clubs, et de rafler les lots en compétition.

Avec 154 joueurs, cette compétition est la plus prestigieuse du Golf du Perche, et les nouveaux dirigeants de la Fiteco en sont bien conscients en assurant les convives rassemblés dans l’attente de la lecture du palmarès, de la pérennité de l’épreuve, avec le dévouement et la complicité de Matthieu, parfait organisateur aidé de quelques bénévoles de son bureau.

La journée fut chaude, mais supportable car un peu ventée, et le parcours de la Vallée des Aulnes offre de nombreuses places d’ombre en raison de sa végétation. C’est l’occasion de féliciter les green keepers pour le travail qu’ils font pour maintenir ce golf comme l’un des plus beaux et attractifs de la région.

Les conversations post épreuves, laissaient entendre une satisfaction générale de tous les compétiteurs. J’y ai trouvé une certaine hypocrisie, car se dire satisfait d’avoir fait un score minable, ayant passé « une excellente journée en compagnie de gens agréables » ne m’apparaît pas entièrement sincère, comme de dire que cumuler les « grattes » et les « tops », « leur en touchait une sans faire bouger l’autre » selon une célèbre expression présidentielle.

Il est vrai que cette euphorie, est préférable à une jérémiade qui est une spécificité bien française en ces temps d’incertitude générale.

Alors, encore merci Matthieu et la Fiteco, et à l’année prochaine ! Inch Allah !

Dudu


 

La connerie
 
 
 
 
      C’est bien de cela dont parlait Einstein lorsqu’il disait : « Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue. »
      Depuis que le monde est monde, elle a donné de multiples exemples de sa permanence et de sa nocivité, mais lorsque je m’intéresse à ma contemporanéité,  je ne peux que me désoler de constater son universalité dans tous les domaines qui sont en rapport avec l’humain, entrainant une perte de tolérance et une difficulté de vivre ensemble.           
      Y a-t-il quelque chose de plus absurde et de plus con, que de brûler la voiture de ses voisins, voire de ses parents, ou l’engin mécanique d’un entrepreneur en bâtiment, pouvant entrainer sa faillite et qui mettra un certain nombre d’ouvriers au chômage par ce geste imbécile. Certains, pour qui tout geste insurrectionnel est le symptôme d’une société en crise, y verront une intention politique.         
      Mais, sous prétexte du sentiment d’abandon, peut-on pardonner à certains décérébrés d’incendier des mairies et de s’en prendre aux maires qui sont les élus les plus à même de les écouter ? Est-ce vraiment un geste politique que de lancer des cocktails Molotov aux forces de l’ordre, de caillasser et d’empêcher les secours, les pompiers, les médecins, ou les infirmiers de remplir leur mission de sauvetage auprès des victimes d’accidents ou d’émeutes déclenchées par de soit disant citoyens « en colère » ?          
       À défaut de prendre la Bastille, ces pseudo révolutionnaires, vont briser les vitrines de banques et de grands magasins pour y faire simplement du pillage.             
      Ce désordre épidermique permet à certains tenant de l’ordre de renforcer leur influence sur l’échiquier politique, en préconisant des mesures drastiques dont certaines attentent aux libertés fondamentales qui sont les garants d’une démocratie véritable.           
      Ces nouveaux modes de communication, appelés « réseaux sociaux » permettent la diffusion de la connerie sur une échelle encore jamais atteinte. Les « fake news », que l’on veut minimiser sous le nom absurde de « vérités alternatives », inondent l’univers médiatique, désorientant les auditeurs et les lecteurs. Un nouvel environnement est né avec la « comploshère » » comprenant les « antivax, les climato sceptiques, les platistes, les créationistes, les soucoupistes » et autres, qui   se regroupent autour de « penseurs », philosophes sulfureux, négationnistes condamnés, maigres vedettes du showbiz ou présentateurs télé bouffons qui détournent l’actualité avec des théories délirantes sur le terrorisme omniprésent ou sur l’Armagédon imminent par exemple, ainsi la non conquête de la lune, ou celle d’un gouvernement suprême aux mains d’un clan restreint tout puissant qui gouvernerait le monde, dont le plus connu serait les « Illuminati ». Manipulateurs mentaux, qui en augmentant la dépendance et l'enfermement dans un système de croyances où l’opinion le dispute à la science, déshumanisent, comme l’ont toujours fait les sectes de tous genres.           
      À propos de l’environnement dont on semble découvrir l’importance pour une survie de l’humanité, on peut se poser la question de savoir si les mesures envisagées dans l’urgence, ne sont pas autant de conneries à long terme.            
      En effet, que penser de la production d’énergie, dite renouvelable, mais intermittente par le solaire ou le vent ? On ne sait toujours pas stocker l’électricité, sauf en petite quantité avec des piles fabriquées avec une grande dépense d’énergie et avec des métaux rares qui coûtent chers, et nous rendent dépendants des pays producteurs de ces métaux. Quels carburants pour les véhicules de demain ? Le nucléaire est redevenu « à la mode » après une longue, trop longue, période de rejet, et le problème de ses déchets n’est toujours pas résolu. L’information continue, l’omniprésence du téléphone cellulaire nous apportent-t-ils plus de bienfaits de que de malfaisance ? Les milliards dépensés pour des voyages stellaires touristiques sont l’exemple de la connerie absolue et un scandale, lorsqu’on imagine que ces dépenses pourraient servir à venir en aide à bien des populations déshéritées dans le monde.        
      Mais les défenseurs de l’environnement et certains « écologistes » enragés, pour se faire connaître, poussent la connerie jusqu’à s’en prendre à des œuvres d’art ou interrompre par divers moyens des activités culturelles.  Audiard faisait dire à Blier dans « Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour de canards sauvages » : « La connerie à ce point-là, moi, je dis qu’ça devient gênant ».               
      Mais la pire de toutes, qui vient de ressurgir en ce moment, c’est Prévert qui la dénonce dans son poème, « Oh Barbara, quelle connerie la guerre… »
 
 
Dudu


 

Le soulagement

 

 

À défaut de l’être moralement, c’est sans doute l’une des satisfactions corporelles la plus accessible et courante qui nous est donnée d’avoir à peu de frais.

      L’illustration la plus parlante et drôle qui me vient à l’esprit c’est cette scène dans le film « Mon nom est personne », où le conducteur du train que va dérober Terence Hill qui l’assiste avec malice dans les urinoirs, arrive, après de multiples efforts et avec des mimiques significatives inoubliables qui marquent un immense soulagement, à vider sa vessie. Il serait hypocrite de dire que nous ne connaissons pas tous ce petit plaisir quotidien qui s’accompagne d’un relâchement musculaire apportant un bien–être passager mais bien réel, surtout quand il a été retardé pour divers raisons.

      Dans le domaine physique le soulagement peut provenir du déchargement d’un poids trop lourd et qui peut sans doute être ressenti par les humains comme chez l’âne ou la mule dont on a surchargé le bat.

      Il ne faudrait pas qu’Atlas soit soulagé du poids du monde bien que l’envie pourrait lui pendre à la vue de ses dérives.

      Mais la sédation d’une douleur par la prise d’un antalgique peut également apporter un véritable soulagement, comme peut l’être l’extraction par un praticien habile, d’une dent gâtée, celle d’une épine dans le pied ou encore de chausser enfin une chaussure à sa pointure ou de retirer le caillou qui s’y trouvait.

      Dans les moments de crise morale, lorsque tout va de travers et que le découragement, voire la dépression vous guette, le soulagement peut être obtenu, soit par la pharmacopée, soit par la psychothérapie. La morosité ambiante actuelle voit l’éclosion de multiples cabinets de médiums et autres magnétiseurs qui se targuent d’apaiser vos inquiétudes et vos angoisses. Il y a un « marché » du soulagement… L’environnement familial ou amical est très important, à l’écoute du désarroi du sujet en mal-être. La parole permet d’analyser les causes de celui-ci, d’en soupeser la gravité, de partager sa douleur et en fin de compte, de se « soulager ».

      La peur, l’anxiété, l’incertitude entrainent avec elles un état de stress et une impression de danger propre à vous déstabiliser. Il n’y a pas de plus grand soulagement que lorsque l’on réalise que toutes ces menaces sont vaines et écartées.

      C’est un soulagement pour moi de constater que les derniers résultats de mes analyses sanguines et de ma coloscopie ne montrent rien d’anormal.

      Pour une parturiente on parle plutôt de délivrance que de soulagement lorsqu’après les affres de l’accouchement elle expulse enfin son bébé.

      Les parents sont soulagés de voir leur progéniture grandir harmonieusement et avoir des  succès dans leurs études. Ils sont également soulagés de ne plus les avoir à leur charge quelques années plus tard.

      n politique, les dirigeants sont soulagés de constater que les manifestations populaires ne se sont pas transformées en révolution ou émeutes sanglantes, et que la répression policière n’a pas fait de victimes. Les jours de vote, de bons scores les rassurent.

      Mais soulager peut aussi signifier délester. C’est ainsi qu’un malfrat peut vous délester de votre portefeuille ou de votre sac en bandoulière.

      Chez le médecin, on blague en disant que s’il ne nous a pas soulagé de notre douleur, il nous a soulagé de 50 €.

      Lorsqu’on est soulagé on peut être apaisé et détendu, un état perçu comme une sorte de quiétude bienfaisante qui peut se manifester par un soupir.

      Enfin un écrivain, longtemps angoissé par les pages blanches, se sent soulagé quand il écrit le mot « fin » à son ouvrage.

      Sans me prendre pour tel, c’est ce que je ressens !

      Dudu


 

La sieste

 

 

 

 

 

En cette période troublée où les médias ne nous servent qu’une messe où l’on ne chante que le « Dies Ire », j’ai trouvé bon de vous parler de la sieste, cet instant reposant qui permet un lâcher prise nécessaire pour retrouver des forces et peut-être un meilleur moral.

 

Qui mieux que Van Gogh dans son tableau « La méridienne », qui peint deux personnages allongés et dormant au pied d’une meule de paille, leurs sabots et leurs outils aratoires à leurs côs, aurait pu mieux illustrer cet éphémère et bienfaisant abandon d’un labeur harassant quotidien

 

On parle souvent de sieste « post prandiale », cette somnolence qui nous gagne après le repas, et qui correspond à un signal de notre horloge biologique.

 

Elle est plus ou moins culturelle, et varie selon les régions. Dans le midi et dans certains pays tropicaux elle semble obligatoire compte tenu de la chaleur des débuts d’après-midi qui dissuade de toute activité. Sa durée est variable, entre la micro-sieste de certains qui y puisent un regain d’énergie en quelques minutes, le « petit péné » occitan, et celle plus courante de 10 à 20 mn, jusqu’à la sieste « à l’espagnole » ou celle permise pendant les vacances qui peut durer jusqu’à 2 heures voire davantage, alanguie et bercée par le doux balancement d’un hamac sur la plage d’une île paradisiaque.

 

Les bébés et les jeunes enfants ont besoin de faire la sieste, car l’agitation débordante de ces derniers le reste du temps, nécessite d’être compensée par ce moment de tranquillité temporaire.

 

Les effets bénéfiques de la sieste, comme coupure antistress, ne sont plus à démontrer


Elle favoriserait la mémorisation et permettrait d’assimiler de nouvelles données, comme si le cerveau se remettait à neuf.

 

Il semblerait d’autre part que ceux qui la pratiquent sont moins sujets aux accidents vasculaires.

 

De plus, celle-ci augmenterait les performances intellectuelles et libérerait la créativité à l’instar de génies comme Archimède, Newton, Einstein, Hugo ou encore JFK…

 

Selon une enquête récente il semblerait que dans l’Hexagone ses habitants dorment moins de 7 heures par nuit, qui ne seraient pas compensées par une sieste que seulement un Français sur cinq pratiquerait.  Serait-ce en corrélation avec ce pessimisme et ce moral en berne dont ils seraient de plus en plus coutumiers ?

 

En Chine la sieste est quasiment obligatoire et c’est un droit constitutionnel. De là à vouloir partager la vie des Chinois ! 

 

Bien que dans les deux cas il y ait une perte momentanée de conscience, il ne faut pas confondre sieste et sommeil, cet assoupissement diurne et ce repos nocturne. Si la sieste est commandée par notre horloge biologique, nous nous réveillerons automatiquement après un temps de repos réparateur suffisant, et curieusement la caféine ne nous empêchera pas de dormir, mais nous permettra d’ouvrir les yeux plus facilement.

La sieste demande une routine, d’horaire rituel, de confort en position allongée, au chaud, mais pas trop, en évitant le lit. Une isolation sensorielle, déconnection visuelle et auditive est nécessaire, et des techniques respiratoires, le yoga ou la méditation permettent un endormissement plus rapide.

 

Enfin, si le nourrisson a besoin de faire la sieste chez lui ou à la crèche, les personnes âgées, dont le nombre d’heures de sommeil tend à diminuer, ont également besoin de cette pose dans le canapé de leur salon ou dans les fauteuils ou chaises roulantes de leur maison de retraite.

 

Mais hélas ! dans bien des cas de sénilité, il ne s’agit plus de sieste, mais bien d’une certaine fatigue de vivre, d’un désintérêt social isolant, qui les extraient de leur environnement et les poussent à se réfugier dans un semi coma oublieux à longueur de journée

 

Avant ce « naufrage », profitons de ce réflexe bienfaisant réparateur, et visitons dans nos rêves des contrées apaisantes et heureuses, où « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté ».

 

Dudu

 

L’empathie

 

 

L’empathie est-elle une réaction bienveillante naturelle, c’est à dire ancrée dans la nature de l’homme, à la manière dont Rousseau imaginait « un homme bon »  à la naissance, et que « la société »  viendrait «à dépraver et à pervertir » ?

Or qu’est-ce que l’empathie ?

C’est tout simplement la capacité de se mettre à la place des autres. Ce n’est ni de la compassion ni de la sympathie, elle autorise l’harmonisation de nos relations sociales.

Dans sa version la plus optimiste elle permettrait :

  • de comprendre l’autre afin de le connaître davantage et de se connaître de la même façon grâce à nos différences, qui excluent une identification mutuelle,
  • de favoriser l’acceptation de chacun, ce qui ne semble pas évident de nos jours où règne un individualisme affirmé,
  • d’augmenter l’absence de jugement (c’est automatique au fur et à mesure qu’on ressent de l’empathie vis-à-vis des autres),
  • d’encourager la compréhension réciproque (ce dont nos politiques auraient grand besoin !)
  • de promouvoir une entraide sans position de sauveur du monde comme dans les « heroic fantasy ».

C’est une disposition d’esprit qui demande sans doute une éducation où le respect d’autrui est une  valeur primordiale, à l’instar de ce qu’enseigne une éducation religieuse qui fait dogme « d’aimer son prochain ».

Et pourtant, paradoxalement, les plus grands conflits qui ont ensanglanté, et ensanglantent encore le monde, sont menés en se réclamant des principales religions monothéistes. Il a fallu attendre le Siècle des Lumières avec certaines affaires d’intolérance absolue (Cals, La Barre) pour qu’un Voltaire, avant quelques autres, se révolte et crie « Écrasons l’infâme !».

Mais le fanatisme ou le sectarisme, ne sont pas les seuls à pousser les exaltés, dépourvus d’empathie, à la violence. L’histoire est jalonnée par l’apparition périodique de « bourreaux » de l’humanité dont les ambitions d’hégémonie, de conquête et de pouvoir personnel, font des ravages dans un monde en perpétuel chaos.

La présence épisodique de ces  « méchants » qui asservissent leurs peuples, n’incitent pas en général les hommes de bonne volonté à montrer de l’empathie envers ceux-ci qui souffrent, et sont confrontés, comme le sont en ce moment les innombrables victimes d’un séisme historique, à une aide spontanée. Et pourtant elle a lieu  ( Dieu merci ???) en dépit des imprécateurs rétrogrades qui sévissent encore de nos jours pour émettre cette idée stupide que ces cataclysmes sont le fruit de l’inconséquence de nos mœurs !!!

Dans une de ses formes extrêmes de compréhension mutuelle, l’empathie va jusqu’à engendrer ce qu’on appelle « le syndrome de Stockholm », où la victime en vient à tisser des liens d’attachement, voire d’amour, vis-à-vis de son agresseur. Son opposé est le « syndrome de Lima », où les rôles sont inversés, mais toujours du domaine de l’empathie.

Rousseau aurait-il raison en attribuant à l’homme une bonté naturelle innée, face à Hobbes pour qui l’état de nature est « un état de guerre de chacun contre chacun » ?

 

Dudu

 

 

La Convivia 23

 

 

 

Les bornes électriques ayant progressivement remplacé les stations de carburants fossiles destinés aux véhicules à moteur thermique, la production électrique nationale ne pouvait plus alimenter les motrices du réseau ferroviaire de l’Hexagone. Les TER, les TGV et les grandes lignes internationales devaient de nouveau faire appel au charbon pour réhabiliter les locomotives à vapeur. Comment en était-on arrivé à ce qu’un prétendu progrès écologique soit à l’origine d’une régression historique, en particulier dans les transports en commun ? Les restrictions de pétrole et de gaz engendrées par une guerre interminable entre l’Otan et la Russie, obligeaient les usines et grandes industries à alimenter des générateurs avec du bio carburant encore assez artisanal et des granulés de bois qui devenaient de plus en plus rares et chers. Pour protéger l’environnement, il fallait protéger la forêt et replanter des arbres au lieu de les abattre. Les COP de tous numéros se succédaient avec de belles promesses non suivies d’effets, et en particulier celle de la protection de milieux naturels terrestres et maritimes qui était assez modeste, et arrivait bien tard pour avoir une efficacité substantielle. 

La surexploitation des ressources de la mer et sa pollution par les rejets chimiques et le plastic qui formaient un sixième continent infect et mortifère, le réchauffement de celle-ci faisant fondre les calottes glacières au point d’inverser les courants marins garant d’un équilibre du climat, la raréfaction du plancton diffuseur d’oxygène, constituaient autant d’atteintes morbides dans ce milieu indispensable à la vie sur terre. 

Les éoliennes, sujettes à polémiques sur leur utilisation de métaux rares, avaient, de plus, du mal à s’implanter dans les paysages ruraux et maritimes. Le solaire et ses panneaux, étaient toujours soumis aux importations chinoises fluctuantes selon les humeurs politiques du moment. De son côté, le nucléaire tellement vanté pour une expansion prometteuse, était en grande partiedépendant de l’uranium enrichi venant de  Russie. Ainsi, notre pays, assez donneur de leçons en matière de liberté et de droits de l’homme, était certes encore libéral et démocratique, mais paradoxalement  grandement tributaire de pays autocratiques, voire dictatoriaux dans l’importation ou la fabrications de produits manufacturés ou de médicaments. On pouvait craindre que l’issue des conflits en cours construirait l’avenir de la France et du monde.

Il était déplorable de voir l’idéologie écologique contrecarrée par un individualisme forcené qui privilégiait un fallacieux confort personnel en matière de dépense d’énergie et de transport. L’expression « après moi le déluge »  n’avait jamais été autant d’actualité.

Pour compléter le désarroi de l’humanité terrestre, la pandémie de la Covid démontra qu’un microscopique organisme vivant et autonome, capable de se transformer pour survivre indéfiniment, avait été capable d’envahir, de polluer et de transformer la vie de la planète entière en quelques heures. Aucune puissance au monde n’avait réussi ce prodige. 

Et puis un jour, ce qu’un virus malfaisant avait pu accomplir pour déstabiliser les humains, un virus bienfaisant, la Convivia 23 capable de mobiliser intellectuellement ce qu’il y avait d’altruisme, d’ingéniosité constructive et de bienveillance chez l’homme, vint miraculeusement à son tour le « contaminer » pour donner de l’espoir afin de construire un monde meilleur, libéré de l’égoïsme, la rancœur et la violence de ses habitants pour laisser place à l’amour, la paix et la prospérité. Amen !


Bonne année à tous !

 

Dudu


Petit conte de Noël

 

 

 

Rosalie a 14 ans. Elle habite à Vaupillon dans la ferme de ses parents, les Boussard, fermiers de père en fils depuis 120 ans. Elle est en 3e au collège Jean Monet à La Loupe, et est une bonne élève. 

Pour Noël elle compte bien avoir le cadeau dont elle a parlé à sa maman, un téléphone portable comme en ont pratiquement toutes ses copines. Sa meilleure amie s’appelle Coralie. Elle habite également Vaupillon, mais ses parents, les Duroy, ne s’entendent pas avec ceux de Rosalie. Cela remonte à une vielle histoire de champs mitoyens dont ils se disputaient la limite. Il avait fallu que la justice s’en mêle pour mettre fin à leur querelle, et depuis chacun faisait très attention à ne pas donner un trait de charrue au delà de la limite que le cadastre avait arrêtée. Cette querelle laissait une rancœur qui les empêchait de se fréquenter et par là même, empêchait leurs deux filles de se recevoir dans leur maison.Elles en souffraient beaucoup, et pour se rencontrer en dehors de l’école, elle devaient se faire inviter chez des copines qui n’habitaient pas forcément près de chez elles, et leurs parents n’aimaient pas beaucoup les voir prendre leur vélo, craignant un accident provoqué par des conducteurs trop pressés, ou même un enlèvement crapuleux comme on en déplore régulièrement dans le pays.

Vraiment ennuyées par cette situation qui gâchait leur plaisir de se retrouver plus souvent, elles imaginèrent que ce Noël était peut-être l’occasion  de créer un événement capable de réconcilier leurs parents. Oui, mais lequel ? 

Les Boussard avait un vieux chien, Médor, auquel ils tenaient beaucoup, mais qui était usé par l’âge et dont les jours étaient comptés. Les Duroy avait une chienne, Diane, à peu près dans le même état. 

Les filles avaient alors suggéré à leur maman respective, au caractère plus souple et à l’humeur moins revendicativeque leur mari, d’acheter et d’offrir respectivement, un chiot pour les Boussard et une petite chienne pour les Duroy.D ‘abord un peu réticentes, les mamans se laissèrent convaincre. 

C’est ainsi qu’à Noël Rosalie trouva son i phone au pied du sapin, Coralie le jean au genou déchiré que ses parents lui avaient toujours refusé d’acheter, et qu’un jeune chiot et une jeune chienne furent offerts aux Boussard et Duroy qui apprécièrent  ce cadeau au point de se réconcilier, et de s’inviter les uns chez les autres pour fêter le Nouvel An.

Ce fut un beau Noël pour les deux amies qui purent dès ce moment se voir autant de fois qu’elle le voulaient à condition de rester en contact avec leurs parents au moyen du téléphone portable de Rosalie. Coralie n’eut aucun mal à convaincre ses parents de lui en acheter un à elle aussi.

Souhaitons, sans trop se faire d’illusions, que l’année 2023 puisse nous permettre, grâce à une jeunesse intelligente et responsable, de vivre ce genre d’histoire heureuse et réconfortante dans la marche d’un monde qui pour l’instant nous inquiète.

Bonne année à tous !

Dudu

 


 

 Pourquoi préférer le juste à l’utile

 


 

 

 

Avant de se prononcer sur la pertinence d’une préférence, essayons de définir ce qu’on entend par  juste et utile.

Qui décide de ce qui est juste ? La plupart des religions veulent toujours faire un distinguo entre « justice des hommes » et « justice divine », laquelle s’apparente à ce qu’on appelle « une justice immanente » qui punirait le pécheur d’une action réputée mauvaise.

Les Etats dans le monde entier, établissent des lois qui varient selon les cultures et les traditions, et que des « magistrats de justice » sont chargés de faire respecter.  Un même fait peut être différemment apprécié selon les lois en vigueur dans des pays différents et à différentes époques. Souvenons-nous de « l’affaire Callas » défendue par Voltaire qui écrivait « écrasons l’infâme » en parlant des lois religieuses qui régissaient  les comportements de l’époque. Dans les pays musulmans, une justice qui se réfère à « la charia » entraîne des châtiments peu admis en Occident.

Alors qu’est-ce qui est juste dans ces attitudes variées ? Et quelle est la légitimité de ceux qui les appliquent puisqu’ils se réclament tous, soit d’une administration où la séparation des pouvoirs est gage d’impartialité, soit d’une mission divine indémontrable ?

Un exemple d’actualité douloureux pour illustrer la réflexion : l’incendie de Notre Dame de Paris.

L’émotion ressentie peut avoir deux causes, l’une esthétique et l’autre relative à la foi.

L’esthétique fera référence au « nombre d’or » qui donne cette impression de grâce et d’harmonie que l’on retrouve dans toutes œuvres d’art où il est respecté. Ce confort de l’œil ressentit pendant des siècles à la contemplation des chefs d’œuvres classiques, picturaux et architecturaux, a été mis à mal avec l’art contemporain qui a bousculé tous les codes. Il a fallu une certaine curiosité artistique pour admettre la disparition de la perspective et la vision pluri dimensionnelle d’un Picasso pour donner tant de force à un tableau comme Guernica. Il ne s’en dégage pas moins une spiritualité et un sentiment de transcendance que l’on peut ressentir devant une cathédrale.

Quant à la foi, elle ne s’embarrasse pas d’esthétisme à priori et peut être contradictoire dans ses jugements selon les religions.

Chez les catholiques elle a besoin de symboles forts qu’au cours de l’histoire les religieux ont vénérés et bâtis. Les édifices religieux en sont les plus représentatifs, et font parti d’un patrimoine culturel précieux. Une catastrophe comme celle évoquée plus haut ne peut qu’attrister et choquer les croyants.

Chez certains musulmans dont la foi s’est pervertie en fanatisme, qui voient dans toute représentation artistique une offense à leur Dieu, ils verront sans doute dans l’incendie de Notre Dame un juste châtiment.

Pour prendre un autre exemple, est-il juste dans un pays démocratique où l’enceinte judiciaire est l’endroit où se rend la justice, remplaçant « la vox populi » expéditive, de vouloir opposer ce principe sacré en droit qu’est la présomption d’innocence », à cette nouvelle notion issue d’un certain « féminisme » militant, de « présomption de crédibilité » ?

Et l’utile ?

Le dictionnaire le définit comme « ce qui rend service ».

Service à qui ?

L’utile pourrait rejoindre le juste si l’on admet qu’il est profitable au plus grand nombre. C’est le pragmatisme des gouvernants qui se veulent efficaces dans la conduite d’une politique orientée vers la sécurité, l’équité et le bien être de tous. L’utile est alors avantageux et profitable dans une société moderne, efficace et innovante.

Mais l’utile peut être détourné et être au service du profit de quelques uns qui y voient le moyen de s’enrichir d’une façon opportune. Deux des devises de la République française sont alors bafouées en niant l’égalité et la fraternité.

C’est alors l’aspiration des peuples à plus de justice sociale, qui leur fera préférer le juste à l’utile.

 « Rien n'est juste que ce qui est honnête ; rien n'est utile que ce qui est juste. » nous dit Maximilien de Robespierre

 

Dudu


 

sourire

 

 

Question : quand avez-vous vu  pour la dernière fois quelqu’un sourire en marchant dans la rue?

 

Je mettrais la main au feu que c’était quelqu’un avec un téléphone portable à l’oreille dont l’interlocuteur ne pouvait en aucun cas l’apprécier.

Ce pourrait être anodin et réjouissant sauf lorsque cetinsupportable soliloque béat se produit dans les transports en commun où certains passagers se croient obligés de nous faire partager à haute voix les misérables épisodes de leur vie.

Pour les autres passants que vous  avez croisés, il y a de fortes chances pour qu’ils marchent d’un pas pressé vers des obligations de la vie quotidienne ou des rendez-vous plus ou moins agréables, en ayant une mine soucieuse ou renfrognée.

Notre époque tourmentée ne facilite pas le sourire. On dit même que les Français sont dans le monde un des peuples les plus angoissés et pessimistes. Les plus gros consommateurs d’anxiolytiques ! Je ne suis pas sûr que les gens du midi, pourtant réputés pour leur bonne humeur sous un ciel plus clément, adeptes de la « galéjade », ne soient pas contaminés à leur tour par cette morosité ambiante qui a été accentuée ces dernières années par cette épidémie du Covid qui a fait disparaître encore davantage les sourires derrière des masques. 

Qu’est-ce que sourire ?

C’est, d’après une définition classique, le fait de « prendre une expression légèrement rieuse, en esquissant un mouvement particulier des lèvres et des yeux ».

Il n’y a pas de plus beau sourire que celui de l’enfant qui, vers deux mois, est capable de manifester sa satisfaction, sa joie aux yeux émerveillés de ses parents.

Mais il existe plusieurs façons de sourire exprimant des sentiments différents :

- le sourire peut donc indiquer la joie, la satisfaction, la sympathie ou la reconnaissance, et est souvent suivi d’un adverbe : sourire affectueusement, agréablement, gentiment, malicieusement.
- mais aussi on peut sourire d’aise, de bonheur, d’espoir. 
- sourire d’un air amical, moqueur, entendu, complice, engageant… on dit même enjôleur !
- mais aussi, amusé, incrédule.
- sourire « dans sa barbe », sous cape, exprimant la raillerie.
- sourire « à », témoigne de la sympathie, de l’affection de l’intérêt pour quelqu’un.
- il peut également exprimer une insatisfaction : sourire amèrement, douloureusement, avec angoisse, gravité, mélancolie, tristement. 
- il peut être affecté ou contraint, embarrassé, juste poliment ou carrément idiot !
- on pourrait enfin évoquer le sourire « énigmatique » de la Joconde.

Je répète que ce comportement jovial et rassurant nous manque toujours un peu plus pour bien « vivre ensemble », mais peut-on avoir le sourire devant les catastrophes annoncées comme le réchauffement climatique, la faim dans le monde ou les récentes déclarations de menace nucléaire proférées par un autocrate dément qui veut se maintenir au pouvoir à tout prix, devant l’intimidation terroriste, la montée des extrémistes, en particulier de droite, dans des pays démocratiques ou la possibilité de mourir pour une mèche de cheveuxdans un pays où l’obscurantisme sévit toujours ?

La convivialité qui est nécessaire pour vivre en société, ne peut se passer du sourire, et son absence en dit long sur le malêtre de notre époque où les gens ne se saluent plus.

À défaut de rire, la camaraderie, l’amitié, la vie de couple sontgrandement facilitées par l’apparition d’un sourire sur les visages de ses acteurs, qui, au sein de la vie privée, peuvent oublier un instant tous les malheurs du monde.

Une citation pour clore momentanément cette rubrique : « Les rides devraient simplement être l’empreinte des sourires ». Mark Twain

Dudu

 

 


 

Dégoût et des couleurs

 

 

 

 

 

Vous connaissez sans doute cette pièce de Yasmina Reza, « Art  », jouée dans le monde entier, et qui met en scène trois amis qui arrivent à se déchirer en contemplant un tableauentièrement blanc acheté à grands frais par l’un d’entre eux.

C’est une œuvre qui mêle le comique et le tragique en révélant le caractère profond des protagonistes,  l’amitié n’est jamais exempte de  rapports de force, de mensonges, de bassesses… C’est ce qui caractérise les  rapports humains.

L’art permet à chacun d’exprimer ses goûts qui, comme dans l’expression « des goûts et des couleurs » ne se discutent pas, sous peine d’entraîner des chamailleries comme dans la pièce ci-dessus mentionnée.

L’histoire de l’art  est pleine de scandales célèbres à propos d’œuvres incomprises par le public de toutes les époques.

En 1546 par exemple, la fresque « Le Jugement dernier » de Michel-Ange qui orne le mur de l’autel de la chapelle Sixtine, offusqua les autorités ecclésiastiques qui se donnèrent le ridicule de « saloper » ce chef-d’œuvre en faisant recouvrirles nus de voiles pudiques qui ne furent retirés qu’en 1994.

« Le déjeuner sur l’herbe » de Manet ne fut reconnu comme œuvre majeure qu’au salon des refusés.

Il a fallu 30 ans avant que « Impression, soleil levant » de Monet soit distinguée comme la première œuvre impressionniste.

Le « Nu couché » de Modigliani ameuta les visiteurs qui firent fermer la galerie pour obscénité provocatrice, et que dire de « L’origine du monde » de Courbet.

« La nuit étoilée » de Van Gogh fut également éreintéepar des critiques d’art ayant perdu leurs repères picturaux habituels, incapables  de capter l’évidente angoisse du peintre, transposée par la violence des traits et des couleurs rageusement jetés sur la toile.

La musique n’échappe pas à ces incompréhensions premières.

En 1912, Arnold Schönberg fit scandale avec son « Pierrot lunaire » précurseur de la musique atonale dodécaphonique qui sera adoptée par de nombreux compositeurs modernes comme Alban Berg, Anton Webern, Olivier Messiaen ou encore Pierre Boulez.

Le chahut qui accueilli la première du « Sacre du Printemps » d’Igor Stravinsky est resté célèbre, ses détracteurs de l’époque ayant rebaptisé l’œuvre de « massacre du printemps » !

Les musiques d’Eric Satie, Béla Bartok, Edgard Varèse et bien d’autres, provoquèrent également des rejets passagers avant d’être rangées parmi les classiques incontournables.

En architecture les innovateurs provoquent des réticences, voire des quolibets comme Le Corbusier à Marseille avec sa Cité radieuse appelée « La maison du fada », Gaudi à Barcelone et la Sagrada Familia ou les réalisateurs du Centre Pompidou à Paris. Les tours de Jean Nouvel, un « starchitecte » mondialement connu, construites à l’est de Paris ne font pas l’unanimité. Mais certains ont sciemment déliré avec humour dans leurs réalisations oniriques comme le Facteur Cheval avec son Palais Idéal ou Raymond Isidore avec sa « maison Picassiette ».

Les monuments alimentent, ou ont alimenté, également bien des débats, à commencer par la tour Eiffel dressée en1889 pour l’Exposition universelle et qui devait être démontée avant qu’on ne l’utilise pour servir démetteur radio et télé. Pour rester dans la capitale, les colonnes de  Buren et la Pyramide du Louvre, la Grande bibliothèque François Mitterrand, firent l’objet de beaucoup de polémiques. 

Le théâtre est aussi victime de la censure politique ou religieuse, par intolérance ou fanatisme. Ainsi le « Tartuffe » de Molière fut longtemps interdit avant l’intervention de Louis XIV, ainsi que « Le malade imaginaire ». Des classiquescomme « Le mariage de Figaro » de Beaumarchais, « RuyBlas » de Hugo, « La Dame aux camélias » de A. Dumas (fils)furent longtemps considérés comme « sulfureux ».

Avec ce qu’on a appelé « le 7e Art » les querelles se sont déchainées, et certains films ont fait l’objet soit de censure,comme « Nuit et Brouillard », « Les sentiers de la Gloire », « Afrique 50 », ou stigmatisés comme trop violents ou immoraux comme « Orange Mécanique », « La Religieuse », « La grande Bouffe », « Et… Dieu créa la femme », « La passion du Christ », « Pulp Fiction », « l’Exorciste », « FunnyGames », « L’Empire des sens » ou « Lolita » pour n’en citer que quelques uns. 

La littérature est sans doute le domaine artistique le plus sujet à controverse. La critique littéraire est à la fois indispensable, mais aussi la plus sujette à la subjectivité de leurs  auteurs. Parmi les chefs d’œuvre les plus controversés on peut citer les œuvres de Sade, « les Liaisons dangereuses » de Choderlos de Laclos, mais aussi plus près de nous : « L’Amant de Lady Chatterley » de D.H. Lawrence, « Madame Bovary » de G. Flaubert, « Lolita » de V. Nabokov, « Ulysse » de J. Joyce, « Tropique du Cancer » d’Henry Miller ou « J’irai cracher sur vos tombes », son pendant européen, de Boris Vian.  

Certains écrivains ou poètes ont été considérés comme « maudits », à l’instar de Baudelaire et ses « Fleurs du mal », Verlaine, Rimbaud, Gérard de Nerval, Eugène Sue, , Jean Cocteau 

Enfin de nouvelles formes d’art populaire se sont fait jour, dont l’un des précurseurs est Andy Warhol, comme le « Street art » ou  « Graffiti », le Rap dans la chanson et le hip hop ou la breakdanse, qui ont eu du mal à se faire reconnaître comme arts à part entière.

Pour une conclusion provisoire, je laisserai la parole à André Gide qui en 1946 disait :  « Pour moi, je veux une œuvre d’art où rien ne soit accordé par avance ; devant laquelle chacun reste libre de protester »

Dudu

 

La

 

 

La colère

 

 

 

La colère décuple les forces et annihile la douleur. Ce phénomène est mainte fois décrit par d’éminents neurophysiologistes, et a sans doute été constaté chez vous lorsqu’il vous arrive de « péter les plombs ».

La colère a l’instar d’autres sentiments peut avoir une couleur ; elle est le plus souvent noire et fait voir rouge, mais elle rend la peau verte chez un personnage de fiction comme l’est Hulk. Celui-ci peut engendrer chez ses adversaires une peur bleue !

Notre époque favorise plus que jamais cet état affectif violent, tant sont nombreux les sujets de mécontentement, de désagrément et de frustration.

Mon cheval de bataille en l’occurrence est toujours cette dénonciation de cette peste contemporaine que constitue la falsification de l’information qui annihile le jugement  et pervertie le sens des mots comme on peut en trouver sur des réseaux sociaux spécialisés dans les « fakes news » et la divulgation des obsessions maladives des adeptes d’un « complotisme » mondial. On en vient à inverser les responsabilités, et à accuser les victimes à la place des bourreaux, ce qui ne peut que susciter l’incompréhension et la juste colère des honnêtes citoyens.

En cette période électorale, l’outrance, l’invective, la malhonnêteté intellectuelle sont les ingrédients d’une rhétorique emphatique assez peu convaincante aux yeux des électeurs qui répriment leur colère devant tant de médiocrité et qui se réfugient dans l’abstention.

Lorsqu’elle est collective elle peut prendre la forme d’une grève qui traduit un profond sentiment d’injustice et d’ignorance de la part des responsables qu’ils soient politiques ou patronaux. Elle peut également engendrer des manifestations publiques, liées à des mouvements de masse plus ou moins organisées par des associations ou des syndicats, mais aussi qui peuvent être spontanés. Les manifestations de mai 68 en sont une illustration historique. Cette colère peut aller jusqu’à l’insurrection contre l’autorité, entraîner des violences incontrôlées et provoquer des changements de régime.

Dans la tradition catholique, la colère fait partie des sept péchés capitaux. La perte de contrôle qu’elle entraîne favoriserait d’autres dérives coupables à ses yeux comme la paresse, l’orgueil, la gourmandise, l’avarice, l’envie et la luxure, autant de comportements déviants qui sont diversement appréciés selon les convictions de chacun.

S’acharner à résoudre des difficultés tant morales que matérielles, sordides ou récalcitrantes sous l’empire de la colère est rarement suivies d’effet positif, et la maladresse qu’elle entraîne occasionne des accidents plus ou moins graves, comme se taper sur les doigts avec un marteau.

Justement les objets sont souvent rebelles et semblent s’ingénier à vous compliquer la vie comme une vis qui résiste à nos efforts, une serrure qui ne trouve plus sa clé, des cartes qui ne vous donnent jamais la main, la tartine qui tombe toujours du coté de la confiture ou une balle de golf qui ne franchit jamais un obstacle d’eau.

Le numérique constitue un bon vecteur de frustration avec ses identifiants erronés, ses mots de passe oubliés, ses interfaces toujours modifiées alors qu’on était content d’avoir enfin maîtrisé la version précédente, ses incessantes publicités qui perturbent votre programme, sa communication « digitale » à travers le web, les médias sociaux ou les terminaux mobiles incontrôlables. Chaque « erreur » entraîne une explosion de colère instantanée qui fait perdre le sens de la mesure, rejetant sur le logiciel ce qui  n’est que la conséquence d’une incompétence crasse de l’utilisateur, lequel n’hésite pas à se morigéner avec fureur dans des termes quelquefois les plus grivois.

On dit traditionnellement que la colère est mauvaise conseillère, mais la colère ne devient mauvaise conseillère que lorsque celle-ci est étouffée, ravalée, refoulée. Quand il n'est pas possible de discuter calmement, montrer que l'on est en colère peut amener les autres à vous écouter enfin.

Mais il ne faut pas que la colère soit confondue avec la haine qui semblerait en être une sublimation, mais qui est d’une autre nature. C’est un sentiment destructeur, négatif, et qui n’engendre qu’agressivité, obsession morbide et désir de vengeance.

Positive, la colère désabusée de Céline comme « mauvaise humeur chronique» serait pour certains le « carburant de l’artiste ».

Enfin, l’adrénaline est une hormone du plaisir sécrétée lors d'une dépense d'énergie comme dans le rire et le sport, mais également lors de la colère. Grâce à elle le corps reste en bonne santé plus longtemps.

Alors se défouler sans contrainte par des explosions sonores ou gestuelles évite les tensions et la macération intellectuelle, évitant la mélancolie et le stress.

Rugissez sans vergogne, nom de Dieu !

DUDU

 

 



L’ultracrépidarianisme

 

 

 

 

 Désigné en Belgique comme le mot de l’année 2021, ce néologisme vient de l’expression latine « Ne, sutor, ultra crepidam » qui veut dire « cordonnier pas plus haut que la chaussure », phrase prononcée selon Pline l’ancien, par un peintre qui demandait un avis technique  à un savetier sur le dessin d’une chaussure, lequel s’avisa de donner son avis sur l’ensemble de l’œuvre picturale. 

Cette attitude a vu son illustration exacerbée par l’épisode de la Covid qui a permis à tout un chacun de donner son avis sur cette épidémie d’un nouveau genre, qui dérouta jusqu’à des professeurs de médecine chevronnés. Elle fut, et est encore, commentée avec assurance par nombre de non-spécialistes, prodigues en opinions et injonctions. C’est unetendance naturelle, accrue dans le contexte sanitaire, que de parler de choses qu’on ne connaît pas plutôt que de  reconnaître son ignorance devant les médias, souvent en introduisant le propos par la formule ; « Je ne suis pas médecin, mais je pense que… »

À en croire Wikipédia, « la couverture médiatique de cette pandémie a en effet amplifié ce phénomène pourtant ancien qui touche même la communauté scientifique puisque de nombreux titulaires du prix Nobel se sont déjà distingués d’ultracrépidarianisme (prenant alors le nom de « nobélite » dans ce cas précis). Au premier rang desquels Kary Mullis, biochimiste américain disparu l’été dernier, ( …) qui a par ailleurs affirmé que l’astrologie fonctionne et devrait être enseignée, que le VIH ne causerait pas le sida, que le réchauffement climatique n’existait pas, etc . »

Les médias favorisent en effet ce travers de diverses manières :

diffuser de préférence les propos les plus polémiques, les plus incisifs susceptibles d’attirer l’audience, de faire le « buzz » comme il est de coutume de dire, et qu’une certaine circonspection ne peut engendrer. 
- la multiplication des émissions-débats qui mêlent des sujets très disparates, amène trop souvent les participants à se prononcer sur des sujets hors de leur domaine de compétence. On a entendu des « humoristes » ou des chanteurs populaires tenir des propos insanes sur fond de complotisme universel.
la vulgarisation journalistique dont le but est méritoire, a pour effet inverse de donner à celui qui reçoit cette information superficielle le sentiment légitime de sa supériorité face à l’ignorant. On voit dans ce cas la nécessité et l’importance de donner ses sources. 

Au comptoir, entre deux tiercés et trois lotos, les amoureux du ballon rond sont prêts à remplacer le sélectionneur de l’équipe de France, et en cette période électorale, ils sont plusieurs millions de conseillers du futur président de la République.

 L’autre vecteur, objet de mes abjections préférées, est celui de ce que l’on nomme les « réseaux  sociaux ». Sur ceux-ci circulent les idées les plus farfelues, les plus invraisemblables ou alarmistes, sans aucunes références crédibles à moins qu’elles ne soient expressément fabriquées. À l’inverse du Ahmed de Coluche qui « avait des idées sur tout, mais surtout des idées », le « savant » 2.0 n’a pas d’idées mais des « opinions » qui sont le plus souvent indémontrables.

La mauvaise foi le dispute à l’ignorance, et toutes les occasions sont bonnes pour faire valoir un soit disant esprit d’indépendance et de révolte envers une société du profit, dirigée par des prévaricateurs accusés de malversation. Ces « éveillés » sont les ennemis de la « bienpensance », se déclarant vigiles d’un monde plus juste, plus responsable et apaisé. Si l’intention est louable, la démarche est contestable, car elle peut aboutir jusqu’à la résurgence de croyances abjectes qui accusent et fustigent de paisibles citoyens exposés régulièrement dans l'histoire à la vindicte populaire. On a pu lire récemment un « Qui ?» comme un slogan sur les panneaux des manifestants anti-pass sanitaire. 

Ce sont ces mêmes éternels insatisfaits de l’ordre établi qui répandent avec aplomb des contre-vérités sur les drames que suscite la guerre en Ukraine, en se ralliant aux versions mensongères de la propagande officielle russe.

Ne cautionnons pas Mr Prudhomme, archétype de la sottise satisfaite,à qui Henry Monnier fait dire : « C’est mon avis et je le partage » !

Dudu

 

 

 

Le bruit

           

 

 

 

Le bruit a le plus souvent une connotation péjorative, et lorsqu’il est associé à la notion de fureur, il provoque un sentiment d’angoisse engendré par l’évocation d’un climat de violence, de destruction et de désespoir, à l’image des personnages du roman éponyme de William Faulkner.

            Il faut distinguer le bruit du son qui en est cependant le constituant dans son ensemble.

            Le son est une sensation auditive produite par une variation de la pression d’air, qui se propage dans tous les milieux ambiants (eau, air, gaz, béton, bois, verre…), à l’exception du vide, et cette variation a pour origine la vibration d’un corps qui agite les molécules d’air environnantes.

            La variation de ses fréquences calculée en hertz, donne sa tessiture de l’aigu au grave avec au deux bouts du spectre les ultra et infra sons, inaudibles pour l’homme. Par son niveau sonore calculé en décibels, il peut s’apparenter au bruit insupportable lorsque celui-ci dépasse les 130 db , seuil de la douleur. Il faut noter que le bruit le plus fort masque toujours le plus faible.

            Depuis que je suis passé du côté des malentendants, ce sujet me tient davantage à cœur, et je fais plus que jamais la distinction entre bruit et activités sonores.

            Appareillé, le bruit d’une mobylette me devient insupportable, comme celui d’un engin de chantier trop proche, d’un souffleur de feuilles chez mon voisin, d’une voix féminine haute perchée et tumultueuse. Une publicité radiophonique ou télévisuelle qui élève systématiquement son niveau sonore m’agace tant par la futilité de son propos que par le bruit qu’elle engendre, avec une grande surenchère sur de prétendues aides auditives.

            Je me rends compte que sans bruit, atteint d’une surdité totale, je serais isolé du monde, et que je ne serais plus consolé par l’harmonie des sons que produisent le chant des oiseaux, les accords d’une symphonie de Brahms ou un prélude de Debussy, le bruit du vent dans les branches et celui des vagues au bord de la mer, ou encore l’intonation rassurante des voix lors d’une conversation apaisée entre parents et amis. 

            Hélas ! et pour d’autres raisons, j’entends de moins en moins le bruit sec et rassurant d’une balle orgasmique bien centrée par l’un ou l’autre de mes clubs de golf.

            Par contre, je ne supporte plus le bruit engendré par la cacophonie des assemblées où tout le monde parle en même temps. Aucune assistance auditive n’est à l’heure actuelle capable de filtrer ces conversations mélangées comme un salmigondis sonore. Les réunions de famille, moments si précieux de tendresse et de joie, perdent, « à mes oreilles »,  beaucoup de leur charme en raison des difficultés que j’ai maintenant à entendre et comprendre mes proches.  

            Je me souviens du temps pas si lointain où le silence engendré par le confinement régnait sur la terre. Plus d’avions dans le ciel, plus de véhicules sur les routes et dans les villages désertés par sa population cloitrée chez elle, plus d’activités sonores nulle part avec des industries en sommeil. La nature reprenait vie avec les rumeurs familières d’avant la civilisation bruyamment motorisée. On pouvait « écouter le silence » uniquement troublé par le son des cloches comptant les heures ou appelant aux offices.

            Le bruit, le bruit infâme des canons vient de nous réveiller avec horreur.

            Y aura-t-il encore un Rostropovitch pour nous bercer du son de son violoncelle sur les ruines du nouveau mur qu’un despote illuminé, obsédé par le souvenir d’une grande Russie, avide d’expansion, veut à nouveau ériger en Europe et dans le monde, entre la Démocratie et des régimes totalitaires oppressifs, ennemis des droits humains.

            Dudu

 

Autodafé

           

 

Nous sommes en 2022 et on brûle encore des livres !

L’inquisition n’existe plus, mais on compte encore de nos jours des disciples de Savonarole, ce dominicain italien qui fit brûler de nombreuses œuvres d’art à Florence en 1497 par pudibonderie religieuse.

On nomme autodafé la destruction par le feu de livres ou d'autres écrits, pas forcément dans des pays ou des civilisations primitives et obscurantistes, non ! Aux Etats-Unis, en France, en Turquie, en Inde et j’en passe. C’est moins le fait d'une opposition culturelle, religieuse ou politique que celui de la phase ultime de l’individualisme, de l’intolérance, de l’ignorance de l’autre, de ne plus l’écouter, voire de le considérer comme un ennemi. C’est l’ère de l’universalisme, de la victimisation à outrance, du confusionnisme, où tout se vaut, de la perte de repères ou les contre-vérités équivalent à la conscience raisonnée. C’est aussi celle de la violence, sans doute  provoquée par la peur ; peur de l’étranger, peur du lendemain incertain dans tous les domaines : économique, moral, culturel, religieux, sociétal…

Le nouveau visage, « à la mode », de cette confusion universelle est représenté par toutes les dérives que peut entraîner ce qu’on appelle le « wokisme », terme issu de l’anglais voulant dire « éveillé », et qui est par ailleurs, lorsqu’il est sincère et non faussé, une démarche positive de prise de conscience sur les injustices sociales, en particulier celles engendrées par le  racisme et le sexisme.

L’opposition ou la crainte qu’il suscite s’explique par ses excès, et ceux-ci alimentent l’intérêt des médias par les « débats » contradictoires et animés qu’ils organisent, et qui « passent bien à la télé » et qui font vendre. Les politiciens en campagne s’en emparent souvent dans l’outrance verbale et autres aspects de ce que ce courant peut susciter.

            Beaucoup le ressentent comme une insécurité culturelle lorsque, par exemple, elle remet en cause le patriarcat jusqu’à l’effacement de l’identité sexuelle, l’anti-racisme revanchard jusqu’à la cancel-culture, ou culture de l’effacement qui va jusqu’à provoquer la destruction de statues de figures historiques majeures, de la consécration des minorités jusqu’à l’intersectionnalité, qui désigne la situation de personnes qui subissent des dominations, des discriminations. Ça en fait des concepts, mais le wokisme est également un terme fourre-tout tellement imprécis qu’il ressemble à une menace obscure.

Pourtant c’est en s’en réclamant peu ou prou, que des élèves de la Sorbonne ont interdit une communication sur le terrorisme ; que certains étudiants à Lille ont empêché le déroulement d’une conférence de François Hollande et déchiré et brûlé son livre,  que l’Unef a promu une réunion interdite « aux hommes cisgenres » à Panthéon Sorbonne, qu’un dessin de Charb est refusé sur Twitter et que sa « Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes » soit censurée par des ignares qui le l’ont pas lu, qu’une pièce de R. Garcia au Théâtre du Rond Point est perturbée par des intégristes, et que dans certains pays, dit « civilisés », on interdise aux élèves la lecture des illustrés comme Tintin, Lucky Luke, les Schroumpfs, Astérix ou encore Maus sous prétexte d’un prétendu racisme ou machisme. Il n’y a pas jusqu’au baiser du Prince Charmant réveillant La Belle au Bois Dormant qui offusque ces censeurs décalés qui y voient une agression sexuelle…

Nous sommes en 2022 et on brûle des pianos et des harmoniums.

C’est en Afghanistan où les talibans ont repris le pouvoir pour y faire régner à nouveau l’obscurantisme le plus acharné, que les artistes ne peuvent plus s’exprimer, que le chant est proscrit, le dessin interdit, que les instruments de musique sont brisés, les livres confisqués et détruits, au nom d’une recherche de sainteté et de pureté qui a pris dans l’histoire l’inquiétant visage de la purification et qui, de tout temps et à travers des régimes totalitaires, a avili et asservi l’homme.

« La pureté est dangereuse » avertit le philosophe BHL dans une démonstration  où il cite des doctrinaires allant de Saint-Just à Khomeyni , de Savonarole au FIS algérien dont les convictions conduisent à l’intégrisme et à son cortège de meurtres.

Dudu

 

Le pouvoir

           

 

 

Dans l’actualité de ces jours-ci on peut lire :

«  Quatre élèves de 14 à17 ans ont été tués mardi au lycée d’Oxford, une petite ville au nord de Detroit, et il y a eu six blessés dont un enseignant.

            L’auteur de la fusillade, Ethan Crumbley 15 ans, a été inculpé « d’acte terroriste" et « d’assassinats".

            Ces faits divers à répétition aux Etats-Unis ne découragent pas les enragés yankees de la NRA, excipant du 2e amendement qui garantit à tout citoyen américain le droit de détenir des armes. Celle d’Ethan était un « cadeau de Noël » !

            Ce genre de cadeau, fait entre autres à de très jeunes enfants, donne le pouvoir de disposer de la vie des autres. C’est un pouvoir de nuisance exorbitant qui heureusement épargne encore nos civilisations européennes qui ne  sont cependant pas exemptées de violence.  

            À propos de pouvoir avec un clin d’œil, on peut citer cette réplique de Clint Eastwood  dans « Le bon, la brute et le truand , « … le monde se divise en deux. Ceux qui ont le pistolet chargé…et ceux qui creusent. Toi, tu creuses. »

            En France, le pouvoir a longtemps disposé du droit de vie ou de mort vis à vis des criminels de sang. Sous un certain régime pour lequel c’est un acquit historique, la peine de mort a été abolie en dépit d’une opinion publique réticente. C’est une victoire humanitaire majeure et la démonstration que le pouvoir politique peut aboutir lorsqu’il est exercé avec fermeté et conviction.

            Un autre exemple d’autorité régalienne en dépit des réticences populaires, est la conquête par une femme humaniste et pragmatique de la légalisation de l’IVG .

            Le pouvoir est donc proche de la question de la possibilité.

            Mais il faut savoir qu’il n'existe aucun pouvoir qui ne connaisse de contestation.

            Dans un système simple, le pouvoir ne peut être que rapport de forces (force morale ou force physique).

            Lorsqu’on dit « qui veut peut, et qui ose fait », on extrapole sur le possible dont dispose un pouvoir en place par rapport à des lourdeurs historiques, traditionnelles ou religieuses qui freinent toutes tentatives de transformation et de progrès. Il y a  une réelle contradiction entre la volonté d’émancipation et de mieux–être des peuples, et leur réticence devant les mesures capables de les engendrer. On veut bien du changement, mais chez les autres.

            On aurait pu penser que l’instruction, les facultés savantes, les diplômes universitaires, pouvaient donner un certain pouvoir à ceux qui les possédaient. On s’aperçoit à l’usage que ce pouvoir est largement contesté et battu en brèche par les pseudos informations consultées par un grand nombre de citoyens dont la culture est celle qu’ils acquièrent sur les réseaux sociaux.

            Avoir du pouvoir est le seul moyen de forcer cet obstacle en vue de faire avancer les choses, quitte à provoquer les opposants, qui selon leur force et leur crédibilité, peuvent fomenter une « révolution ». Elles sont quelques unes dans l’histoire de France a avoir changé, et souvent amélioré, la condition humaine.

            On voit  dans le contexte contemporain, qu’un homme  actuellement au pouvoir qui a intitulé sa profession de foi de ce titre révolutionnaire, s’est heurté, se heurte et de heurtera peut-être, à une réalité que son pragmatisme a enregistré et qui l’a empêché de mener à bien les réformes promises.

            La perspective du pouvoir donne à ceux qui veulent le conquérir, une vision fantasmée de celui-ci, engendrant des propositions utopiques et outrancières propre à toutes campagnes électorales. Celle que nous vivons n’y échappe pas.

            Elle a de plus une caractéristique particulière avec l’irruption bienvenue et réjouissante de candidatures genrées avec 5 candidates à l’élection présidentielle. Si l’on voulait faire de la sémantique élémentaire on pourrait dire que le pouvoir est du genre masculin, la soumission du genre féminin, aggravée par certains, du déni de compétence. Culturellement, et sans  que se soit anodin, c’est toute la charge symbolique que constitue le port du voile chez les femmes soumises à l’autorité, le pouvoir, des hommes. La laïcité est-elle une notion suffisante, a-t-elle un pouvoir suffisant, pour résoudre ce problème émergeant d’une politique migratoire qui en engendre de beaucoup plus complexes encore, en particulier celui de vouloir substituer un pouvoir divin impérieux à celui des lois qui régissent la République ?

            On ne connaît pas jusqu’ici un pouvoir qui a pu mener à bien la politique pour laquelle il a été élu.

            Seuls les pouvoirs autoritaires, voire dictatoriaux, qui musèlent, menacent et éradiquent les forces libertaires et contradictoires, peuvent se targuer de gouverner comme ils l’entendent selon des idéologies totalitaires, avilissantes et autocratiques faisant fis des droits de l’homme.  

            Soyons fiers et confortés de pouvoir vivre, quoiqu’on en dise, dans une république libre, égalitaire et fraternelle.                                                                 

 

            Dudu

 

                                                                                                         

           

 


Le pass et la java

 

 

 

 

Quand le pass est

Quand le pass est là 

La java s’en 

La java s’en va

Il y a de l’orage dans l’air 

Il y a de l’eau dans le 

Gaz entre le pass et la java

 

Pour cette fin d’année 

On voulait faire la fête

Mais  l’ministre d’la Santé

Nous a pris la tête

Fermé les boites de nuit

Les grandes farandoles

Les rues du grand Paris 

Celui des années folles.

 

Quand le pass est

Quand le pass est là 

La java s’en 

La java s’en va

Il y a de l’orage dans l’air 

Il y a de l’eau dans le 

Gaz entre le pass et la java

 

Quand dans un restaurant

Du coté d’Montparnasse

Je sors le document

Qu’on appelle le Q pass

Le masque sur le nez

Comme un cambrioleur

J’demande à déjeuner

On me dit qu’c’est pas l’heure

 

Quand le pass est

Quand le pass est là 

La java s’en 

La java s’en va

Il y a de l’orage dans l’air 

Il y a de l’eau dans le 

Gaz entre le pass et la java

 

Quand pour les réveillons

J’invite mes enfants

Il sont tous des baillons

Qui leur cachent les dents

Et je vois qu’à leurs yeux

Ils cachent un beau sourire

Et qu’ils sont heureux 

Qu’on puisse se réunir

 

 

Le pass est politique

Car se faire vacciné

C’est contraire à l’éthique

De tous ces cinglés

Qui pensent que le virus 

A bien choisi son camps

Par un long processus

Qui nous rend dépendant

 

Quand le pass est

Quand le pass est là 

La java s’en 

La java s’en va

Il y a de l’orage dans l’air 

Il y a de l’eau dans le 

Gaz entre le pass et la java

 

Pass et java copains

Ça n’pourra pas se faire

Et c’est pas pour demain

Qu’ils seront comme des frères

Pour qu’ce vilain virus

N’menace plus notre peau

Il faut qu’on fasse chorus

En dépit des idiots

 

 

Dudu

aidé de Nougaro

 

 

 

Que devient la raison ?

        

        

 

 

Il y a peu, mes lecteurs assidus s’en souviennent, je divaguais sur le thème de la justesse.

        

À l’heure où le « n’importe quoi » envahit nos esprits ensemencés par le torrent médiatique omniprésent dans nos vies, je ne peux m’empêcher de m’alarmer et de vous faire part de mes réflexions angoissées devant cette perte de jugement qui semble être partagée par un grand nombre de mes concitoyens qui seraient enclins à confondre le vrai du faux, opinions et faits avérés. C’est le règne des « fakes news » traduites en français par « infox ».

        

Mais le véhicule le plus efficace, le plus virulent et nauséabond de ces fausses communications, est celui des réseaux dits « sociaux » qui permettent de répandre anonymement et en toute impunité, des insultes, des calomnies, du harcèlement quelquefois mortel et des théories farfelues de complotisme dans tous les domaines, informatifs, politiques ou historiques.

        

Les exemples de cette dérive contemporaine sont légions et je n’ai que l’embarras du choix dans cette démonstration.

 

La pandémie qui depuis plus de deux ans maintenant est le fait majeur qui mobilise et inquiète la terre entière, permet de donner libre cours aux interprétations les plus fantaisistes et mensongères à longueur d’articles et d’émissions audiovisuelles qui sont quotidiennes et envahissantes par leur universalité. Il y en a même qui la nient…

        

La virulence multiforme de ce virus opiniâtre est inédite, et laisse les « savants » et les chercheurs peu assurés dans leurs commentaires, et pour une fois sans certitudes avérées. Cela ouvre la voie à de multiples « délires » divulgués par des esprits dont l’anticonformisme est la base de leur raisonnement. L’un de ceux-ci s’est taillé une certaine notoriété en prétendant guérir avec un remède banal et en prédisant l’extinction de la maladie à court terme. Ses admirateurs sectaires dans leur avidité de croire ont le goût de prendre leur désir pour la réalité. Comme le dit Raphaël Enthoven, les contredire c’est bâillonner Cassandre .

        

Un autre sujet où la désinformation et l’aliénation font rage, c’est tout ce qui touche au phénomène de l’immigration qui sera inexorablement un fait de civilisation universel, non seulement politique mais aussi et surtout, engendré par le dérèglement climatique qui chassera des populations entières, victimes de la sécheresse ou de la montée des eaux, vers des terres habitables à défaut d’être accueillantes. La réponse à ce grave problème est-elle dans la construction de murs entre nations ? Combien de morts de froid ou de noyés faudra-t-il pour que ce que l’on appelle, sans savoir ce qu’elle représente, la Communauté Internationale, réagisse ?

        

La religion est, et sera toujours, un sujet qui préoccupe les hommes. L’extravagance a atteint ses limites avec ce Prix Nobel qui vient de publier un ouvrage où il prétend donner des « preuves scientifiques » de l’existence de Dieu. C’est la thèse revisitée du « Grand Horloger » qui serait à l’origine de l’Univers, aggravée par certains qui refusent le Darwinisme pour lui préférer cette absurdité du « Créationnisme ».

        

Le fait religieux, et le catholicisme en particulier, sans parler de ses déboires récents concernant la pédo-criminalité de certains de ses serviteurs, est un frein au progrès depuis des siècles, de Galilée à la répression de la libre pensée avec l’Inquisition, du retard qu’il a occasionné en médecine chirurgicale par sa phobie du sang à l’anti IVG qui a provoqué des drames comme en Pologne récemment. Il faut cependant reconnaître que les Dix Commandements sont à l’origine de la Déclaration universelle des Droits de l’homme qui fut un grand pas civilisationnel.

 

En matière d’entrave au modernisme, la Thora et le Coran ne sont pas en reste, sans parler des dérives de l’islamisme qui déteste et rejette les valeurs occidentales de

liberté, de justice et d’égalité entre les hommes et les femmes. Dernièrement l’esprit religieux vient de fausser le jugement du Conseil de l’Europe, infiltré par les Frères Musulmans, qui a financé la campagne « La liberté est dans le Hijab » !!!

        

Pour compléter ces quelques remarques sur les symptômes d’un certain dévoiement intellectuel, il faudra que je vous parle un jour du « wokisme » et de l’abolition des genres avec l’apparition du « iel »…

        

En cette période de cacophonie médiatique, de controverses stériles et de confusion mentale, essayons de raison garder et peut-être d’écouter calmement, comme dans la célèbre chanson… « le son du silence ».

 

        

Dudu


 

Halloween

 

 

 

Si la tradition continue d’être respectée dans son pays d’origine, l’Irlande, Halloween semble perdre de son attraction en France. La Toussaint est suffisamment triste sans qu’on y ajoute ces défilés morbides d’enfants déguisés en fantômes, sorcières, monstres et vampires qui viennent quémander aux portes en disant « Trick or treat ! », « des bonbons ou un sort ». 

De plus, on pourrait penser que depuis deux ans, cette fête horrifique se prolonge tout au long de l’année avec pour effigie, non plus une tête de citrouille évidée, mais une sphère rougeâtre couronnée de spicules en forme de trompes à qui on a donné le nom de coronavirus. Les irréductibles partisans de cette fête s’en inspireront peut-être. 

 

On a connu son cousin il y a quelques années responsable du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) et on a su l’enrayer avec efficacité. Mais celui-ci est beaucoup plus vicieux et sait se défendre aux agressions médicamenteuses sensées le combattre en mutant très rapidement avec des variants de plus en plus agressifs et contaminants.

 

Chaque pays lutte avec des moyens et des philosophies contradictoires, selon que l’on veut protéger ou pas des populations et des générations différentes. Certains dirigeants devront sans doute se justifier devant l’histoire pour une gestion catastrophique de cette pandémie qui a fait des centaines de milliers de morts dans leur pays et de par le monde. 

 

Dans le pays de Pasteur, on ne manque pas d’opposantsaux vaccins dont les arguments ne peuvent tenir la route devant l’évidence de son efficacité. On n’a jamais vu dans l’histoire un vaccin aussi vite mis au point, avec des méthodes connues, vérifiées expérimentalement, et cela sur plus de quatre milliards d’individus ! Que leur faut-il de plus ? 

On sait que ce dévoiement intellectuel est malheureusement due à la politique qui fait dériver le plus élémentaire bon sens et pollue tout raisonnement rationnel.

 

Le Français est frondeur dans son ADN, et cela lui a sans doute permis d’avancer au cours des  siècles dans son histoire. Il est cependant dommage que cette attitude soit souvent accompagnée de conflits, d’actions violentes, et responsabled’un moral qui est l’un des plus pessimistes au monde. 

 

À ce propos, et sans vouloir polémiquer, je ne saurais vous recommander à nouveau la lecture du livre d’Hervé Le Bras, « Se sentir mal dans une France qui va bien ».

Il est probable qu’à défaut d’Hallowen, on voit de nouveau défiler, non point dans les rues, mais sur les ronds points, « des gilets jaunes ». 

 

Notre président a fait allusion aux « Gaulois réfractaires ». Le général de Gaulle en disait ceci : « Les Gaulois n’ont pas changé. Leurs chefs détestent obéir. Mais ils adorent discuter ».

Dudu


 

 

De la justesse


 

 

 

 

Avant toute chose, et pour répondre à la suggestion d’une de mes sympathiques lectrices qui m’a incité à disserter sur la justesse, je voudrais m’attacher à trouver les mots justes pour le faire, car comme le disait Camus, « mal nommer les choses ajoute au malheur du monde »

 

La justesse des mots et de leur interprétation sont des choses primordiales à défaut desquelles des conséquences désastreuses peuvent se déclencher. Dans l’histoire, une lecture fausse, une erreur de traduction, une formulation volontairement sibylline, comme le fut par exemple la dépêche d’Ems, entraîna la France dans la guerre de 1870, prémices de celle qui allait suivre en 1939. 

La planète ne survivra à un dérangement climatique apocalyptique que par la justesse des décisions internationalessur l’environnement que les dirigeants du monde auront sans doute bien du mal à prendre en toute lucidité et responsabilité.

 

Dans un autre domaine sur lequel et je reviens comme une obsession, les débordements verbaux de certains manifestants antivax et antipass m’exaspèrent en parlant de « dictature », de terrorisme d’état et autres balivernes faisant injustement référence à la dernière guerre. C’est d’autant plus inadmissible et choquant que cette époque a engendré pour le plus grand bien de l’humanité une catégorie de gens qu’on appelé « les Justes » qui devraient faire honte à ceux qui les déshonorent par leurs propos scandaleusement anachroniques et inconvenants.

 

On a la liberté de prendre le risque de tomber malade en ne prenant pas les précautions recommandées, mais elle s’arrête quand elle met en danger la santé des autres. Certains arguments faussement libertaires ne sonnent pas justes. Il faudra sans doute beaucoup de temps et de polémiques pour reconnaître un jour la justesse des mesures prises pour enrayer la pandémie qui ravage les 5 continents.

 

Je vais faire une tentative d’analyse de ce vaste sujet qu’est la justesse en prenant justement comme support, (pourquoi pas ?) « Les Jeux Olympiques de Tokyo » qui me permettront d’illustrer un peu la subtilité de ce concept, à ne pas confondre, avec celui de justice qui viendra pourtant souvent compléter la notion de vérité.

 

Pour faire une première différence entre justesse et justice, je prends l’exemple ironique de Calimero lorsqu’il dit « C’est vraiment trop inzuste » en zézayant, il se plaint d’une injustice, victime dérisoire du syndrome de la persécution, un peu comme les manifestants ci-dessus mentionnés.

Une première approche de ce qu’est la justesse, c’est de dire qu’une chose est exacte, conforme à ce qu’elle doit être, qu’elle est juste. Le contraire du juste, au sens de la justesse, n’est pas l’injuste, mais le faux. Si je prends l’exemple du sport, l’injuste et l’inexact sont principalement illustrés par le dopage. Les résultats et le palmarès d’un conçurent dopé sont évidemment irrecevables par rapport à ses concurrents sains, et la sanction de justice sera de l’éliminer. 

 

Une deuxième manière d’aborder la notion de justesse est de dire qu’une chose est faite avec exactitude, précision, sans faute ni écart. Les gestes de tous les sportifs, qu’ils soient gymnastes, plongeurs de haut vol, athlètes ou équipiers d’un sport collectif, doivent être exécutés avec précision, rigueur et régularité pour être efficaces, engendrant souvent une harmonie visuelle comme celle que donne, par exemple, un saut à la perche réussi, l’envol d’une gymnase au cheval d’arçon. Tir à l’arc et aux armes à feu, prises de judo et autres approches des sports de combat demandent de la justesse, de la dextérité et de l’adresse.

On retrouve  bien évidement cette notion dans tous les gestes des artisans chevronnés dont les éléments constitutifs d’une réalisation se doivent d’être « ajustés ». Il en est de même chez les artistes qui réalisent des œuvres d’art nepermettant pas l’approximation, encore que certaines œuvresde cet art, dit contemporain, permettent d’en douter. Par contre, un chanteur se doit de chanter avec justesse, un musicien d’orchestre de jouer juste, un acteur de donner de l’authenticité à ses personnages par sa justesse d’interprétation. 

 

La justesse n’est pas quelque chose qui se constate mais qui se reconnaît. La justesse d’un raisonnement s’apprécie  au résultat qu’il engendre. Ce peut–être la qualité de choses qui se rapportent l'une à l'autre avec une grande exactitude, comme la répétition des mêmes causes qui engendrent les mêmes effets, le passage d’un témoin à la course de vitessepar équipes, la concordance d’un duo vocal ou encore la simultanéité des mouvements de la natation ou des plongeons synchronisés, de la gymnastique rythmique, etc.

Tomber juste, c’est en effet tomber exactement là où il fallait, quand il fallait, au bon moment, à point nommé ou « à pic » comme on dit. Pour insister sur les Jeux Olympiques, on ne peut pas dire que la Covid 19 soit tombée au bon moment, pour engendrer une inexactitude de date en parlant des jeux de Tokyo 2020 qui se déroulent en 2021. Ce décalage dans le temps n’a pas empêché ceux-ci de se dérouler avec juste que qu’il faut d’enthousiasme et d’émotion devant des performances tout juste époustouflantes, avec des records olympiques justement homologués, avec cependant quelques uns réalisés « de justesse » ! Ça n’est que justice que de le reconnaître et d’attendre avec impatience que ces jeux viennent à Paris justement !

 

En attendant, j’ai le sentiment qu’il serait juste que les Talibans participent aux Jeux paralympiques compte tenu de leur handicap mental !

Une citation pour finir : « Celui qui ne veut agir et parler qu'avec justesse finit par ne rien faire du tout. » (Friedrich Nietzsche).

Jean-Guy


 

 

Du doute

 

 

J’ai des doutes sur la pertinence d’écrire sur le doute.

 

Ce sentiment ordinaire, quotidien, universel et récurent peut s’analyser à différents niveaux dont le plus élevé fait référence à la philosophie. 

On parle alors du doute cartésien qui pourra piquer l’intérêt de mes amis lecteurs intellectuels ou non.

 

Le doute ordinaire est l’expression d’un sentiment d’incertitude, tant sur l’évènementiel que sur les personnes. Il est fréquent, et c’est un état naturel de l’esprit qui s’interroge, quisurgit spontanément, et a plusieurs significations selon que l’on emploie les formules, « j’en doute », marquant un soupçon concernant l’existence ou la réalisation d’un fait, ou encore, « je doute de lui » hésitation sur la conduite à tenir face à quelqu’un que l’on ne connaît pas bien, ou « je m’en doute » qui est plutôt une affirmation d’acceptation raisonnée 

 

Douter est une marque d’intelligence, car cela demande de la réflexion, une certaine capacité d’analyse avant une prise de décision. On oppose au doute ordinaire « la foi du charbonnier »,qui est une expression d’origine religieuse exprimant le fait d’avoir une conviction absolue sans aucun support rationnel. 

 

Nous avons à l’heure actuelle à propos du vaccin anti covid, un « front du refus » qui conteste la pertinence et de lalégitimité à obliger les gens à se faire vacciner. Les arguments scientifiques sont mis en doute ainsi que la compétence des chercheurs et des médecins, et en fond de sauce, une opposition latente à toutes formes de pouvoir. La peur le dispute à la mauvaise foi. Craindre des effets  secondaires hypothétiques à long terme, en prenant le risque d’une contamination invalidante immédiate, me semble être une attitude totalement irrationnelle et irresponsable. Non seulement ils doutent, mais ils redoutent !

 

De plus, vouloir  comparer ces décisions de salut public à une coercition insupportable exercée durant la dernière guerre mondiale est inepte et même obscène. Probablement le fait de gens qui « ne doutent de rien », persuadés qu’ils détiennent la vérité vraie !

Pour élever le débat, évoquons les Sceptiques qui étaient des philosophes qui pensaient, non pas que la vérité était inaccessible, mais qu’on n’était jamais sûr de l’avoir atteint.  « Que sais-je ? » se demandait ainsi Montaigne, l’une des grandes figures du scepticisme de la Renaissance. 

Loin d’envisager le doute comme un renoncement définitif à la vérité, Descartes oppose ainsi au doute négatif des sceptiques, ce que l’on a appelé le doute méthodique. C’est l’attitude du sujet pensant qui considère tout jugement sur tout objet de connaissance comme douteux afin de tendre vers la plus grande certitude possible, la certitude première étant celle du sujet pensant lui-même. Cela amène notre philosophe à exprimer cette vérité par la formule, « Cogito ergo sum ». 

Ainsi, douter ce n’est pas renoncer à la vérité mais entreprendre une démarche pour la trouver. 

 

Juridiquement, un accusé dont on ne peut démontrer la culpabilité faute de preuves, est innocenté au « bénéfice du doute ».

 

Il est des proverbes qui affirment les bienfaits du doute : « Le doute est le commencement de la sagesse », ou encore « Dans le doute abstiens-toi ! »Pourtant j’ai des doutes sur la bonté innée de l’homme selon Rousseau. J’ai des doutes sur sa capacité à lutter contre le dérèglement climatique. J’ai des doutes sur sa volonté à vouloir vivre en paix. J’ai des doutes sur l’utilité du tourisme spatial pour promouvoir les loisirs pour tous. J’ai des doutes quant à la disparition des états totalitaires. J’ai des doutes sur une diminution à long terme des inégalités sociales. J’ai des doutes sur l’évolution de l’intelligence humaine en regard de l’intelligence artificielle. J’ai des doutes sur le pouvoir des médiums à communiquer avec l’au-delà En matière de sport, toutes performances hors normes suscitent le soupçon de fraude par le dopage, et le doute s’installe quant à l’honnêteté de leurs réalisations.

Vous pouvez allonger la liste au point de s’interroger sur le moyen de vivre sans douter. 

On ne peut parler du doute sans évoquer « le doute religieux »qui est une incertitude sur l’existence  de Dieu et qui sera le fondement du « pari de Pascal » : si Dieu n’existe pas, le croyant et le non-croyant ne perdent rien. Par contre, si Dieu existe, le croyant gagne le paradis tandis que le non-croyant est enfermé en enfer pour l'éternité.

 

On aurait pu trouver dans la religion une sorte de conclusion sur le doute en évoquant le comportement de l’apôtre « Thomasl’incrédule » qui ne croyait que ce qu’il voyait. Or, depuis quelque temps maintenant on est confronté à des phénomènes inédits qui se manifestent sous la forme de « fakes news », traduit en français par « informations fallacieuses », et qui sont principalement transmises par ce qu’on appelle « les réseaux sociaux », ou encore la falsification des images par des manipulations informatiques. On ne peut plus croire avec certitude, ni ce qu’on lit, ni ce qu’on entend, ni ce que l’on voit, et le doute est un moyen de se protéger des mensonges et autres délires « complotistes » que des firmes internationales malveillantes sont chargées de concevoir et de diffuser dans le monde pour le déstabiliser dans la confusion et le chaos.

Pourtant, par rapport à l’autorité rationnelle des faits avérés, il y a dans le doute une notion de possible, une part de rêverie et d’imagination qui donne à la vie une dimension poétique et exaltante que nous devons entretenir pour ne pas rester trop «raisonnable », matérialiste, trop plein de certitudes décevantes. 

Sans aucun doute, cet essai vous fera douter de la justesse de mes réflexions. 

 

Dudu


 

De l’attente

 

 

 

Dans une vie on est inévitablement confronté à un épisode d’attente.


Dans notre monde du numérique, le citoyen informatisé ne supporte plus l’attente, considérée comme une perte inadmissible de temps. La technologie s’efforce de lui donner satisfaction en inventant des moyens de communiquer, des ordinateurs, des tablettes, des Smartphones de plus en plus performants, et la 5G ou la fibre optique ne seront sans doute pas suffisantes pour assouvir sa fébrilité addictive.  Est-ce que l’exigence du « tout tout de suite » est un progrès dans la construction de soi et dans la recherche du bonheur, je n’en suis pas persuadé. 

 

L’attente est une expérience qui peut nous entraîner vers l’euphorie la plus gratifiante ou au contraire être un moment de grande angoisse.

 

La plus courante est celle qui concerne notre santé lorsque nous attendons le verdict d’un examen biologique ou radiologique, et que nous sommes à nous ronger les sangs dans la salle d’attente (la bien nommée !) du praticien qui nous suit. Dans ces moments là, l’imagination est notre plus grande ennemie, car elle échafaude des scénarios le plus souvent pessimistes, dont l’issue est rarement heureuse. C’est sans doute une sorte d’autodéfense qui nous met en condition pour entendre une sentence redoutée ou qui, au contraire, en se préparant au pire, se ménage une bonne surprise. 

 

Puisque nous sommes dans le domaine médical, je ne peux que constater, en le déplorant, que les soignants dans leur ensemble, probablement débordés de leur côté, ne font pas grand cas de l’emploi du temps de leur patientelle en abusant des retards dans leurs rendez-vous, ce qui multiplie les temps d’attente de celle-ci dans leurs consultations, et explique sans doute cette condition de « patients »  impatients. 

 

Hospitalisé, le malade est allongé sur un brancard dans le couloir d’un service chirurgical dans l’attente d’une anesthésie pour une opération du cœur, de la pose d’une prothèse ou tout autre intervention. Le va et vient des infirmières qui frôlent sa couche sans le voir, ne contribue pas à apaiser son appréhension. C’est un grand moment de solitude.


Cette attente est quelquefois justifiée par des exigences naturelles, et l’image la plus caricaturale de l’homme stressé, est sans doute celle du papa que l’on a éloigné de sa parturiente épouse, attendant dans l’angoisse la venue de leur premier enfant. Cette attente-là est le plus souvent récompensée par le bonheur d’entendre un premier vagissement, annonciateur de ceux qui perturberont les nuits des nouveaux parents.

 

L’attente des résultats d’examen pour le potache est plutôt oppressante, comme l’est celle de son bulletin d’embauche pour l’ouvrier. 

 

Au restaurant notre tolérance de l’attente est proportionnelle à la notoriété de celui-ci. 

 

Notre attente de la fin de la pandémie nous semble interminable.

 

Chez les croyants, l’attente est vécue différemment selon qu’ils attendent un Messie ou redoutent l’Apocalypse.

 

Plus pénible à évoquer est l’attente des victimes aux mains de leurs bourreaux qui s’en servent comme d’un raffinement supplémentaire pour créer de l ‘angoisse chez celui qu’il veulent faire avouer ou châtier par la torture. Le tortionnaire n’a pas d’horaire, sauf à faire durer la terreur, et après une première séance d’atrocités qui a laissé pantoise sa victime, il laisse passer de longues minutes, des heures, voire des jours, avant de s’en approcher à nouveau. Sur son lit de souffrance le malheureux attend dans l’inquiétude et essaie de se préparer à de nouveaux tourments, à supporter l’insupportable. Il faut saluer le courage de ceux qui ne flanchent pas, à l’image d’un Jean Moulin, et de  bien d’autres, ou la lucidité résignée d’un Damien le régicide, qui avant d’être supplicié aurait dit : « la journée va être rude ! ».

 

Heureusement il est des attentes sources de contentement. Celle du futur papa que j’évoquais plus haut peut également être évoquée comme positive ; ne dit-on pas l’attente d’un «heureux événement » ?  Pour madame, se représenter la montre ou le collier que son mari lui a promis pour son anniversaire est un moment d’attente agréable, comme pour monsieur qui guette la livraison de la voiture de ses rêves. 

 

Les joueurs  se servent de l’attente pour générer des émotions fortes. La Loterie Nationale, le Tiercé et les jeux de hasard des casinos, leur procurent des poussées de dopamine, cette hormone qui allume dans le cerveau les circuits de récompense. 

 

Mais il en est d’autres qui remontent à l’enfance comme l’attente de  la venue du Père Noël, de celle de retrouver ses parents après une longue absence, et celle, contemporaine, de pouvoir enfin embrasser ses grands-parents confinés depuis de longs mois par la Covid. L’espoir optimiste est la condition

 

impérative pour une attente heureuse. 


À propos d’attente heureuse, on peut citer malicieusement cette boutade de Georges Clémenceau : « le meilleur moment de l’amour, c’est quand on monte l’escalier ».

 

Dudu  

 

À la recherche du latin perdu

 

 

            Mes « humanités », comme on appelait autrefois ces années d’études de la 6e au  bac, on duré 9 ans au lieu de 7 en raison du latin que j’avais du mal à maîtriser dans cette filière classique. Je pense que la scientifique se serait déroulée de la même façon avec mon « analphabétisme numérique ». Une version, étudiée la veille de l’examen, m’a évité de tripler ma première.

            Pourtant je ne regrette pas ce parcours laborieux qui m’a initié (avec peine il est vrai !) à la subtilité du latin qui est à l’origine de bien des langues occidentales, italien, espagnol, roumain,  occitan,  portugais, français, leur donnant une sonorité plus ou moins reconnaissable à leurs racines communes en modulant les accentuations. J’aime ces Québécois qui s’obstinent à préserver le parler de leurs ancêtres provinciaux, ces « maudits Français » !

            Il me revient en tête une phrase célèbre tirée des « Catilinaires «  de Cicéron : « Qousque tandem, Catilina, abutere patientia nostra » que même des non latinistes pourront traduire. C’est confirmer que nous aussi, nous avons été nourris au lait de la louve de Romulus et Remus.

            Et comme la mémoire est ainsi faite de bribes résurgentes, comme de petits nuages dans un ciel bleu,  me vient à l’esprit une phrase en espagnol appris en deuxième langue  après l’anglais : « Te conozco, bacalao, aunque vengas disfrazado ». C’est déjà un peu plus ardu à traduire, mais elle est couramment employée en Occitanie pour dire que quelqu’un se paye votre tête.

            Après toutes ces années je ne parle correctement aucune de ces trois langues, ce qui, en dehors de ma « cancritude », constitue sans doute un échec patent de la pédagogie linguistique à l’école. Que peut-on tirer utilement parlant, à part une curiosité historique  ou une prétention à l’érudition, de l’étude des œuvres  de Cicéron, Sénèque ou César, de Shakespeare et Cervantes ? C’est l’italien que je maîtrise le mieux après des cours du soir suivis durant ma vie d’adulte…

            De nos jours, le latin, qualifié de langue morte, a été longtemps un langage destiné à enjoliver la messe avec tout un répertoire repris en chœur par les fidèles qui n’en comprenaient pas un mot des antiennes liturgiques, entonnant à pleins poumons des « Ora pro nobis » ou «  Gloria in excelsis deo ! », et depuis une réforme de soi-disant modernité, comme le chantait Brassens. « Sans le latin, sans le latin, la messe nous emmerde ! »

            En écoutant certaines femmes et hommes publics, politiciens ou journalistes, je me dis que notre belle langue devrait retrouver quelquefois les fondamentaux de son origine latine, ou grec,  lui donnant toute ses nuances et ses résonances, nous permettant de traduire des mots usuels en reconnaissant leurs radicaux, leurs préfixes, leurs suffixes qui en  constituent la formation. . Ainsi « équidé» qui vient de equus, cheval ; « apiculture », d’apis, abeille, « gynécologue », de gyno, femme, etc.  « Incultus » veut dire « en friche » !

            Je ne résiste pas à vous rapporter une phrase d’une député dont je tairai le nom, « On s’est lancés en roockies, on a débarqué sans connaître les codes ni le fonctionnement… On a tenu 35 heures de stream en se relayant, avec au total 1000 followers  et 5720 viewers uniques »… en français dans le texte !

            Je préfère citer Roger Martin du Gard, qui est à mes yeux un grand écrivain, semblable à un maitre verrier choisissant et agençant méticuleusement les mots de la langue de Molière, comme les éclats de verre pour un vitrail, et qui écrivait : « La vie serait impossible si l’on se souvenait de tout. Le tout est de choisir ce que l’on doit oublier ». Ou encore, « Le problème de la patrie n’est peut-être au fond, qu’un problème de langage. Où qu’il soit, où qu’il aille, l’homme continue à penser avec les mots, avec la syntaxe de son pays ».

                C’est avec ces mots et cette syntaxe bien français (le masculin l’emporte avant la mode de « l’inclusive language » !) que je vous transmets mon appétence et mon amour pour ma langue maternelle : « Sermo patrius ! »

Dudu


Éloge de la nuance


 

 

Pour peu que l’on s’intéresse à l’actualité et aux médias qui se chargent de la transmettre et de la commenter, de quoi peut-on s’étonner en dehors de « l’outrance » qui y règne. 

Cette exagération des attitudes et des propos qui l’accompagnent est partout, envahissant tous les domaines de la vie publique et sociale, les protagonistes de celle-ci ne faisant aucun cas de l’avertissement de Talleyrand qui disait « Tout  ce qui est excessif est insignifiant ». 

La  caricature de cette dérive nous est donnée par les titres racoleurs et simplistes des journaux de tous bords et par les chaînes d’information continue où des journalistes patentés s’adonnent  à des joutes oratoires aussi vaines que bruyantes,le degré des décibels émis étant inversement proportionnel à la médiocrité des arguments. 

L’un de ceux-ci est particulièrement répandu par les opposants farouches du chef de l’État qui ne démordent pas de l’idée que les mesures entreprises pour lutter contre la pandémie sont moins sanitaires que politiques. Une telle assertion est tellement polémique qu’elle suscite le tumulte ci-dessus cité, sans qu’aucune preuve avérée puisse entraîner une adhésion totale des partis. Des spécialistes de la contradiction systématique et de l’outrance, sont invités sur les plateaux télévisés, pour engager des joutes verbales qui feront le « buzz » et booster l’audimat. Il n’en ressort rien de constructif. 

Depuis plus d’un an, il n’y a pas un jour, pas une heure,sans qu’on nous « informe » sur les derniers ravages de la Covid-19, et sur les initiatives prises - à titre provisoire – pour essayer de l’enrayer. C’est un sujet très préoccupant en effet,et il est légitime que chacun y réfléchisse et le commente, en acceptant ou non les fameux « gestes barrière » et d’hygiène recommandés par le  Ministère de la Santé, sachant que ceux-ci ne sont pas uniquement une protection individuelle, mais aussi et surtout, un moyen d’éviter de contaminer les autres. 

Mais n’entend–t-on pas à ce sujet une surenchère sur ce que certains appellent une « dictature sanitaire » ? N’y-t-il pas là une confusion mentale qui décrédibilise ces auteurs qui veulent ignorer que les dictatures ne « restreignent » pas les libertés mais les « suppriment ». 

« Dedans avec les miens, dehors en citoyens » est-ce une maxime sortie du « Petit Livre Rouge « ?

La vaccination est le nouveau sujet de critiques au sein des commentateurs avisés - ou pas. Ne pas donner de perspective d’espoir pour sortir de cette mauvaise passe est considéré comme anxiogène par certains, mais donner un calendrier précis des injections prévues par catégories d’âge, ne rassure et ne convainc pas plus. Il y a des « antivax »enragés que l’on estime à environ 30% des Français. C’est vraiment beaucoup pour le pays de Pasteur, inventeur de la vaccination. La polémique sur l’Astra Zeneca ne facilite pas les choses il est vrai, pas plus que celle sur la fameuse chloroquine d’un certain professeur marseillais. Mais il faudrait sans doute un peu plus de modération, de raisonnement et d’honnêteté chez ceux qui ne peuvent nier que le vaccin a éradiqué des maladies mortelles comme la tuberculose, la variole, le paludisme, la diphtérie, la coqueluche, la rougeole et bien d’autres

On dit que la France a la chance d’avoir 60 millions de virologues !

Pour rester dans l’actualité, n’y a-t-il pas également outrance chez certains élus se réclamant de l’écologie, de vouloir supprimer le rêve d’Icare chez les enfants, ainsi que les arbres de Noël et le Tour de France ? L’écologie punitive n’a aucune chance de susciter l’adhésion de nos concitoyens qui ont déjà du mal à respecter un tant soit peu la nature, par exemple en ne jetant pas leurs plastiques, leurs cannettes ou leurs masques dans les rues. 

«  Quand les hommes sont fous, le bon sens leur fait mal à la tête » : Alfred de Vigny

 

Dudu

 

État d’âme

 

 

 

            En cette fin d’hiver, alors que le printemps nous fait des clins d’œil  avec des journées ensoleillées aux températures au dessus de la moyenne des saisons, entrecoupées d’autres journées moins clémentes, venteuses, voire carrément glacées, qui n’incitent pas à sortir, il me vient à l’esprit un verbe qui pourrait décrire mon état  général : je m’étiole !

            Plus souvent employé pour désigner l’état de dépérissement d’une plante, puis-je me comparer à un végétal pour parler de ce « coup de mou » passager sans doute provoqué par cette période de confinement  qui entraîne une certaine angoissante solitude et nous isole les uns des autres ?

            Que dit le dictionnaire à propos de ce mot ?

« Se dégrader en perdant toute énergie, toute vitalité de manière alarmante pour devenir fragile et devenir souffreteux »

 

            Me dégrader, ça je veux bien l’admettre et je le constate au fur et à mesure que les années s’accumulent, et cela malgré des efforts pour garder un semblant de forme physique et des facultés intellectuelles les plus  convenables possibles.

            Pour l’énergie, si elle est passablement entamée  en cette période de confinement et de couvre feu imposés, elle ne m’a pas complètement abandonné, me permettant de m’adonner à mes hobbies habituels de marche, de golf, d’écriture, de lecture et de peinture.

            Quant à la vitalité, c’est peut-être là que je  pourrais sentir une baisse d’intensité, qui sans être alarmante,  me donne le sentiment de me fragiliser sans pourtant aller jusqu’à être souffreteux.

            N’ai-je pas supporté sans problème ma vaccination antivirale ?

            Je ne crois pas être seul  à éprouver ce malaise saisonnier, assez récurrent chaque  année en  cette période  post hivernale qui voit la nature s’éveiller lentement avant l’explosion du « sacre du printemps », qui, nous l’espérons, nous permettra de revenir à une vie  dite « normale ». Mais voilà que pour la deuxième année consécutive, en mars, ce mal-être domestique accentue sa pression avec des sentiments de peur, de lassitude et d’incertitude sur notre avenir sanitaire, social et économique. Les sondages affirment que le moral des Français, et en particulier de ses étudiants, est au plus bas.

            Pour ma part, je m’étiole peut-être, mais je garde le moral en essayant de relativiser et de comparer le malheur des défavorisés et des peuples opprimés et démunis de tout.

            Cependant, dans ce contexte déprimant, ne doit-on pas se réjouir de voir ces mêmes « Gaulois réfractaires »  ne pas renoncer à leur tradition contestataire de polémiques  médiatiques, d’agitation et d’appel à la révolte. ? Serait-ce une parade à « l’étiolement » ?

            Par contre, peut-on accuser le manque d’exercice physique, de compétitions sportives et  de fréquentation des salles obscures, pour tenter d’expliquer le comportement révoltant d’une jeunesse marginale qui fait régner dans des quartiers  pas forcement défavorisés, un regain de violence  meurtrière qui fait dire à la Presse que nous vivons un moment de dérèglement moral qui pourrait s’apparenter à celui décrit dans le film de Kubrick « Orange Mécanique » ? Je ne le crois pas, mais reste très inquiet devant cette précocité dans le crime, cette banalité de la violence, cette barbarie d’un autre âge où l’on n’accorde plus aucune  valeur à la vie humaine.

            Il faut que nos dirigeants se penchent aussi sur ce douloureux problème en plus de celui que pose les effets dévastateurs de la Covid qui impose des mesures contraignantes et pénibles pour chaque citoyen, et qui sont systématiquement critiquées au rythme de leurs annonces  officielles hebdomadaires, voire  journalières. Le gouvernement semble, avec calme et détermination, poursuivre sa ligne de conduite qui supporte la comparaison avec celle des autres pays  en se référant au mot de Talleyrand : « Quand je m'observe je m'inquiète, quand je me compare je me rassure. »

            Quand je regarde les jonquilles  de mon jardin et les feuilles vigoureuses qui annoncent les tulipes du printemps qui sont loin de s’étioler, je ne peux qu’être positif à mon tour et avoir foi en l’avenir, avoir de l’espoir et vous souhaiter d‘y croire avec moi.

Dudu

 

Rêverie d’un jardinier amateur

         

 

 Ça y est ! Je me suis adonné à l’un de mes passe-temps favori, lequel n’a lieu qu’une fois par an

J’ai reçu, comme tous les ans à la même époque, mes 20 sachets de graines de la SAJA (Société des Amateurs de Jardin Alpin) que j’avais commandés en septembre. Il s’agit d’un travail minutieux de contrôle des graines numérotées pour les identifier et de leur restituer leur nom scientifique au moyen d’un répertoire, tant sur les sachets eux-mêmes que sur les étiquettes qui serviront de repère sur les pots de semis. Parallèlement je note sur un cahier spécial, qui doit contenir à l’heure actuelle plus de  300 noms de plantes, le nom latin des nouvelles, avec leurs caractéristiques spécifiques de sol, d’exposition, de hauteur, de couleur et de date de floraison.

Ce travail préliminaire accompli, il reste à préparer un substrat spécial, léger, aéré et riche qui va recevoir les graines semées à l’aide d’un semoir calibré. La vingtaine de pots remplis de cette terre humidifiée reçoit un échantillon dûment répertorié des précieuses graines sélectionnées et distribuées par d’autres membres de l’Association et qui proviennent de leur jardin.

J’ai essayé plusieurs techniques pour une pousse sécurisée, dans une pièce de la maison, dans  une serre froide ou chauffée, pour ne retenir depuis ces dernières années qu’une  exposition à l’air libre qui alterne gel et réchauffement comme dans la nature. De toutes façons, chez moi, quel que soit le mode, il faut savoir qu’environ la moitié de ces graines, pour diverses raisons inexplicables, lèveront. Certaines ont perdu leur pouvoir de germination, mais pas que !

            Mais quelques temps plus tard, je ne peux décrire la joie, l’émotion, le plaisir que j’éprouve à la vue de l’éclosion de ces plantules vertes, de bonne volonté, si menues, si fragiles, porteuses d’espoir de voir se développer la plante que j’ai choisie pour sa forme, sa beauté ou sa rareté, et qui fera l’orgueil de ma rocaille.

Il y a encore un long chemin semé d’embûches avant d’en arriver là. La croissance de ces plantes de montagne, que nous, gens de la plaine,  nous efforçons d’acclimater dans un environnement contre-nature, est affaire de spécialistes qui demande beaucoup de précautions et de soins. Je suis loin d’en être un, et je n’ai que mon obstination à renouveler l’expérience pour persévérer dans l’échec. Depuis que je cultive ces plantes délicates, il ne m’en reste à peu près qu’un dixième qui végète au milieu des cailloux.

Aussi, je sais me contenter de ce plaisir éphémère que constitue l’éclosion d’un Edelweiss, d’une Gentiane,  d’une Campanule ou d’un Saxifrage et de bien d’autres. J’ai l’impression d’être à l’origine du monde en participant à donner la vie ! Après, advienne que pourra !

Il est vrai que quand j’étais petit, on me parlait d’une graine plus facile à planter qui donnait soit des choux, soit des roses d’où sortait un petit garçon ou une petite fille…

Je tenais à vous faire partager ce petit moment de bonheur simple qui donne du charme à la vie… de retraité.  Et vous que vous est-il arrivé d’heureux aujourd’hui ?

 

Dudu


 

Effet secondaire

 

 

 

Mon chien ne tenait plus en place depuis maintenant 3 jours, 3 jours au cours desquels nous n’avions pas pu faire notre promenade bi-journalière. Même l’alinéa 8 de « l’attestation de déplacement dérogatoire du couvre-feu » qui permettait les« déplacements brefs, dans un rayon maximal d’un kilomètre autour du domicile pour les besoins des animaux de compagnie »venait d’être abrogé. Depuis trois mois maintenant, une sortie unique dans la semaine m’avait permis jusqu’ici de nous ravitailler en produits dits de « première nécessité », et cela constituait le seul moment où je pouvais un peu me dégourdir les jambes, et croiser mes semblables silencieux, masqués et méconnaissables qui déambulaient dans les rues comme des zombies.

Cette injonction impérative de « rester chez soi » était l’objet de polémiques violentes et ininterrompues  dans les médias et sur les fameux « réseaux sociaux » où les anonymes laissaient libre cours à leurs débauches numériques, pleines de défoulements injurieux et morbides. Des manifestations  d’opposants en mal de défoulement avaient  régulièrement lieu dans les rues des grandes villes, occasionnant des blessés et des arrestations. On déplora même des assassinats parmi les employés de Pôle Emploi,perpétrés par un cadre licencié rendu fou par le chômage. Des étudiants déprimés par la solitude et le travail « en ligne » éreintant, se suicidaient par dizaines. Les Français, comme « 66 millions de procureurs » accusaient  leurs dirigeants d’incurie, face à un phénomène sanitaire interplanétaire inédit dont personne(à part  de « beaux esprits » spécialistes de la polémique et de la contradiction stérile) ne pouvait se vanter de connaître la solution pour le résoudre. La vie quotidienne était réglée par des injonctions venues d’en haut qui étaient fluctuantes et souvent contradictoires, au gré des « facéties » de ce foutu virus décidément très ingénieux et carrément primesautier. 

On pouvait distinguer deux catégories de Français. Les « villotiers » comme les appelait Gaston Couté, et les ruraux. Certains des premiers avaient la chance de posséder une ou plusieurs résidences secondaires en province dans lesquels ils pouvaient se retrancher pour éviter un confinement étouffant. D’autres, les plus nombreux, n’avaient qu’un espace vital très restreint,  où devait s’entasser leurs familles nombreuses peu habituées à vivre ensemble, comme emprisonnées. On déplorait de nombreux drames domestiques où la discorde et la violence prenaient des proportions inédites. Les femmes et les enfants en étaient les premières victimes. Ce phénomène était plus rare dans les petites villes et villages, où la plupart des habitants possédaient un jardin, si minime fût-il, qui permettait de prendre de la distance, de « prendre l’air » et d’admirer la nature. 

C’est ce que j’étais en train de faire en caressant mon chien sur ma terrasse, assis sur un fauteuil en rotin, un verre à la main et un cigare aux lèvres. Je connaissais chaque massif et chaque pierrede mon jardin de rocaille, et je m’émerveillais de la voir se transformer tout au cours de l’année, selon les saisons, en déclinant immuablement ses couleurs du blanc des  Perce-neige,au jaune des Narcisses, au violet des Cyclamen, au bleu des Gentianes jusqu‘à l’explosion  symphonique colorée du printemps. Mon attention fut attirée par la forme inhabituelle des Primevères qui me semblaient beaucoup plus grosses  que d’habitude et dont les couleurs étaient altérées  dans un gris malsain et inquiétant. Les pousses de Tulipes me paraissaient exagérément importantes et grisâtres elles aussi. Je regardais avec stupeur les poissons rouges  de mon bassin sauter en l’air  en faisant des cabrioles dignes de celles que font les cétacés euphoriques en pleine mer. Ils me paraissaient également plus gros en cette sortie d’hiver où ils avaient vécu sous la glace.  Mon chien lui-même avait un comportement que je ne lui connaissais pas, grognant et tournant en rond sur place comme trouver sa place sur un coussin imaginaire.

Très intrigué, j’appelai mon épouse pour lui faire remarquer ces changements inquiétants dans mon habituel et confortable environnement. Elle m’assura qu’elle ne voyait rien de ce que je venais de décrire, et, incommodée par la fumée de mon cigare, elle rentra dans la maison. Le chien la suivit. 

Resté seul sur ma terrasse, je levai les yeux vers le ciel bleu azur juste pollué par un nuage en forme de Coronnavirus qui semblait me défier. Je me rappelai alors que je venais de me faire vacciner, et que mes hallucinations pouvaient être un éventuel effet secondaire non décrit par la Science, que je devrais peut-être signaler, quitte à passer pour un doux illuminé. 

Je n’en ai rien fait, et je vous prends pour seuls confidents, sachant que je n’ai pas de chien !

Prenez soin de vous ! 

Dudu

 


 

La non formulation de vœux (partie 1)

 

 

 

 

Amis, de grâce ne montrons

Pas pour ce nouveau réveillon

Un air revêche

Tant d’années se sont passées

Où nous avons tous essayé

D’être de mèche…

 

J’ai l’honneur fou

De ne pas vous souhaiter l’an neuf

N’exprimons pas

Comme à chaque fois

De nouveaux bluffs

 

Laissons le champs libre aux oiseaux

Nous serons de nouveau prisonniers sur parole

Au diable les optimistes vœux

Et tous ces beaux souhaits heureux 

Qui tous s’envolent

 

J’ai l’honneur fou

De ne pas vous souhaiter l’an neuf

N’exprimons pas

Comme à chaque fois

De nouveaux bluffs 

 

Je me souviens que tout petit

On me disait que dans la nuit

Le Père Noël

Me déposerait des cadeaux 

Des chocolats et des gâteaux 

En ribambelle

 

J’ai l’honneur fou

De ne pas vous souhaiter l’an neuf

N’exprimons pas

Comme à chaque fois

De nouveaux bluffs 

 

Et quand je suis devenu grand

À l’âge où l’on fait un bilan

Un inventaire

J’ai côtoyé bien des humains

Parmi lesquels quelques gens bien 

Et leur contraire

 

De ne pas vous souhaiter l’an neuf

N’exprimons pas

Comme à chaque fois

De nouveaux bluffs 

 

Maintenant je suis en retraite

Je suis pourtant toujours en quête

D’un avenir

Qui serait plus ou moins radieux

Où les hommes seraient heureux

Plein de plaisir

 

 


 

 

La non formulation de vœux (partie 2)

 

 

 

 

J’ai l’honneur fou

De ne pas vous souhaiter l’an neuf

N’exprimons pas

Comme à chaque fois

De nouveaux bluffs 

 

Or cette année qu’est-ce que j’ai vu ?

De la violence plein les rues

Des gilets jaunes

Une pléthore de revendications

Une envie de révolution

Dans l’hexagone                                                                                                                                                                                                                                                                    

 

J’ai l’honneur fou

De ne pas vous souhaiter l’an neuf

N’exprimons pas

Comme à chaque fois

De nouveaux bluffs 

 

On dit ce siècle spirituel

Il est pourtant irrationnel

Et régressif

Voir la montée de l’intégrisme

Et du plus noir obscurantisme

Très agressif

 

J’ai l’honneur fou

De ne pas vous souhaiter l’an neuf

N’exprimons pas

Comme à chaque fois

De nouveaux bluffs 

 

Il ne manquait plus qu’un virus

Pour aggraver le processus

Des avanies

Bouleverser la vie des gens

Les obliger au confinement

Gâcher l’envie

 

J’ai l’honneur fou

De ne pas vous souhaiter l’an neuf

N’exprimons pas

Comme à chaque fois

De nouveaux bluffs 

 

D’avoir souhaité une bonne année

À tous ceux que l’on aimait

Et d’être heureux 

Ça n’a pas vraiment réussi